Descriptif / Compte-rendu
Sortie ABIMES – 3 & 4 octobre 2020
Combe Aux PrĂŞtres / Grotte des Cavottes
Suite à un début un peu difficile pour aller faire ce week-end à cause entre autres de problèmes pour trouver assez de voitures et cette capricieuse météo pluvieuse qui a bien décidé de mettre nos plans en vrac, le départ est finalement donné vendredi pour cette première vraie sortie de l’année.
Nous sommes tous partis de Paris soit en train soit en voiture, sauf Véronique qui est partie de Lyon pour aller directement en Côte d’Or dans la grande maison de ses parents, près de Poncey-sur-l’Ignon, qui sera notre gîte royal pour le weekend (merci encore Véronique !).
Après quelques heures de route nous voilà tous réunis chez Véronique, vers 21h30 pour les premiers et 23h00 pour les derniers arrivants. La maison aux airs de mini labyrinthe est super accueillante, bien que pas chauffée. On ne va pas se plaindre quand même ?! Un petit combo pull polaire+chaussettes chaudes et hop, on est repartis comme en 40. Disons que ça nous prépare gentiment aux températures des cavités qu’on explorera ce weekend.
Mauvaise nouvelle à peine arrivés, Clément regarde sur son téléphone le niveau d'eau mesuré par la sonde de la Combes aux Prêtres. Vendredi soir, il arrivait déjà à 75cm de haut, rendant le site impraticable et nous contraignant à annuler la visite des Combes prévue samedi. En même temps, avec ce qu’il a plu sur toute la route depuis Paris, on s’était progressivement préparés psychologiquement à ce chamboulement de programme. Le weekend n’est pas fichu pour autant puisque Clément nous trouve rapidement un plan B pour aller aux Cavottes dans le Doubs. Une grotte qui fait apparemment partie des grands classiques de l’initiation en Franche-Comté. Un plan B qui se situe en revanche à 1h40 de route ! Notre motivation est intacte, mais le réveil bien matinal le sera sûrement un peu moins pour certains…
En attendant, on termine la soirée en préparant les kits de cordes pour la journée de samedi. Clément prend le temps de nous expliquer dans les grandes lignes l’importance de « l’enkitage », le choix des cordes à emporter en fonction de la topographie de la cavité et de la longueur de progression prévue au sein de cette dernière. Il nous montre les nœuds basiques pour préparer les cordes, les lover puis les ranger dans un ordre logique dans chaque kit pour faciliter l’équipement des voies une fois sur place. Une fois la démo faite et suivie avec attention, c’est à nous de jouer. Moment de préparation sympa qui nous responsabilise un peu sur la sortie de demain, (si ca merde à l’installation, on saura qui sont les fautifs :-P).
Le lendemain, réveil à 6h30 (ça pique bien, on a dormi à peine 6h) pour prendre un frugal petit-déjeuner puis départ général vers 8h30 direction Montrond-le-Château dans le Doubs. Après environ 1h40 de trajet, nous voici arrivés devant la doline des Cavottes. Une fois sur place on constate que nous ne sommes pas les seuls à avoir pris cette grotte comme plan B. Un autre club était déjà arrivé et prêt à descendre. Quand on disait « grand classique » de la spéléo dans la région, on tape dans le mille. La fréquentation des Cavottes ce samedi sera plutôt bien active, en mode convivial.
Tout le monde s’équipe, ajuste son matériel et on est enfin parés pour se lancer dans l’aventure, la première vraie expérience spéléo pour certains.
Après une vingtaine de minutes de progression, Arthur et Christian décident de nous offrir une petite mise en bouche dans une petite étroiture secrète, après être partis les premiers pour équiper la descente. Chacun son tour, on se faufile dans ce passage étroit pour faire notre premier petit puits, pour déboucher dans une belle salle où le temps semble s’être arrêté il y a fort longtemps. Arthur joue le guide et nous montre les petits joyaux géologiques de cet endroit : des concrétions discrètes appelées « fleurs de gypse » et des plaques de dessiccation au sol, qu’il faut veiller à ne pas piétiner en raison de la rareté et de la fragilité de la chose.
Une fois remontés un par un de cette salle secrète, nous arrivons dans la salle du chaos où nous décidons de manger avant d’avancer plus en profondeur dans la grotte.
Nous repartons dans une diaclase qui nous mène à un petit réseau que nous prenons à la corde, ensuite viens le faux-pas, bonne expérience pour une main courante qui donne directement sur un autre réseau puis encore un autre qui donne au croisement de la galerie nord/sud.
On décide de bifurquer sur la galerie sud qui débouche sur un P20 plein vide et magnifique. Sensation agréablement grisante à la descente, on en profite. Certains prennent bien le temps de descendre pour savourer chaque mètre de ce puits qui s’élargit au fur et à mesure de l’avancée.
Une fois en bas certains se sont lancés dans l'ascension de la fameuse « boite aux lettres ». Un petit conduit vertical étroit, diablement lisse et sans aucune prise, qui demande de bien toucher sa bille dans les ascensions en opposition. Malgré une bonne grosse quantité d’énergie brûlée en vain, nombreux sont ceux qui auront jeté l’éponge sur ce challenge un peu trop ambitieux. Seul Christian aura eu raison de cette boite aux lettres des enfers, grâce à une technique d’opposition et une volonté digne des Navy Seals. Chapeau l’artiste !
A partir de là , nous nous séparons en deux groupes. Un premier groupe mené par Clément remonte pour visiter le réseau nord et sort en premier tandis que le deuxième groupe (Arthur, Christian, Elise, Romane, Ben et Dimitri) continue d’avancer dans les profondeurs. On descend dans la boîte aux lettres jusqu'à un méandre bien boueux en suivant un petit ruisseau après un deuxième puits de 20m. On est bien contents d'avoir des bottes à ce moment là  ; à chaque pas on s’enfonce toujours plus, jusqu’à arriver par moments à la limite des bottes. On aurait volontiers continué la progression mais il était temps d’entamer la remontée car l’heure avançait, et qu’un charmant trajet retour d’1h40 nous attendait à nouveau. Dommage, on aurait bien aimé voir le lac tout au fond, une prochaine fois peut-être.
Romane s’est portée volontaire pour déséquiper les puits et vires avec l'aide de Christian et Elise. Sur la route de la remontée à la surface, Dimitri a fait une bonne action écologique en descendant dans un trou tellement étroit qu'il était le seul gabarit du groupe à pouvoir y passer, le tout assuré à la corde par Arthur et Christian. Il en a remonté plein de déchets jetés au fond par des spéléologues assez peu soucieux de la préservation du site : tessons de bouteilles de bière, sacs plastiques en folie, gourdes de compotes vides et même batteries de frontales usagées… No comment.
Avant de sortir, le dernier groupe à remonter a eu la chance de pouvoir faire la tyrolienne qui rejoint la salle du chaos, grâce à la poulie amenée par Arthur. Petit moment d’adrénaline appréciable qui aura permis de faire quelques plans sympas avec la GoPro baroudeuse d’Arthur.
La remontée aura aussi permis d’intégrer la technique de la « poignée longée », une manière sécurisante de grimper une petite pente en profitant du blocage de la poignée.
En remontant dans la hâte et la confiance, on aura quand même réussi à se perdre en ratant une bifurcation. Un bon petit détour plié en deux dont nos genoux se souviennent encore. Une fois à nouveau à l’extérieur, Dame Nature nous accueille avec une bonne grosse tempête des familles, bien fraîche. Doux retour à la surface. Pendant que nous nous changeons sous les bourrasques de vent, le premier groupe remonté plus tôt est parti se promener dans le sentier karstique, où il y avait une vue 3D du gouffre de la Belle Louise. Petite sortie improvisée instructive en extérieur.
Une fois tous déséquipés et rhabillés au sec, on reprend la route direction la Côte d’Or pour regagner la maison de Véro. Ça sera 1h40 de route sous une météo bien dégueulasse comme il faut. Pluie bien grasse et généreuse avec des gouttes de la taille d’une prune (non aucune exagération) et des rafales de vent violentes au point de déporter la voiture de sa voie sur l’autoroute à plusieurs reprises. Douce nature.
Proche de l’arrivée à Poncey-sur-l’Ignon, la tempête réservera une dernière surprise en bloquant une route avec un arbre fraichement abattu par le vent des enfers. Une bonne file de voitures à l’arrêt qui commençait déjà à prévenir la gendarmerie, les pompiers, voire l’armée de terre pour se sortir de se traquenard. Mais quand on a un groupe de spéléologues motivés et chargés à bloc de cordes, ça change la donne. Ni une ni deux, en même pas 5min l’arbre était dégagé de la route.
Nous avons ensuite passé une très bonne soirée avec une bonne ambiance, Yann qui est cuisinier nous a concocté un poulet au curry et riz pour le diner. Un plat copieux parfait pour reprendre des forces pour le lendemain. La soirée s’est terminée en vidant la bouteille de champagne que Dimitri avait ramené pour fêter cette première sortie de la saison.
La journée de dimanche aura été moins chargée en exploration que la veille, mais au moins les sites intéressants avaient le mérite d’être « à proximité du campement ». On s'est à nouveau divisés en deux groupes. Un premier groupe est descendu dans le Puits du Soucy. Ça n’aura pas été très long puisque les pluies torrentielles des derniers jours auront fait monter le niveau du puits de près de 10 mètres, rendant la progression impraticable avec nos équipements.
Le second groupe aura tenté sa chance à la Combe-aux-Prêtres jusqu'à la rivière au fond des puits (un P10 d’entrée bien étroit suivi d’un très beau P20). Ce jour là , le niveau d'eau était de 80cm avec un bon courant donc impossible de continuer au-delà . On sera remontés en ayant parcouru seulement une infime partie de la Combe (quand on se penche sur la topo du site, c’est assez impressionnant de voir l’amplitude du réseau).
Le reste de la journée aura été dédié au nettoyage complet et méticuleux du matériel au lavoir de Poncey-sur-l’Ignon. Un passage obligé à chaque expédition car la terre des cavités est particulièrement acide à terme, ce qui n’est jamais très bon pour une corde sur laquelle on va suspendre son âme. Et puis c’est toujours plus agréable de démarrer une nouvelle sortie avec du matériel propre et rutilant. Tout le monde s’y met avec énergie. Une partie du groupe se plonge les pieds dans la rivière pour nettoyer chaque corde utilisée. On commence facile avec les « petites » cordes de 12m histoire de prendre le coup de main… on déchante vite avec la dernière corde de 90m qui prendra un malin plaisir à s’emmêler avec le courant et nous faire perdre un bon quart d’heure à défaire les nœuds qui se forment à chaque passage. Une fois les cordes nettoyées et lovées, tout le reste y passe : mousquetons, plaquettes, baudriers, descendeurs, longes, crolls, poignées, casques, combinaisons, kits. Avec la montagne d’équipement utilisé sur le weekend, ça en fait des coups de brosse à donner ! Ça frotte, ça frotte, jusqu’à bien le sentir dans les bras. Mais à force de patience, on y arrive : plus un gramme de terre sur l’équipement.
Une dernière activité qui réveille bien, entre la fraicheur glacée de la rivière et les bras qui se font lourds au fil du grand nettoyage. Ça aura été néanmoins un moment convivial assez sympa, qui fait partie du package « sortie spéléo Abîmes ».
Les voitures sont chargées, une bonne partie du matériel dans celle de Christian qui passe le déposer au local. On se dit à la revoyure pour une prochaine expédition.
Vivement la prochaine fois, le temps de reposer le corps de cette sortie.
Oh ! Mais dis-donc ! Ça tombe bien ça ! Le weekend prochain on remet ça à Savonnières-en-Perthois !
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
YANN : Super week-end, merci a tous pour le moment passé et la patience, merci au chauffeur, à Véro pour l’hébergement, j'ai adoré les sorties même si pour ma part le fractio de la Combe a pas franchement été une partie de plaisir..., les Cavottes au départ j'étais pas super chaud, j'y suis allé un certain nombre de fois, mais pas de la même manière et pas avec les même buts ! Au final j'ai adoré et le premier P20 est juste terrible avec un départ aussi confort que mon canapé !!
BEN : Malgré le temps qui aura compliqué nos plans de départ et abrégé nos progressions dans les cavités, cette première sortie sous terre était un vrai plaisir. J’étais content de pouvoir appliquer les gestes techniques de manœuvres apprises au Puiselet dans un vrai contexte spéléo. Même si au départ ça a pris du temps, les bons réflexes sont revenus au fil de la progression. Les descentes de grands puits procurent une sensation vraiment géniale. On se sent tout petit et à la fois privilégié d’être là suspendu seul comme un jambon à admirer ces voûtes de concrétions (en plus ça rime).
Mention spéciale aux cadres qui nous expliquent bien posément les choses et nous aident à franchir les passages délicats avec sérénité, c’est très appréciable pour nous autres initiés.
DIMITRI : Mon ressenti, j'ai passĂ© un super week-end avec vous tous, avec une bonne ambiance et dans la sĂ©curitĂ©, merci aux cadres pour tous vos conseils et merci Ă toi VĂ©ronique de nous avoir hĂ©bergĂ©s dans la maison de tes parents. J'ai bien aimĂ© les Cavottes pour ses 2 grands puits de 20 m et la tyrolienne ça donne de bonnes sensations et aussi pour avoir vu des concrĂ©tions qui sont rares Ă voir. J'Ă©tais ravi d'avoir fais votre connaissance Ă tous, ce week-end m'a permis d'ĂŞtre sur que c'est avec votre club que je veux continuer et progresser.Â
JESSICA : Première sortie souterraine, une vraie inauguration. L'expérience sous terre a été plus stressante que prévue mais la beauté des cavités a su parfois dissiper le stress. Expérience à renouveler pour voir si ça me plaît vraiment.