Week-end Aindinois : Grotte de Jujurieux et Gouffre de l’âge de glace (Vaux-Saint-Sulpice)

Date
20 février 2021

Durée
7h - 6h

Type de sortie
Classique
Département
Ain (01)

Massif
Bassin parisien

Commune
Jujurieux

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Participants : Arthur P, Clément P, Romane N

Après une semaine très froide et neigeuse, quel plaisir de voir les températures s’adoucir et un beau soleil ! Mais nous n’en profiterons pas tant que ça car nous irons sous terre, dans l’Ain, Arthur, Clément P et Romane, votre narratrice.

Nous avions envie pour ce week-end de changer de coin, avec des grottes pas trop difficiles et ne craignant pas la crue. Arthur ayant un très bon ami habitant dans l’Ain et prêt à nous héberger, les grottes de Jujurieux et de Vaux-Saint-Sulpice ont été l’objet de notre choix.

Arthur et Clément sont partis de Vanves vendredi matin vers 11h30, après avoir rempli la C3 de matos de spéléo, de kits, de bières et de nourriture. Ils m’ont récupérée sur la route, chez moi à Veneux-les-Sablons, où je m’étais chargée d’acheter les sandwichs pour le pique-nique. Direction Lyon, nous sommes hébergés chez ma cousine pour une nuit. Nous arrivons chez elle très très limite, un peu après 18h (merci les bouchons pour rentrer dans Lyon...), elle nous fait le tour du propriétaire et nous laisse son appartement et son chat pour la soirée. Soirée tranquille, bières sur la terrasse et pâtes au pesto, pendant laquelle Arthur nous fait un briefing de la sortie de demain, la grotte de Jujurieux, topo à l’appui. La progression s’annonce majoritairement horizontale (voire très horizontale car du ramping, des chatières et des boites aux lettres se trouveront sur notre trajet). Arthur a déjà fait cette cavité, mais ses souvenirs sont flous pour cause d’une gueule de bois carabinée... Ce n’est que partie remise !

Le lendemain, nous partons tôt car une heure de route nous sépare de notre destination. Nous garons la voiture pas trop loin de la route, au niveau d’une ancienne carrière au pied d’une petite colline. Comme souvent, nous nous équipons à la voiture, et nous gravissons, tout cliquetants, les quelques 60m de dénivelés qui séparent la voiture de l’entrée de la cavité. Nous empruntons l’entrée des Buis, qui porte très bien son nom car elle se cache au milieu d’une forêt de buis. Le début ne présente aucune difficulté, même si la présence de quelques chiroptères endormis nous oblige au silence et à la plus grande prudence pour ne pas les déranger. La première corde à installer est un petit P6 qui nous permet d’éviter le passage appelé le Toboggan. La suite consiste en un boyau assez bas de plafond mais dont la progression se fait facilement et rapidement... jusqu’à ce qu’une toute petite chatière « surprise » apparaisse devant nous. Arthur se souvient de cette étroiture, qu’il n’avait pas emprunté la dernière fois car il existe un autre chemin, mais elle mène directement à la Grande Salle. Je m’engage, tête la première, les deux bras tendus devant moi et la tête légèrement inclinée pour pouvoir passer. Je suis persuadée que ça passe ! Ça passe, ça passe, ça bloque. Mince, plus de prise pieds à l’arrière, je sens que ça coince au niveau du ventre. Peut-être mon croll qui racle un peu trop. Ou la viennoiserie du petit dej. Je me dandine afin d’essayer de décoincer ma quincaillerie, je demande aux gars, restés à l’arrière, de me faire un support pour les pieds. « C’est de la triche ! » me réplique Arthur. Vexée, je fais machine arrière, et je lui demande de passer en premier. Pendant qu’il s’exécute, j’en profite pour me débarrasser de toute épaisseur excédentaire : descendeur, mini-kit, casque. Une fois Arthur de l’autre côté, je réessaie. Je passe la tête, le haut du corps, et je me retrouve encore coincée, comme tout à l’heure. Je relève légèrement la tête : Arthur est en train de me filmer, hilare. Images d’anthologie ! Une aide, discrète mais inespérée de Clément, resté de l’autre côté, me permet de m’extraire de la chatière, tout en me dandinant de la façon la moins gracieuse du monde. Une fois de l’autre côté, déception. La Grande Salle tant attendue sur la topo a cédé sa place au même boyau bas de plafond. Petit check-up de la topo, pour se rendre compte qu’en fait, il y a encore du chemin à faire et une autre chatière à passer avant d’entrer dans la fameuse salle.

Un peu plus loin, nous arrivons à un croisement : un chemin s’enfonce dans une étroiture, l’autre monte en haut de la salle. Clément décide d’aller explorer l’étroiture, Arthur décide d’aller explorer la partie surélevée. Après moult concertations, check topo et discussions, nous comprenons enfin que la Grande Salle se trouve juste derrière la chatière empruntée par Clément, même si le passage surélevé y mène aussi, mais est moins pratique et plus long. Une fois dans la Grande Salle, petit briefing de notre guide pour la suite de l’aventure : nous allons équiper un P7 qui mène à la sortie de la « sableuse », un long ramping dans les graviers qu’il faut dégager en amont pour éviter d’y rester coincé. Arthur, équipant, s’engage en premier dans le puits et nous lâche un « Vous prendrez à droite en bas ! Je commence à y aller ». Ces consignes me paraissaient on ne peut plus claires, jusqu’à ce que j’arrive en bas du puits. A droite, oui, mais laquelle ? Nous tentons une direction avec Clément. Raté, nous nous retrouvons très vite face à un diverticule qui n’a pas l’air très accueillant. Demi-tour donc, et nous prenons l’autre direction, où nous retrouvons bien vite Arthur après avoir mis les pieds dans l’eau, qui avait déjà fini de gratter le sable et les graviers bouchant l’entrée de la sableuse. C’est pratique, un outil est à notre disposition pour racler : une sorte de râteau en fonte en forme de flèche, très lourd.

Retour dans la grande salle, où nous reprenons notre progression. Le passage de l’Opposition ne présente pas de difficultés grâce à la corde remontante équipée en fixe. Puis, progression horizontale dans une succession de salles : Salle George avec une impressionnante hauteur sous plafond, la salle des Piles d’Assiettes avec de magnifiques concrétions, puis le puits de la Vire, où une plaque fixée à la paroi rend hommage à un certain Roger Héraud, décédé en 83 dans ce P9 aveugle. Arrivés à la salle des Suisses à une heure déjà bien avancée, nous décidons d’arrêter là la progression et de faire demi-tour après une pause pique-nique bien méritée. Nous serions bien allés un peu plus loin, mais après une brève exploration dans la vaste salle, une escalade un peu péteuse pour rejoindre ce qui nous semblait être la suite et le temps tournant nous ont convaincus de ne pas continuer. Tant pis !

Pour le retour, Arthur nous fait deux propositions : après la Sableuse, nous pouvons faire demi-tour et remonter par le P7 emprunté précédemment, ou, si nous sommes rapides pour passer la Sableuse, nous pouvons prendre un réseau parallèle et sortir par l’Entrée de la Carrière. Bien sustentés, nous empruntons tout d’abord l’étroiture nous menant à l’Igloo, petite salle voûtée au milieu d’un ramping, qui porte très bien son nom. D’abord à 4 pattes, nous nous mettons rapidement à ramper dans le sable et les graviers. Quelques minutes plus tard, nous sortons la tête du sable pour retrouver la salle où Arthur avait dégagé les graviers à l’aller. Déjà ? Arthur avait bien surestimé le temps passé dans la Sableuse et nous avions plus d’une demi-heure d’avance sur le programme. Bonne nouvelle ! Nous pouvons emprunter le réseau secondaire ! Avant ça, Arthur a rééquipé le P7 de sorte à ce que la corde soit rappelable, puis a rappelé la corde une fois en bas. Nous nous engouffrons donc dans ce boyau, dans lequel nous avions commencé à nous engager avec Clément tout à l’heure. La galerie devient de plus en plus étroite et chaotique, mais autrement plus jolie que celle empruntée à l’aller. Nous rampons au milieu des concrétions, nous enjambons des vasques remplies d’une eau translucide, nous progressons de gours en gours, à l’aide de cordes à nœuds équipées en fixe. Nous sommes en plein cœur d’un ancien actif. Même si je galère avec mon kit qui a la fâcheuse tendance à se coincer sur chaque concrétion rencontrée, je ne regrette pas d’avoir emprunté ce chemin, mais j’arrive quand même à refiler cet encombrant fardeau à un de mes compagnons, en échangeant avec un autre plus léger Une fois la « boite aux lettres » passée, une simple chatière pour laquelle nous sommes malheureusement obligés de ramper dans l’eau, une galerie plus sableuse, plus glaiseuse nous attend. Au fur et à mesure de la progression (toujours à 4 pattes), nous retrouvons nos amis les chiros, puis nos amis les insectes, puis le courant d’air qui nous indiquent la sortie proche. En effet, la lumière du jour finit par nous faire un coucou, et nous accueille à l’extérieur avec un soleil magnifique et une douce chaleur printanière. L’étape d’après : descendre de la petite colline car la sortie se trouve à flanc de falaise, et retour à la voiture.

Une fois les baudriers enlevés, Arthur se souvient de la corde du P6, qui est encore sous terre. Nous laissons donc Clément à sa voiture et faisons rapidement l’aller-retour pour déséquiper. Nous sommes efficaces, et de retour à la voiture vers 17h30, où nous nous changeons et partons pour Rigneux-le-Franc, là où habite « Vosgien », Matthieu de son vrai nom, l’ami d’Arthur. Notre hôte nous réserve le meilleur des accueils, avec lits faits dans des chambres attitrées, et des pizzas maison (dont nous mettons de côté les restes pour le pique-nique de demain).



Après une bonne, mais courte, nuit de sommeil, nous reprenons la fidèle C3 pour nous rendre à la grotte de Vaux-Saint-Sulpice pour la traditionnelle sortie dominicale. Nous suivons bêtement le GPS, et empruntons une piste forestière au milieu de la forêt, normalement interdite aux véhicules. Pas vus, pas pris, mais note pour plus tard : passer par le village et la route en contrebas, pour rejoindre le parking officiel. Sur le parking, nous rencontrons un autochtone, promenant son chien, qui nous explique qu’il a participé, avec son tractopelle, au chantier de désob de l’entrée de la cavité que nous allons emprunter : le gouffre de l’Âge de Glace. Très sympa, nous discutons un petit moment, mais le temps passe et nous devons prendre congé. L’entrée de la grotte, qui se trouve à 20m du parking, est protégée par un ouvrage de maçonnerie et fermée par une porte, dont la serrure s’ouvre facilement avec le descendeur. Arthur s’engouffre à l’intérieur pour équiper. Clément ferme la marche et la porte derrière lui. Les trois puits successifs (P4+R5, P10 et P47) sont très faciles à équiper avec, notamment, une dév équipée en fixe (une sorte d’anneau en métal en forme de queue de cochon) et une barre en métal avec un triple point chaîné en tête de puits du P47. Attention cependant aux chutes de pierres ! Le moindre petit caillou qui se détache de la paroi peut devenir dangereux en bas du P47.

La descente du puits est agréable, et une fois arrivés en bas : plus de verticale. Arthur laisse le kit de cordes en bas des puits, et nous n’embarquons que le kit contenant le bidon de nourriture et d’eau. La progression commence dans une grande salle, dans laquelle nous empruntons une galerie qui remonte un peu. Arthur trouve un mousqueton acier, tout rouillé, mais encore en bon état, mais c’est là qu’on commence à avoir un doute. Arthur nous dit « de toute façon, il n’y a pas 36 chemins, tant qu’on va pas vers le sud, tout va bien ! ». Un petit regard sur la boussole, et manque de pot, nous allons plein sud ! Nous avons emprunté la galerie Sud, qui termine en cul-de-sac. Demi-tour donc, et on cherche le chemin dans la salle. Nous le trouvons finalement, il faut passer par le bas de la salle, où l’on s’engage dans un tunnel descendant un peu boueux. La galerie débouche sur le lac du pont de singe, très joli et facile à traverser sur le câble équipé en fixe. La progression continue dans une galerie boueuse, où de la grimpette « glisseuse » est prévue, mais facilitée par des barreaux et cordes à nœuds équipés en fixe. Un petit air de via-ferrata ! Puis nous découvrons la vaste Salle des Géodes, avec des géodes aux cristaux de calcite imbriquées dans la paroi. La suite de la progression se fait à quatre pattes, au milieu de la boue séchée et durcie, qui dessine des formes de montagnes vues du ciel. Le ramping débouche ensuite sur la Galerie des Lacs, dont le plus gros est traversé par un câble en acier. Une belle tyrolienne, mais malheureusement nous n’avons pas de poulie pour en profiter. Nous utilisons donc un mousqueton acier, et tout en étant longés dans la corde équipée en fixe, nous avançons assez laborieusement le long du câble. De l’autre côté, s’en suit une succession de désob boueuses dans lesquelles il faut ramper et de petites salles pleines de concrétions. Peu après la salle des gours, à l’intersection entre la galerie principale et la Grande Désob, nous décidons de nous arrêter manger. Après le repas, nous faisons demi-tour. Le trajet du retour est le même qu’à l’aller, même si nous sommes un peu plus rapides pour passer le câble (la technique est rodée à présent !). En bas du P47, et après une petite pause casse-croûte, nous décidons de nous chronométrer pour la remontée. Clément ouvre la marche : 6min et quelques avec un kit à remonter. Je passe en deuxième, je mets près de 10min en prenant mon temps. Arthur passe en dernier pour déséquiper : un peu plus de 5min. Loin de nous l’idée de battre des records, ces temps nous donnent une idée de la durée que peut prendre une remontée de puits. C’est de retour à la voiture qu’Arthur fait la plus belle « prise de guerre » : un AM’D Screwlock de Petzl en parfait état, oublié sur le parking.
Nous sommes de retour chez « Vosgien » relativement tôt, ce qui nous laisse le temps de nettoyer toute la quincaillerie club et perso dans des bassines dans son garage, avant de prendre l’apéro et de manger. Le lendemain, école des filles oblige, nous partons de bonne heure de chez Vosgien, laver le reste du matériel dans l’Ain. Le retour en région parisienne se fait sans encombre, Clément rentre chez lui juste à temps pour le couvre-feu !



Participants

Romane N. , Arthur P.

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