Initiation à Ouzène

Date
07 décembre 2019

Durée
7 h

Type de sortie
Initiation
Département
Doubs (25)

Massif
Jura

Commune
Montrond le Chateau

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Initiés: Romane N. Kevin G., Vincent P., Grégoire M.

Première sortie spéléo, premières impressions sous terre, premier “trou” comme j’entends les appeler et premières impressions de ce milieu encore inconnu quelques heures plus tôt qui révèleront leur lot de surprises, de découvertes, d’émerveillements et de quelques frayeurs.

Le départ

Temps frais, quelques degrés tout au plus et une petite pluie fine pour se mettre dans l’ambiance. Nous sommes en décembre, le soleil est levé depuis un certain temps déjà, il est vrai que ça a trainé un peu au petit déjeuner mais tout le monde est enthousiaste de cette sortie. Deux courageux aguerris prennent la tête et vont équiper la voie pendant que les petits nouveaux, quatre, dont moi, fraîchement débarqué du milieu de la montagne, tentons de nous débattre avec le matériel et de trouver quelques points de repères sous les conseils avisés des experts qui, sous leurs airs discrets, vérifient soigneusement ce que l’on fait.

Approche en quelques minutes à travers les champs pour finalement arriver à l'entrée. Deux trous béants entourés de barrières de sécurité et la naissance de cordes sur deux entrées pour permettre à deux groupes d’évoluer en parallèle. Deux débutants par groupe entourés de deux expérimentés.

Les dés sont jetés : ce sera le grand trou du fond pour notre groupe. On commence par un briefing sur le matériel et la technique de descente avec le descendeur ainsi que les demi clés et clés ; et on se lance.

La descente

Après quelques mètres de pente douce qui permettent de se familiariser doucement avec le descendeur, un premier relais qui permet de descendre plus en profondeur. Descente lente, pas évident de faire confiance au matériel quand on débute, je tiens fermement la corde pour descendre doucement. La luminosité baisse et les reliefs sombres des parois apparaissent. Un mètre, puis 2, puis 10, cette descente n’en finit pas ! Je suis partagé entre l'appréhension de la descente et l'émerveillement de cet endroit. Une atmosphère de silence ponctuée par les quelques échanges avec mes compagnons de descente et l'écho sourd des cliquetis du matériel sur la descente. On voit encore la lumière du jour tout en haut mais le chemin nous emmène vers le fond, vers l’obscurité et les découvertes que nous ferons bientôt.

Le pied touche terre, un premier passage franchi et la découverte qui se poursuit. Une pente douce puis un passage étroit. Juste un trou dans la roche par lequel il faut passer pour arriver à la salle supérieure, passage court et idéal pour appréhender ce que par la suite j’apprendrais à appeler étroiture. Au bout : une première salle qui montre ses premières concrétions. C’est ici que le groupe, qui s’était recomposé en ce point de passage obligé, prend des chemins parallèles. Le premier groupe partira par la galerie supérieure et le second, dans le puits vers la galerie inférieure.

Notre groupe passe en direct vers la partie inférieure en passant par un nouveau puits de 18 mètres. La descente le long de la paroi est magnifique et la largeur du passage d’environ 50 mètres nous permet de voir loin et d'apprécier la majesté de ce lieu habituellement caché du monde par l’obscurité.

La salle inférieure

Le pied touche terre, nous sommes au fond et nous pouvons observer cette salle majestueuse. Le silence est presque total, les goutes d’eau qui tombent délicatement résonnent doucement dans cet espace coupé du monde, nous observons, émerveillés et respectueux de l’aspect totalement sauvage de ce lieu.

Le silence se fait, les yeux profitent du paysage et le calme du lieu prend des allures de cathédrale. Je me rappelle d’une sensation d’immense bien être dans ce lieu, comme si la terre nous drapait de sa couverture avec bienveillance, que nous accueillons avec humilité. Une force intense émane de ce lieu et nous sommes forcés de l’appréhender avec humilité et respect.

Au fond, une petite cavité. Au sol, une flaque peu profonde et en son centre, une colonne. Les gouttes s’écoulent formant des ondes qui se reflètent grâce aux frontales sur les parois formant un spectacle dansant.

Ce monde caché du monde, contrairement aux apparence, abrite également la vie et nous croisons tour à tour quelques chauves-souris et une petite grenouille. Nous ne sommes que de passage dans ce lieu, tâchons de ne pas les déranger.

Le passage étroit

Nous entamons ensuite la poursuite le long de la salle vers un passage étroit d’environ 20 mètres. Très étroit en fait, à peine la place de passer. Je suis obligé d’utiliser mes jambes, de garder la tête baissée et de me tortiller du mieux que je peux pour avancer lentement à travers ce passage. Je me sens à la fois protégé mais également extrêmement vulnérable dans ce passage et je tente d’oublier ce petit soupçon d’angoisse qui ne demande qu'à s’exprimer. Avançons, la sortie est proche et déjà, j’entrevois les lumières de la frontale en face de moi.

La galerie inférieure

Une longue galerie magnifiquement décorée de concrétions et haute d’environ 10 mètres nous émerveille. La pression retombe, nous sommes arrivés au point le plus bas. Un passage éboulé à escalader puis nous arrivons dans la suite de la galerie, là où nous attendrons le second groupe qui nous rejoindra bientôt. Au fond de la galerie, un boyau permet d’atteindre la fin de la cavité, à travers stalactites et stalagmites que nous essayons de préserver tout en se frayant un passage. Quelques flaques d’eau très pure, filtrée sans doute pendant un temps considérable par la roche nous permet d’admirer les reflets de nos frontales sur les murs avoisinants.

Nous retournons ensuite au lieu de rendez vous mais le second groupe semble éprouver des difficultés

A la rencontre du second groupe

Une pause repas en attendant le second groupe mais celui ci tarde encore à arriver. Nous entendons au loin des conversations, des échanges mais la situation semble plus compliquée que pour nous.

Notre groupe se scinde et je suis l’équipe qui part en arrière à la rencontre du second groupe. Ils auront peut être besoin de matériel et une aide sera peut être la bienvenue. Ne nous mentons pas, j’avais juste envie de continuer à découvrir ces lieux et un petit détour par la partie supérieure me paraissait être une idée lumineuse !

Nous reprenons le passage étroit pour nous rendre à la salle supérieure. Il est nécessaire de remonter le puits de 18m. Une première pour moi et un briefing sur la technique de remontée de corde est bienvenu. Je remonte petit à petit, les bras tirent, les jambes poussent et je suis finalement en haut. Le petit coup de froid de la pause déjeuner a disparu d’un coup et cette cavité ressemble maintenant à une fournaise, mais le temps presse, nous nous dirigeons vers la partie supérieure.

Sans doute le plus beau passage de tout le gouffre. Tout à tout s’enchainent concrétions, puits et ressauts qui nous transportent dans un labyrinthe de roche vers une cheminée. Les passages sont étroits, les pas sont compliqués et la concentration est essentielle.

Nous arrivons finalement en haut de la galerie inférieure mais au final un peu trop tard, le second groupe est redescendu. Finalement, ils n’avaient pas vraiment besoin de matériel mais cette traversée éclair en binôme reste gravée comme le meilleur souvenir de cette première expédition.

La remontée

De nouveau dans la galerie inférieure et ayant désormais un groupe au complet, il est temps de faire le chemin inverse et de repartir, l’ascension réserve encore quelques surprises.

Encore ce passage étroit. C’est maintenant la troisième fois que je passe dans cette section mais la difficulté est toujours là, même si l'appréhension a disparu. Mes compagnons d’aventures suivent avec plus ou moins de grâce, ce qui donne l’occasion de relâcher la pression dans une ambiance particulièrement taquine.

Remontée du puits de 18 mètres, plus simple cette fois, la technique commence à rentrer. Un temps de pause en son centre pour admirer la vue, une dernière fois. Mon dieu que c’est magique, qui eu cru que le cœur de la roche recelait tant de beauté.

Parcours de la salle supérieure, un autre groupe a entamé la descente. Des vieux de la vieille sans doute à en juger par les lampes acétylènes mais l’occasion d’échanger quelques tuyaux et de les dépanner d’un baudrier à la sortie.

Allez courage, dernier puits pour remonter et c’est le jour de nouveau. Une remontée éreintante de 28 mètres et deux passages de déviations pour ne pas fragiliser la corde.

Plus que 10 mètres … Plus que 5. Je suis maintenant quasiment sorti, avec comme dernier obstacle de passer la dernière déviation. Erreur de manip, j’ai cru me simplifier la vie en faisant passer mon bloqueur de bout de longe au-dessus du mousqueton mais je retrouve la corde bloquée et le mousqueton plaqué au mur. Je ne m’en sors pas, je tente des mouvements en avant, en arrière pour me dégager de ce mousqueton mais rien ne bouge. Il m’aura fallu bien 15 minutes et des conseils avisés de Gaëtan pour arriver à m’en sortir, mais en sacrifiant un mousqueton. Je récupère celui dont j’ai brisé le doigt et j’en replace un neuf. Espérons que mes compagnons de cordée seront meilleurs que moi, ce passage m’a épuisé.

La sortie

C’est la sortie, on se déséquipe, et on débrief ! Je crois que cette petite histoire de mousqueton restera dans les annales pendant quelques temps mais cette sortie était tellement magique. Est ce que c’est parce que c'était la première ? L’avenir nous le dira mais c’est surement le début d’une longue série.

Le groupe se reforme, les sourires s’affichent en grand, les histoires fusent et les rires éclatent. Dans la nuit tombée, nous retournons aux voitures avec de belles images plein la tête et le sentiment d’être plus vivants que jamais.

Un grand merci à tous,
Vincent P.

Romane, Grégoire et Kévin ont eux-aussi participé à cette initiation.



Participants

Catherine B. , Jean-Francois B. , Jean-Paul C. , Mathilde K. , Gaëtan P. , Antoine R.

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