Stage FTS Cavottes et Ouzène

Date
04 avril 2009

Durée


Type de sortie
Formation secours
Département
Doubs (25)

Massif


Commune
Montrond le Chateau

Descriptif / Compte-rendu
Après le stage en falaise suivi 15 jours auparavant, nous sommes toujours les 4 mêmes à participer à ce 2ème WE de formation aux techniques secours, mais sous terre cette fois. Fabien Feucheroule ayant gardé avec lui le matériel depuis le 1er WE, nous sommes à l'aise pour faire la route dans une seule voiture (juste un peu de kits en plus et de la documentation du SSF). Nous arrivons avant minuit au gîte de Montrond le Château, donc pas trop tard mais avec un petit déjeuner à 7h30 et les ronfleurs, la nuit sera discontinue malgré les boules Quiès.
Après un copieux petit déjeuner, nous nous rendons en voiture aux Cavottes.

Cette année, je suis promu "sous"-chef d'équipe au "faux pas". En venant du fond, notre équipe s'occupe des ateliers suivants: frein de charge puis traction, balancier + mini traction, tyrolienne. Quelques spits auront été plantés. Une fois notre travail terminé, on nous presse d'aller rejoindre le départ de la civière au P20 de la boite à lettre. Je mange à la va-vite une partie du pique-nique mais, tout compte fait, nous poireauterons un bon moment avant l'arrivée des équipes de l'atelier extérieur (alors que le reste du pique-nique attendait au faux pas). Une fois la civière extraite du P20 par 2 balanciers et une traction, nous sommes tous là pour faire le portage en chenille dans la galerie Sud. Avant le R7, une traction aide au franchissement de gros blocs. Filant ensuite vers notre atelier, je ne verrai pas le franchissement du R7 par la civière. Puis, j'aperçois en passant la main courante, une corde qui descend alors qu'on le n'avait pas équipée et j'entends en contre-bas un blessé qui a mal. Bref, je descends voir et comprend vite que nos cadres nous ont trouvé trop nombreux pour une seule civière et nous ont inventé une embrouille. Il fallait bien utiliser les deux civières apportées dans le Doubs. Le problème c'est que le pseudo blessé approche les 100kg!! Juste avant le passage de la première civière, Fabien F me fait corriger une traction de sortie de balancier pas installée sur répartiteur, Ouuuh... A partir de ce moment, Fabien F prend en main l’atelier. Je suivrai la première civière qui vient du fond (José) d'atelier en atelier comme équipier de base jusqu'à la salle du chaos. La 2ème civière qui sera extraite du puits du Faux pas en balancier sur tyrolienne suivra rapidement et finalement doublera celle de José à la salle du chaos après franchissement de la salle par tyrolienne là aussi. Une équipe de costaud embarquera, non sans mal, tête la première, cette CV2 dans le ressaut au départ de la galerie de sortie puis une autre équipe embarquera la CV1 (José) . Pendant ce temps je participerai à la fin du déséquipement et au portage des kits qui suit la deuxième civière de près. Nous sortirons plus de 20 kits depuis la salle du chaos et rattrapons la CV1 juste avant qu'elle ne s'élève par balancier sur tyrolienne à l'air libre. Un mouflage sera indispensable pour le balancier de sortie. Nous sommes à peine en retard pour le dîner. Le spécialiste national SSF des communications nous fera un exposé à partir de 23h avec démonstration du système Nicola en salle. Ils sera aussi installé à Ouzène le lendemain. Nous nous couchons vers minuit bien fatigués.

Le lendemain petit déjeuner toujours à 7h30, mais la nuit a été meilleure. On trie le matériel de la veille au soleil au bord de la route près de l'entrée d’Ouzène. Je devais être équipier de base pour l'extérieur, finalement on m'enverra au fond avec Claude et Momo toujours comme équipier de base... ça me va très bien. Franck qui installe les cordes d'équipement sera à cours de matos (manque de dyneema) avant de descendre dans les concrétions du fond. Il en sera de même pour l'équipement du balancier du bas qu'on ne tentera même pas de mettre en place. Du coup, étant déjà en retard, la civière avec Fabien (d'ABIMES) dedans partira du ressaut (avant la galerie suspendue) alors que les ateliers de la galerie suspendue ne sont qu’à peine terminés. Par le premier puits de la galerie suspendue, la civière rejoint le niveau quasi inférieur. Pendant ce temps nous évacuons le matos de notre atelier dont une partie jusqu'à l'extérieur. Mon équipe du fond attend pour aider à la sortie du passage bas. Comme j’aurais été en sur-nombre avec eux, je rejoins depuis l’extérieur par la 2ème entrée, la traction du boyau du bas du P15 qui manque de bras. De là, j’entendrai que l’un des spits du répartiteur du balancier avant le boyau+P15 lâchera, mais comme il y en avait 4, il y eu plus de peur que de mal et au contraire, le mou ainsi libéré par la boucle manquante facilitera l'engagement de la civière dans le boyau. Filant ensuite à l’extérieur, j’assisterai à l évacuation de Fabien par le P15 extérieur. A noter dans le puits annexe, l’équipement sur déviation mono mousquetons qui chagrina pas mal les adeptes de l’équipement confort.
Une fois tous sortis, il faut filer au gîte récupérer les pique-niques pour certains et aller nettoyer le matos à Ornans. Après le defriefing au gîte, nous quitterons Montrond juste avant 20h et rentrerons sans encombre sur Panam' mais un peu fourbus. Heureusement, une semaine de vacances m’attendait (mais aussi un gros rhume).

Conclusion personnelle de ce 4ème stage FTS: je ne suis pas opérationnel en tant que chef d'équipe (erreurs techniques encore inacceptables et donc aucune légitimité). Certaines ateliers sont fait pour les gros bras (parties étroites sans trop de cordes, mais inclinées). Mais c'est toujours intéressant et formateur de suivre ce stage pour une énième fois... en espérant que cela ne serve pas dans un secours réel! Cette année le stage s’est déroulé dans la bonne humeur !

Alain

Participants

Jean C. , Fabien C. , Jean-Paul C. , Alain G.

Commentaires

Commentaire posté par Fabien le 26/04/2009
Voyage en civière.

Il y a des jours où on se dit qu’on ferait mieux de rester couché, et d’autres non... pour s’en rendre compte, il suffit de passer une journée dans une civière. Il y a des jours où on se dit qu’être au centre du monde, c’est bien, et d’autres fois où on se dit que même au milieu de 30 personnes, on se sent seul... et encore plus seul quand la sortie est loin. C’est là qu’on se dit qu’on a bien fait de picoler la veille, c’est toujours ça de pris !
Dimanche dernier, j’ai fait mon premier voyage en civière. Ils m’avaient dit : « viens, Fab, au week end spéléo secours... on va bien rigoler ». Moi, j’ai dit « ah ouais, y aura à boire et à manger ? ». Ils m’ont dit « oui ». Alors, moi, j’y ai été. Ils ne m’avaient pas tout dit.
Ils avaient oublié de me dire qu’ils allaient me réveiller à 7h30. J’ai râlé, sans doute pas assez... Je voulais rester couché, moi, ils m’ont dit oui. Ils avaient oublié de me préciser que ce ne serait pas dans mon lit, mais dans une civière. J’aurais dû tendre davantage l’oreille, il y avait eu des bruits, quelqu’un avait dit « Fabien sera dans la civière », moi, naïf que je suis, j’avais pensé, « c’est l’autre, c’est l’ours ». Je ne m’inquiétais pas. J’aurais dû. Ils m’ont dit « emmène la civière avec Jean-Paul au fond du trou », moi, naïf que je suis, je fais ce qu’on me dit. Ils m’ont dit « mets-toi dans la civière », moi, j’ai fait « ??? » Ils m’ont dit, « tu verras, c’est chouette ». Je me suis installé dedans. Et là, le périple commença. Porté par six gaillards, ligoté comme un rôti, ma perception de la spéléo en prenait un coup.
Je dois reconnaître qu’au début, tout s’est bien passé. Peu d’efforts à fournir, la perspective de rentrer sans être fatigué, l’idée me paraissait bonne. Ils avaient oublié de me dire que la vie d’un blessé n’est pas de tout repos. Déjà dès le premier puits, j’ai commencé à douter. Les cordes s’emmêlent dans ma civière. Je râle. Que faire d’autre sinon les laisser faire ? En moins d’une minute, le problème est résolu. Je continue ma progression dans le premier boyau, porté par mes frères de spéléo, j’avance. Face au danger, je progresse. Ils me portent comme une rock star est soutenue par ses fans. Ils ne tremblent pas, ils ne doutent pas, personne ne râle, j’ai fait dix mètres. Le chemin est encore long.
Les choses se corsent, nous voilà au premier trou. Et là, l’angoisse, la panique, la peur...le bord du gouffre... je vais tomber ? Je tombe ? Hé, les gars, je tiens comment ? Faut croire qu’ils me tenaient bien et qu’ils ne m’ont pas laissé choir, sinon, vous ne seriez pas en train de lire ces lignes. Première frayeur passée, on espère juste que ce sera la dernière. La suite de la progression me donnera d’autres sueurs froides. Après deux déviations, c’est de nouveau un trou à descendre. Jean-Luc raboute les cordes. La civière descend, se pose sur une corniche et glisse. Un mètre. Mon coeur a fait un bond. Juste un. Heureusement, les choses se calment ensuite. Un peu trop sans doute. Il faut attendre un peu et je commence à me refroidir sérieusement. Pendant ce temps, mes six porteurs préparent une montée sur corde en position horizontale grâce à un S.T.E.F. L’ascension se passe sans problème, c’est à l’arrivée que tout se corse. Le demi cabestan du S.T.EF se coince et ma civière joue à faire le yo-yo. Bordel de dieu, mais qui fait le contre-poids ? Je descends, je monte, je « yo-yote » jusqu’à ce que le mécanisme soit décoincé. J’ai toujours préféré la stabilité surtout quand on est suspendu à une corde.
On ne va pas s’arrêter en si bon chemin. On continue, l’air libre est encore loin. Là, c’est une étroiture à négocier. Heureusement qu’ils avaient pensé à l’agrandir, j’aurais eu le ventre qui aurait touché. Maintenant, c’est l’avant dernier puits qu’il faut gérer. J’ai cru mourir ! Un des quatre spits du répartiteur lâche et je tombe. Une chute sans fin... enfin, un peu, 50 cm quoi ! Mais qu’est-ce que j’ai dit comme conneries hier soir pour mériter ça ? J’ai froissé quelqu’un ? Je commence à douter sérieusement. Restons sur nos gardes, d’autant que nous entrons dans une étroiture. J’aime pas les étroitures... c’est étroit et je frotte un peu. Et là, autant dire que la paroi, je l’ai vue de près, de très près, de trop près. Mon nez, j’y tiens !
Encore un effort les gars et c’est la sortie à l’air libre, le plancher des vaches, l’herbe fraîche. Courage... Montée en balancier sur tyrolienne, tout se passe bien. Vivant, je suis vivant !