Descriptif / Compte-rendu
LAOS 2020
Compte rendu d’activités :
Lundi 24 février 2020 :
Participants première équipe : Louis, José, Sylvain et Marion
Participants seconde équipe : Leny, Yann et Zeus
Traversée du réseau de Tham Houey Yè en ressortant par Tham Luci
TPST 1ere équipe 10h30
TPST 2éme équipe 4h00
Traversée à vocation touristique pour faire connaissance avec de réseau de Houey Yè.
Olivier et Étienne partent de Vientiane à 7h00 pour Vang-Vieng par mini-bus.
Ils rencontrent et font connaissance de la seconde équipe vers 15h00 en attendant la première équipe. Vers 20h toujours personne en vue, la première équipe avait prévenu qu’ils risquaient de sortir tard mais pas au point de louper l’apéro !!! Il est décidé d’attendre 21h et d’aviser.
A 21h, toujours aucune nouvelle de la première équipe, nous décidons de mener une reconnaissance. Lény et Yann partent en moto jusqu’à l’entrée du trou, Olivier et Étienne préparent le matos d’un éventuel secours. A 21h30 toute la première équipe est de retour en moto, très contente de sa traversée.
Mardi 25 février 2020 :
Participants : Louis, Sylvain, Marion, Étienne, Leny et Olivier
Exploration du réseau supérieur ouest de Tham Houey Yè
TPST 9h30
Exploration du réseau supérieur de l'amont de la branche Ouest, au terminus 2019.
Rééquipement de plusieurs passages en fixe pour plus de sécurité. Nous installons des cordes pour facilite la montée très glissante.
En cours de route Leny a plongé le grand siphon en apnée, assuré par une corde. Ça semble descendre encore sous l’eau. Mais le siphon est bien bas pour la saison.
En montant vers le fond Sylvain s'engage dans le boyau soufflant qui nous donnait de bon espoirs de continuation. Malheureusement il aboutit sur une faille impénétrable.
Nous équipons le P20 de la salle du fond et le nommons puits des rasoirs en raison des nombreuses lames de roches qui ornent ses parois et chatouillent les cordes. En bas, nous prenons pied sur un chaos de gros blocs, en-dessous desquels le puits semble se prolonger. Dans un angle un départ mène vite à un P6. Il débouche dans une galerie descendante, explorée sur quelques dizaines de mètres ; arrêt sur colmatage argileux dans une petite salle. Il y aurait une possible continuation par une galerie annexe, mais pas de courant d'air. La direction générale est nord-nord ouest, dans le prolongement de la galerie d'accès. Première première de l'expédition...
Nous avons mis 4h00 à l’aller pour rejoindre la zone de travail et 1h00 de marche d’approche pour aller à l’entrée du réseau depuis le Guest House, autant pour le retour sauf pour Leny et Olivier qui ont bénéficié d’un taxi-moto grâce à nos amis de l’EEGC venus passer quelques jours avec nous.
Mercredi 26 février 2020 :
Journée de repos = massages, achat de cacahuètes pour l’énergie sous terre et d’un marteau. Nettoyage des picots des bloqueurs mécaniques noyés dans la boue.
Jeudi 27 février 2020 :
Participants première équipe : José et Olivier
Participants seconde équipe : Louis, Etienne, Marion et Sylvain
TPST : 9h (location de vélo pour la marche d’approche permettant d’optimiser notre temps moins de 30min. contre 1h de marche).
Première équipe : exploration de la grotte Fanta (appelée aussi « petit trou de José ») repérée l’année précédente par José. Escalade de 5m pour accéder à l’entrée en flanc de falaise. Galerie principale obstruée par un bouchon de concrétions mais avec une suite visite. Essais de désobstruction à la massette et au burin = infructueux, il faut revenir avec un perfo. Galerie annexe également obstruée par du concrétionnement. Grotte à revoir avec un jeune et maigre.
Coordonnées : 18,915146 – 102,442036
Développement estimé 15 M
Seconde équipe :
Malgré le départ prématuré de Louis pour cause de lampe défectueuse à l’entrée de la grotte, Étienne, Sylvain et Marion se hâtent pour la poursuite de l’exploration du réseau supérieur amont de la branche Ouest par une escalade en artif afin de tenter d’accéder aux réseaux supérieurs.
Arrivés vers 12h30 en bas de l’escalade, nous décidons de manger avant d’attaquer la bête.
Les deux premiers trous sont percés par Marion (ses premiers) avec pour instructeur Étienne. Sylvain reprendra la suite à pas de chat pour poser les points jusqu’en haut de l’escalade d’environ 60m sur plan incliné avec fort remplissage d’argile meuble.
En haut, arrivée sur une première petite salle. L’exploration se poursuit avec la remontée d’une petite coulée de calcite menant à une seconde petite salle avec au plafond un beau chandelier couvert d’excentriques. Suite de l’exploration au fond de la salle, menant sur galerie avec une magnifique coulée de calcite et concrétions. La suite semble continuer sur plusieurs dizaines de mètres vers le bas. L’installation d’une nouvelle corde sera nécessaire pour sécuriser la descente et éviter de salir les coulées blanches de calcite.
Il semble également possible de remonter cette galerie plusieurs dizaine de mètres vers le haut.
Une chauve-souris est aperçue…
A 15h30, nous décidons de rebrousser chemin pour ne pas manquer l’apéro. Nous profitons de la redescente pour parfaire l’équipement en fixe de la partie escaladée.
Vivement la suite !
Vendredi 28 février 2020 :
José, Olivier, Louis, Étienne, Marion et Sylvain
TPST : 1h30
Nous décidons de retourner au trou Fanta (alias le petit trou de José) afin de franchir l’étroiture avec un ou une maigre pour voir si une continuation est possible. Marion se lance, après avoir enlevé son baudrier elle franchit l’étroiture sans difficulté et disparaît dans les entrailles du petit trou de José. Elle revient une dizaine de minutes plus tard avec de bonnes nouvelles : après un petit ramping il y a une belle salle d’où de nombreux départs de galeries semblent partir. Une chauve-souris est aperçue… ainsi que trois belles araignées de la taille de la main (heteropoda maxima) gardant une belle galerie horizontale. Une séance de désobstruction est donc engagée à coup de perfo, massette et burin avec Étienne, Marion et Louis pendant que José, Olivier et Sylvain partent faire de la prospection aux alentours de la grotte.
Après de multiple effort à l’huile de coude, le trou est agrandi de quelques centimètres, Sylvain a pu s’y faufiler, Étienne reste toujours bloqué aux épaules. Il est décidé de trouver un burin pour perfo afin d’attaquer le trou de José avec du matériel plus lourd.
L’après-midi, nous partons au marché local, des burins pour perfo sont trouvés et négociés au prix de 45 000Kips ! Sur le trajet nous perdrons Étienne le temps d’un massage… l’addiction est proche !
Samedi 29 février 2020 :
Participants première équipe : José et Olivier
TPST 5h00
Participants seconde équipe : Louis, Étienne, Marion et Sylvain
TPST : 10h30 (location de vélo pour la marche d’approche permettant d’optimiser notre temps moins de 30min. contre 1h de marche).
Première équipe : Retour dans une grotte repérée la veille pour désobstruer un boyau remontant avec un très fort courant d’air. Après plus de 4 heures de travail acharné, Olivier réussi à passer l’étroiture qui débouche sur un méandre fossile recoupé en deux par un plancher stalagmitique. La partie inférieure se termine rapidement par un colmatage argileux. La partie supérieure est obstruée par une draperie de calcite qu’Olivier doit casser à la massette pour pouvoir continuer à progresser. Arrêt sur rétrécissement du méandre par un concrétionnement trop important : à revoir avec des maigres. Une galerie affluente du méandre se termine également par un colmatage de calcite sans aucun espoir de continuation. Développement total exploré en première estimé à 20 m en additionnant les galeries supérieures et inférieures.
Seconde équipe :
Poursuite de l’exploration du réseau supérieur de Tham Houey Yè. Dans l’amont de la branche ouest nous poursuivons l’exploration des réseau découverts l’avant-veille. La grande coulée de calcite continue de descendre vers le sud-est. Nous progressons en chaussette pour ne pas salir les cristaux scintillants. Nous trouvons rapidement des traces de pas bien boueuses tachant la belle coulée, quelqu’un est venu mais d’où ? la descente aboutit dans une grande salle. Arrêt au bord d’un grand vide, devant un lac suspendu.
Nous remontons explorer la partie supérieure de la coulée, en haut c’est très boueux puis ça redescend et devient très bas. Marion et Louis entreprennent la topographie. Sylvain et Étienne explorent des diverticules sans suite. Les mystérieuses traces de pas proviennent d’une galerie basse et très boueuse. D’après la direction la coulée aboutirait au-dessus du lac perché exploré en 2002, on aurait donc juste fait une boucle pour revenir vers l’entrée. Sylvain découvre aussi les joies de la topographie. Il a aussi désobstrué le haut de la coulée et découvert une suite : après un petit ressaut de 3m, une lucarne est agrandie et coupe une galerie orientée SE-NO. Coté ouest, après quelques dizaines de mètres de montée, un ressaut descendant de 4-5m semble mener à la suite de la galerie qui semble désormais descendre et prendre un virage sur la droite à presque 180 degrés. Coté est, la galerie descend en pente douce. Arrêt après plusieurs dizaines de mètres de progression facile : le sol devenant glissant, le risque de ne pas pouvoir remonter était grand. Un méandre terreux dans la galerie en face de la lucarne n’a également pas été exploré.
Dimanche 1er mars 2020 :
Participants : Louis, Sylvain, Marion, Étienne, José et Olivier
TPST = 5h00
Poursuite de la désobstruction de l’étroiture du petit trou de José alias trou Fanta. Pendant ce temps, deux maigres, Sylvain et Marion franchissent l’étroiture avant qu’Étienne ne l’attaque au marteau piqueur et entreprennent de réaliser la topographie de la cavité. Après deux heures d’un dur labeur, seul Étienne parvient à franchir également l’étroiture défendant l’accès de la grotte, les trois autres marquant leur refus devant l’obstacle. Les estomacs criant famine, nous mettons fin aux séances conjointes de topographie et de désobstruction et quittons la cavité après avoir déséquipé l’escalade d’entrée.
Nous décidons, malgré les appels incessants des ventres vides, de jeter un coup d’œil au trou désobstrué la veille par José et Olivier, situé une vingtaine de mètres en contrebas du trou précédent. Après avoir franchi l’étroiture, Marion et Sylvain reconnaissent aussitôt un point topo qu’ils viennent de laisser dans la précédente grotte lors de sa topographie : la jonction est faite entre les deux cavités !
Ils rentrent l’estomac vide mais la tête dans les nuages.
Lundi 2 mars 2020 :
Participants première équipe : Marion, José et Olivier
TPST 4h00
Participants seconde équipe : Louis, Étienne et Sylvain
TPST : 9h00 (location de vélo pour la marche d’approche permettant d’optimiser notre temps moins de 30min. contre 1h de marche).
Première équipe : Retour dans la grotte du petit trou de José, mais par l’entrée inférieure du gros trou d’Olivier.
José découvre enfin son trou mais par la voie boueuse et étroite ! Homme comblé.
Marion prend les rennes de cette explo et décide de désobstruer un passage bas à proximité de la grande salle présentant un fort courant d’air. Elle réussit à forcer toute seule, sous les encouragements de José, cette étroiture et débouche dans une nouvelle grande salle d’où partent à nouveau plusieurs galeries avec toujours cette morphologie labyrinthique. Seul un boyau semble prometteur et présente à nouveau un courant d’air : Marion s’acharne avec la binette mais ne parvient pas à forcer cette nouvelle étroiture.
Pendant ce temps Olivier, en solo, équipe un puits en diaclase partant de la grande salle à l’opposé du boyau de Marion. Arrêt sur corde trop courte : il manque cinq mètres pour arriver en bas du puits estimé à 20 m.
Seconde équipe :
Poursuite de l’exploration du réseau supérieur de Tham Houey Yè.
Matin difficile avec un départ retardé par une lampe perdue (puis retrouvée) et une pseudo tourista pour Étienne qui fera demi-tour en vélo (chochotte 😉).
Seuls Louis et Sylvain prendront le chemin de la grotte : direction le fond de la branche ouest. En l’absence d’Étienne on se contentera de topographier. Le fond est atteint en moins de deux heures, on commence à s’habituer au parcours. Nous allons d’abord dans la dernière salle pour enlever la corde du P20. Les deux derniers petits ressauts sont bien pénibles pour leurs quelques mètres et bien boueux. Ensuite nous entreprenons la topographie de l’escalade pour faire la jonction avec la grande coulée. Cela devrait permettre de situer ces galeries par rapport au plan d’ensemble. Enfin nous enlevons nos chaussures pour descendre la coulée jusqu’au point 8 pour topographier la galerie d’où proviennent ces mystérieuses traces de pas. Le début est très bas, il faut ramper quelques mètres avant de ressortir dans une salle inclinée au sol alternant coulées de calcite et pentes d’argile. Nous cherchons un passage vers le haut en escaladant des pentes glissantes, mais ça queute. C’est un cairn qui nous indique la direction du passage emprunté par notre prédécesseur. Un passage bas arrive au sommet d’une tube incliné. Un numéro est inscrit sur la paroi, un point topo? Les traces montrent que plusieurs personnes sont venues jusqu’ici, une seule a franchi le passage bas pour poser ses pattes sales sur la belle coulée scintillante.
Des renseignements pris au retour m'ont révélé que le coupable faisait partie de l’expédition 2016. Il est venu depuis un passage aboutissant dans la grande salle ébouleuse inclinée située sur la droite après la montée.
Au retour nous allons voir le grand siphon ; il a baissé de quelques dizaines de centimètres mais ne passe pas encore.
Mardi 3 mars 2020 :
Participants : Marion, Sylvain, Louis, Étienne, José et Olivier
Nous sommes partis en tuk-tuk dans le nord de la ville, pour aller découvrir le poljé. Arrivée au départ de la randonnée, nous traversons un pont suspendu qui donnait dans un joli jardin d’une résidence. Malheureusement, ce beau jardin était entouré de grillage et de barbelé. Louis grimpe scabreusement sur un arbre. Étienne, Marion et Sylvain trouvent un passage plus facile. José et Oliver font le tour. Nous traversons plusieurs champs et nous étonnons que certains légumes arrivent à pousser avec si peu d’eau. Après 1h30 de marche, nous arrivons à la grotte qui permet d’arriver au poljé. Casque, lampe et gant à poste, nous entrons dans le gouffre par une échelle en bambou. La sortie fut plus difficile, car Marion s’est amusé à casser les échelons…
Nous prenons 30 minutes pour admirer le poljé. Nous constatons une belle tyrolienne équipée en fixe, mais surtout quelques porches dans la falaise qui promettent d’éventuelles entrées de grottes. Point GPS relevé pour de futur prospection…
Sur le chemin du retour, Etienne et José sentent un courant d’air frais, après une petite prospection, l’air vient d’un amas de rocher impénétrable, ce sera pour la prochaine fois.
Mercredi 4 mars 2020 :
Participants : Louis, Étienne et Olivier
TPST : 6h00
Après avoir dit au revoir à Marion et Sylvain nous partons en bicyclette vers Tham Houey Yè, traverser le fameux lac. Olivier à eu la malchance d’avoir un vélo avec plusieurs « petits » problèmes, résigné il finira à pied.
Nous arrivons à bon port, entamons le réseau Est jusqu’au lac, le trajet devrait nous prendre 2h.
2h30 plus tard nous entrons dans la salle du lac prêt à gonfler les bouées pour cette traversée tant attendue. Surprise le lac est presque à sec et se trouve une dizaine de mètre plus bas. Les bouées nous servirons donc à rien. Étienne pose deux points et descend jusqu’au lac et découvre un puits de l’autre coté qu’il faudrait escalader. Il remonte tant bien que mal et décide de longer la salle en contournant le lac. La pose d’une main courante permettra de circuler plus facilement dans cette salle. Étienne récupère le perfo, quelques plaquettes et longe la paroi boueuse pour atteindre un rocher en face à quelques mètres. Les marches dans la boue ne tiennent pas et c’est la glissade, Étienne glisse sur plusieurs mètre puis chute de 2m sur la partie boueuse de la descente avant le combo corde, poignet et grande longe fasse sont effet et le stoppe en plein de milieu du puits.
BOUM
Je check :
- la tête, le casque un peu de travers, la lampe a sauté du bandeau, je suis orienté espace-temps, Ok ;
- une lèvre saigne un peu, j'ai dû me prendre le perfo, pas grand-chose.
- Le dos, RAS ;
- Le torse, abdomen, RAS ;
- Membre sup, un peu mal au coude droit, une égratignure, OK
- Membre Inf, RAS
Ouf, une belle chute peu de dégât.
Je prends 5 minutes le temps de reprendre mes esprits et je remonte.
Comme il ne faut pas s’arrêter, sur un échec Étienne repart équiper cette main courante.
2eme méthode, descendeur, balancier et escalader le rocher. Échec le balancier ne suffit pas à attraper ce *** de rocher.
3eme méthode, la pose de points intermédiaires, arrivé au 3eme point, Étienne remarque des traces de pas venant de derrière le rocher. Louis part en reconnaissance, un chemin alternatif moins périlleux permet d’atteindre le rocher mais une corde est nécessaire.
Étienne déséquipe son début de main courante. Puis des douleurs aux cotes se présentent. Nous décidons de rentrer. Il est 2h30
17h tout le monde dehors, Étienne récupère le vélo d’Olivier et décide de combattre la bête.
Par ailleurs au plafond derrière le lac disparu on voit une ouverture, d'après la topo ce serait la base d'un puits découvert en 2018 dans le réseau supérieur. Un passage par là est peut-être aussi possible.
Jeudi 5 mars 2020 :
Participants : Louis, José, Étienne et Olivier
TPST : 6h00
Retour au petit trou de José en passant par le gros trou d’Olivier. Nous avions deux objectifs : descendre le puits s’ouvrant dans la première grande salle et franchir l’étroiture donnant accès à la seconde grande salle. Étienne termine l’équipement du puits et le descends en premier : malheureusement, cette suspension dans le baudrier réveille les douleurs provoquées par la chute de la vieille et la machine de guerre s’enraye. Louis et Olivier finissent d’explorer les deux départs en bas du puits qui sont tous deux colmatés et ne laissent espérer aucune suite. Étienne décide de sortir du trou, la suspension dans son baudrier lui ayant permis de prendre conscience que sa chute de la vieille n’était peut-être pas si anodine. Olivier décide de le raccompagner jusqu’au camp de base malgré ses récriminations : la règle s’applique même aux machines de guerre. Étienne et Olivier abandonnent donc Louis et José à leur séance de désobstruction de l’étroiture dont pourtant Marion n’avait fait qu’une bouchée. Mais José et Louis ayant une musculature abdominale nettement plus développée, il faut donc encore élargir. Grâce au perforateur et aux burins maniés de main de maître par José, le passage est alésé énergiquement. Louis arrive presque à passer… Nous attaquons par un autre côté, une lucarne dans la calcite laisse voir la suite. Après avoir vidé les deux accus, il n’y a plus qu’à revenir alors qu’il ne reste que quelques centimètres à casser pour mettre les chatières au calibre voulu. Avant de ressortir nous photographions nos amies les heteropoda maxima. *
Vendredi 6 mars 2020 :
Participants : Louis, José et Olivier
TPST : 4h00 (hors bouclage topo extérieur)
Retour au petit trou de José, au gros trou d’Olivier et au trou du milieu. Réalisation de la topographie des trois trous (« de l’étroit trou ») avec rattachement par l’extérieur des trois entrée et bouclage entre le petit trou de José et le gros trou d’Olivier. Nous avons gardé la topographie de la grande salle et la désobstruction de l’étroiture de Marion pour la suite. Pendant que Louis et Olivier topographiaient le gros trou d’Olivier, José s’est attaqué à la première étroiture du gros trou en mode marteau piqueur et nous a ouvert un véritable boulevard. Le bouclage est réalisé avec seulement trois mètres d’erreur au niveau de la chatière du trou de José.
Samedi 7 mars 2020 :
Participants : Louis, José et Olivier
Prospection
Nous avons remonté la vallée du Houey Leng (ruisseau sec en lao) jusqu'à la résurgence et nous avons exploré plusieurs entrées en chemin. Nous nous sommes arrêtés à l’entrée de la résurgence sur un équipement en place à la Lao Lao : vague et improbable échelle de bois liée avec des lianes dont la résistance semblait plus qu’aléatoire. Louis a néanmoins osé utiliser cette échelle malgré nos récriminations véhémentes. Il a du faire demi-tour devant une vasque putride et puante qu’il ne pouvait pas franchir à pied sec. Sur le chemin du retour, nous avons croisé un couple de jeunes randonneurs avec qui nous avons engagé la conversation pour finalement réaliser que la jeune femme n’était autre que Maud FAVERJON, fille de Marc, spéléo avec qui nous avons fait des expéditions dans les années 80 sur le massif du Marguareis.
Tout au long du chemin, nous avons exploré cinq entrées qui n’ont laissée présager aucune suite. L’une d’elle a donné lieu à une traversée qui fut fatale pour le pantalon d’Olivier.
Pour finir notre après-midi, nous avons exploré la grotte touristique de Tham Khan dont le gardien n’a pas donné le moindre signe de vie. Alors que nous voulions aller dans la partie non-touristique, nous avons buté sur une piscine vide aménagée dans la cavité et obturant le passage vers la suite du réseau.
Dimanche 8 mars 2020 :
Participants : Louis, José et Olivier
TPST 8h00
Retour à notre classique : le petit trou de José en passant par le gros trou d’Olivier. Pendant que Louis et Olivier s’attaquaient à la topographie restante de la cavité, José est passé en mode marteau piqueur et a attaqué l’étroiture de Marion que nul autre n’avait vaincu. Le temps de finir la topographie des parties accessibles, José avait eu raison de l’étroiture et nous avons pu la franchir pour achever la topographie du « réseau ». La suite entrevue par Marion ne nous a pas parue pouvoir aboutir dans un délai raisonnable et nous avons donc fait demi-tour, préférant laisser à Marion le soin de poursuivre son exploration l’année prochaine. Il reste aussi un puits à descendre, d'environ quatre mètres.
Dans la grande salle nous découvrons un foyer avec des charbons, des restes de dents d’animaux et des os. Le sol a été aménagé avec des rangées de pierres, des marches et des sièges de pierre disposés autour d’un bloc qui faisait peut-être office de table. Il s’agit selon toute vraisemblance d’une installation cultuelle ou votive, comme disent les archéologues quand ils ne comprennent pas quelque chose. Des anciens seraient venu faire la fête bien tranquilles au fond de ce trou.
Lundi 9 mars 2020 :
Participants : Louis, José et Olivier
TPST 3h00
Nous partons vers la Nam Ka souterraine, la principale résurgence des karsts de Vang Vieng, à 7 kilomètres à l’ouest de la ville. Le touk-touk nous dépose au Blue Lagoon n°1, grande foire à touristes. Nous commençons à grimper les éboulis pour atteindre la rivière souterraine qui s’ouvre juste derrière quand un garde nous rattrape et dit que c’est interdit. Il a un fusil ; on ne discute pas !
Changement de tactique, on reprend le touk-touk pour contourner la montagne et rejoindre la rivière souterraine par la perte d’un affluent. On s’engage dans la jungle par des petits sentiers escarpés, obstrués de lianes. Nous rejoignons l’affluent et le descendons jusqu’à sa perte où il conflue avec la Nam Ka souterraine. En chemin nous rencontrons deux chasseurs qui posent des pièges à glu pour capturer les oiseaux.
José préfère rester dehors ; Olivier et Louis étrennent les bouées. Une fois gonflées, les kits sont posés dessus et on les pousse en nageant. Ils rejoignent le cours principal de la Nam Ka souterraine en passant sous quelques passages bas, et atteignent un grand effondrement ouvert au jour. En escaladant les éboulis on atteint un puits entre les blocs, censé nous donner l’accès à un amont inconnu. Olivier plante un goujon, puis on convient que ce puits à l’air bien délicat à équiper avec ses arêtes tranchantes et ses blocs instables et qu’il vaut mieux remettre son exploration à une autre fois, avec une équipe plus nombreuse. Nous redescendons dans la rivière, ré-embarquons, et en explorant un bief pas vu à l’aller nous voyons l’ouverture de notre puits par en-dessous ! La descente dudit puits était de toutes façons inutile…
Cette branche ne figurait pas sur notre topo.
Ce bief est obstrué par l’éboulis, Louis grimpe et trouve une chatière entre voûte et comblement qui souffle puissamment. Le passage vers l’amont est (peut-être) là . Seul problème, la chatière n’a que dix centimètres de large. Quelques travaux à prévoir.
Nous retournons au touk-touk qui nous attends et entamons la chasse au José introuvable. Finalement il refait apparition à l’heure convenue, après être allé visiter une grotte touristique se trouvant à 300 mètres au-dessus de la plaine.
Mardi 10 mars 2020 :
Participants : Louis, José et Olivier
TPST 1h00
Matin : en cherchant une façon plus simple et moins fatigante que la marche à pied pour atteindre le poljé, nous avons eu l’idée de demander à notre loueur habituel s’il ne pouvait pas nous y emmener en buggy. Devant sa réponse affirmative, nous avons aussitôt décidé d’affréter un buggy quatre places pour aller faire un tour sur le poljé et vérifier l’accès au poljé supérieur. Malheureusement, après avoir réussi à franchir la rivière à gué, le chauffeur a renoncé à monter la route du col donnant sur le poljé et nous a abandonnés en bas de la pente. Nous avons donc dû franchir le col à pied pour pouvoir atteindre le poljé. Une fois notre objectif atteint, Louis et Olivier sont allé reconnaître le chemin conduisant au poljé perché sur quelques centaines de mètres. Alors qu’ils étaient sur le point de faire demi-tour, ils ont aperçu un porche d’entrée sur la rive opposée de la rivière et ont aussitôt décidé d’essayer de l’atteindre. Après plus d’une demi-heure de progression dans une jungle mal domestiquée, ils se sont retrouvés au pied d’une barre rocheuse, bien en deçà du porche entraperçu. L’heure de retrouver José étant déjà atteinte, ils ont dû rebrousser chemin pour rejoindre José qui folâtrait sur le poljé. Aussi, nous nous en sommes retourné et avons rejoint ensemble le point de rendez-vous avec le buggy, au pied du col.
Après-midi : face à la chaleur accablante et aux engagements pris devant Marion, nous avons pris le chemin de la résurgence de Tham Chang avec nos bouées dans nos sacs. Arrivés devant la source, nous apercevons toute une bande de tout jeunes bonzes en train de s’ébattre dans l’eau. Ceux-ci nous invitent à les suivre et nous repoussons leurs propositions, soucieux de nous équiper avant de nous mettre à l’eau. Notre équipement a consisté à gonfler nos bouées de plage, à nous mettre en slip et à chausser nos casques. Ainsi vêtus, nous nous sommes mis à l’eau et avons barboté au plus loin de nos possibilités. Nous nous sommes arrêtés sur le siphon de la rivière principale et sur un affluent qui ne pouvait être franchi qu’à quatre pattes mais dont la roche acérée aurait vite eu raison de nos bouées. En ressortant, nous avons connu un certain succès avec une nouvelle équipe de moinillons venue faire ses ablutions.
Mercredi 11 mars 2020 :
Participants : Louis, José et Olivier
Journée de prospection
Nous avons décidé d’aller faire un tour sur le poljé afin de faire un peu de prospection sur les amonts du réseau de Tham Houey Yé. Après nous être fait déposer devant le nouveau pont en bois, nous entreprenons une nouvelle fois l’ascension du col donnant accès au poljé, puis nous suivons la nouvelle piste jusqu’à la ferme située au bord d’un lac artificiel destiné à l’élevage des bovidés. Après avoir traversé une grande étendue herbeuse aux allures de green de golf, nous retrouvons une piste récente qui longe le fond du poljé. Elle croise des lits de ruisseaux qui se dirigent vers des pertes. Nous explorons deux d’entre elles, la première aboutit après quelques passages étroits à un chaos de blocs bien lavés par les eaux de saison des pluies, un passage descendant reste à explorer et en paroi un fort courant d’air provient d’un trou de 10X20cm. La seconde perte est obstruée par des gros blocs, mais en grimpant au-dessus on trouve un grand porche avec des concrétions anciennes. Un fort courant d’air nous donne de bonnes espérances…. mais il vient d’une entrée supérieure.
Nous sommes ici tout près des amonts de Tham Houey Yè et Tham Nang Oua mais les comblements et les immenses chaos de blocs empêchent toujours de passer.
En continuant le tour du poljé nous trouvons le départ du circuit qui rejoint le lit du Houey Leng. Un peu plus loin un grand entonnoir de soutirage 10 mètres de large sur 5 à 6 de profondeur s’ouvre en bas du versant. Derrière l’entonnoir nous explorons une galerie avec un bon courant d’air mais elle ressort à l’extérieur au bout de quelques dizaines de mètres. La galerie se poursuit et s’enfonce à nouveau dans le massif, ça souffle et il y a des traces d’écoulements, à revoir.
Nous finissons le tour du poljé et rejoignons la piste du col sous une chaleur accablante avant d’attendre le touk-touk de retour au bord de la Nam Song.
 
Jeudi 12 mars 2020 :
Participants : Louis, José et Olivier
Journée de mise au propre des topographies et de repos
Mise au propre de la topographie du petit trou de José, du trou du milieu et du gros trou d’Olivier sur le logiciel Visual Topo. Contrôle de l’ensemble des données et bouclage entre les entrées, puis bouclage des méandres de la Salle des Heteropoda Maxima. Les premiers calculs donnaient des résultats assez fantaisistes. Après avoir beaucoup cogité et médité autour de quelques bières lao, nous apportons quelques judicieuses corrections et obtenons un beau plan qui ne demande plus que son habillage. Le développement doit bien frôler les deux cents mètres et la dénivellation dépasse les trente mètres (290 m et 26 m une fois la topo terminée).
Vendredi 13 mars 2020 :
Participants : Louis, José et Olivier
Visite de la grotte de Tham Bo Kèo. Nous occupons la matinée en allant visiter cette grotte située à deux kilomètres à l’ouest de Vang Vieng sous les falaises du massif du Pha Boua. Le porche d’entrée recoupe une rivière souterraine. Un barrage forme un joli petit lac aux eaux claires où l’équipe se baigne pour se rafraîchir et déguste quelques bananes cueillies dans le champ voisin. Auparavant nous avions visité l‘étage supérieur de la grotte, sommairement aménagé pour les touristes.
De retour à la guest house nous entrons les données relevées dans les amonts de la branche ouest de Tham Houey Yè. Le résultat confirme que le lac vu en bas de la grande coulée est bien celui atteint depuis le bas par l’équipe de 2002. La boucle se referme presque parfaitement !
Le dénivelé des nouveaux réseaux dépasse les 70 mètres.
Samedi 14 mars 2020 :
Participants : Louis et José
Départ d’Olivier.
Dimanche 15 mars 2020 :
Participants : Louis et José
Journée de prospection dans le poljé supérieur de la Nam Thèm .
Nous nous faisons déposer le matin en touk-touk devant la passerelle qui franchit la Nam Song devant le poljé. L'objectif est d'atteindre le poljé supérieur, vers 900 mètres d'altitude. Il n'a pour l'instant été vu brièvement par des collègues spéléos qu'une seule fois il y a onze ans. Le sentier est marqué de rubalises. Nous attaquons la montée sous un temps assez couvert, il ne fait heureusement pas trop chaud. Mais il faut grimper de près de 700 mètres et c'est raide, très raide ! Les deux excursionnistes se séparent, Louis prenant les devants. Il prend une bifurcation à droite et vers midi atteint le col. De l'autre côté s'étend le poljé supérieur, un terrain parfaitement plat couvert de galets. La végétation dense empêche d'avoir une vue d'ensemble de ce poljé qui mesure environ 500 mètres de long sur 200 à 300 de large. Trois lits de rivières à sec en cette saison traversent le poljé et disparaissent côté est, sous la crête calcaire, à travers des chaos de gros blocs. Il souffle un fort courant d'air frais. Les cours d'eau souterrains doivent rejoindre la plaine de la Nam Song, ce qui fait un beau potentiel en dénivellation.
Étant donné la difficulté de la montée et l'éloignement, les explorations sur le poljé supérieur impliqueront un bivouac sur place.
En redescendant Louis retrouve José qui lui avait pris le chemin de gauche en direction de la grande cascade. Retour à la nuit tombante, pleins de courbatures mais heureux de cette prospection prometteuse.
Ce sera la dernière prospection pour cette année ; les jours suivants après une baignade dans la résurgence pour laver nos affaires nous offrons nos médicaments à l’hôpital local et déposons du matériel à la guest house pour l'année prochaine (il faudra rapporter du bon vin français pour nos hôtes). Après quoi il faut quand même entreprendre un voyage mouvementé pour retrouver la France confinée.
Participants :
Sylvain L (ABIMES), Marion M (USAN), Louis R (SCP), José L (SCP), Etienne B (CAF Marseille), Olivier L (CAF Marseille)