Stage PAS au Puiselet

Date
02 avril 2011

Durée
2j

Type de sortie
Stage EFS
Département
Seine et Marne (77)

Massif


Commune
Le Puiselet

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Encore un week-end sous le signe de la poésie, de grandes empoignades viriles, de Pilsener, et d'émission de gaz à effet de serre.

Samedi matin, le lever à l'aube est rude. Et cette fois-ci, c'est pas du flan : rendez-vous à la falaise du Puiselet à 9h. Soit un départ du périphérique vers 8h. Je l'avoue sans honte, ça me fait lever plus tôt que pour aller travailler... Jean-Paul sera le généreux convoyeur des Abîmés pour l'aller. J'en profite pour continuer à faire de la publicité sur le stage chauve-souris. On arrive d'ailleurs juste à temps au Puiselet, car j'allais commencer à détailler le mode de reproduction des chiroptères et l'ovulation différée.
Nous retrouvons Luc au rocher. Les autres stagiaires arrivent, on se retrouve finalement à dix participants de différents clubs d'Île de France, dont trois cadres. L'organisation a prévu un premier dopage au café, histoire de pouvoir enfin retirer ces fichues allumettes qui gardaient nos yeux ouverts jusqu'à maintenant : ça n'aurait pas été pratique sur corde.
Luc, Marc et Jean-Paul équipent les différentes voies. La météo est idéale et le restera de toute la journée.
On s'échauffe sur corde histoire de réveiller nos muscles endormis par une semaine sédentaire, excepté pour Dédé-le-cordiste qui passe sa vie comme une araignée, entre ciel et terre...
Premier atelier, la conversion à la montée et à la descente.
Trooop simple, sauf qu'à la descente je m'évertue à vouloir caser mon croll en dessous de mon descendeur, en tension... forcément ça fonctionne mal. En fait, les conversions, c'est beaucoup de bon sens, et un petit peu d'expérience.
On enchaîne sur les passages de nœuds. En effet, cette situation peut nous arriver dans (au minimum) deux cas : soit on a vu trop court en équipement, et il faut rabouter une corde trop courte, soit on est déjà en bout de course à l'extrémité d'une corde de 100 m dans un gros puits qui fout bien la trouille par le fait qu'on n'en voie ni le fond, ni les parois, ni non plus les petits camarades restés plus haut, par les clapotements d'origine organique qui nous parviennent d'une profondeur insondable, et enfin, qu'il renvoie un écho à glacer le sang quand, voulant tenter une conversion pour remonter, on laisse tomber par maladresse son bloqueur de poing et que l'on se retrouve condamné à descendre. Ouf. Cette dernière situation peut être contournée, on l'apprendra l'après-midi avec la réchappe.
En attendant, pause déjeuner. Je ne ferai pas de délation, j'énoncerai seulement des faits : ce sont encore les mêmes qui ont amené de la bière et du vin.
Après la prise alimentaire, chacun irait bien faire la petite sieste de rigueur... Luc nous injecte préventivement du café par voie orale et c'est reparti.
On attaque la réchappe. Comment s'en sortir quand on a perdu/cassé son bloqueur de poing ? Son bloqueur ventral ? Son descendeur ? Comment descendre sur corde tendue ?
La fabrication de Prussik se transforme en atelier macramé pour certains.
Nous nous répartissons en ateliers de réchappe, de conversion et passage de nœuds, avec plus ou moins de bonheur. Dans l'ensemble, ça se passe plutôt bien, personne ne reste pendu assez longtemps pour changer de couleur et mûrir...
Dernier point de la journée : le décrochement d'équipier, qui donnera lieu à de franches parties de rigolade (pour ceux qui regardent), des douleurs insoutenables pour ceux qui jouent les victimes.
Nos cadres nous enseignent la méthode officielle © EFS, dite « pédale crollée » (encore de la pub pour Petzl...). Je ne détaillerai pas cette méthode ici, on la trouve dans les manuels spéléo. Les ateliers s'enchaînent en binôme : une victime à décrocher, un gentil équipier motivé à sauver son pote, d'autant plus que seul ce dernier sait où les clés des voitures ont été cachées en surface.
Par décence, je ne publierai pas certaines photos où nos positions grotesques sur corde font davantage penser à du bondage japonais que de la spéléo, mais j'insisterai sur deux choses : quand on joue le rôle de la victime, on ne peut pas rester longuement « inanimé », la corde rentrant avec violence dans le bas-ventre ; conséquence de quoi – et c'est le second point - , en vengeance légitime, la « victime » use d'armement chimique pour désarmer du moins calmer l'ardeur de son sauveteur. S'en sortir vivant, c'est une chose, encore faut-il ne pas devenir eunuque.
Maintenant que tout le monde est bien couvert de sueur et commence à dégager une piquante odeur de salle de musculation, nous plions bagage pour retrouver la civilisation le temps de la soirée : nos gentils organisateurs nous ont réservé une salle de restaurant où nous pourrons regarder des films-pas-drôles en buvant l'apéro. Vous savez, ces films du genre « prévention routière » qu'on nous montrait à l'école quand on était gosses. En tous cas ce ne sont pas des flims sur le cyclisme.
Je cite, et j'en oublie probablement : l'assez traumatisant blockbuster des années 80 sur le syndrôme du harnais, réalisé avec la collaboration de spéléo suicidaires (on peut le trouver ici) ; facteur de chute, rupture de longes ; crue torrentielle ; rôle du SSF... Nous qui prenions les gars du SSF pour des héros, on apprendra que savoir faire du café est aussi un talent prisé. Enfin quelque chose à notre niveau, pour l'instant du moins...
Ce n'est pas pour autant ces films de prévention/secours qui nous couperont l'appétit ni la soif. Petit conseil, les gars, la prochaine fois, mettez du gore, le jeune public en raffole. Et des zombies aussi.
Retour au Puiselet, la température est clémente, on dormira sous le rocher. On sirote nos bières-de-nuit en se racontant des histoires de spéléo, pendant que certains tentent de démarrer un feu, qui avortera assez vite. Autant l'humanité a mis plusieurs milliers d'années à inventer le carbure, les cordes synthétiques, les bloqueurs, les descendeurs et les mousquetons, autant elle n'est plus capable de faire un simple feu. L'absence de feu pour éloigner les bêtes sauvages ne nous empêchera de dormir dans un concert de ronflements amplifié par la fatigue et la dernière bière.

Dimanche matin. Qu'il est doux de regarder la pluie tomber depuis son lit! Ce privilège de la vie au grand air nous est offert à l'abri de notre rocher... Matin blême, la température a chuté, le temps est couvert. Qu'il est difficile de s'extraire des duvets ! Café/petit déjeuner et c'est reparti. Les bras font un peu mal, il faut s'échauffer.
Pendant que certains sèchent façon jambon de Bayonne sur des passages de nœuds, d'autres tournent sur des ateliers de décrochement, réchappe ou s'entraînent simplement sur corde...
Marc et Luc (Jean-Paul a du rentrer la veille au soir) nous font des démonstrations de décrochement croll à croll : rapide, efficace... pourvu que le bonhomme à décrocher ne soit pas trop lourd. D'où l'intérêt du balancier avec la méthode de la pédale crollée.
Dernier atelier : comment remonter un équipier depuis la tête de puits ? Démonstration du palan avec poulie/bloqueur, puis du balancier espagnol (j'en vois déjà ricaner d'ici, au fond de la salle : je n'ai pas dit "brouette japonaise").
Pause déjeuner. Comme je ne suis pas un chien, je mange mon cassoulet le second jour pour que ça ne porte pas à conséquences.
On reprend doucement. Certains s'amusent sur corde... et soudain c'est le drame ! Luc vient de faire une chute, risquant de grossir les rangs des nominés aux Darwin Awards. Comme nous ne sommes pas des chiens, nous volons à son secours. Hugo propose de faire du café, apportant ainsi sa contribution aux secours. Les fans de Sanctum proposent de noyer le blessé pour abréger ses souffrances. Visiblement aucune de ces options n'est la bonne. Il faut le déplacer de la zone d'accident, et l'installer dans un point chaud avant qu'il nous claque d'hypothermie entre les mains. Pendant que nous construisons une tente avec des couvertures de survie autour de la victime (placée en PLS), nous essayons de lui garder le moral par des paroles rassurantes : « Luc, tu ne nous entends probablement pas, mais sache que là où tu es, le monde est sûrement meilleur ». Bon gré mal gré, le point chaud est mis en place avec l'aide de Marc.
La victime se relève et marche. Ah ah ah. C'était pour de faux. Sacré blagueur, Luc. Tu nous as flanqué une de ces frousses! Nous debriefons l'opération de mise à l'abri de la victime : on saura à l'avenir qu'il faut construire la tente du point chaud avant d'y mettre le bonhomme, et non autour de lui, c'est beaucoup plus efficace.
Nous terminons la journée par des ateliers de décrochage, puis la classification des causes d'accident spéléo, et c'est l'heure de regagner nos pénates.

Si ce récit vous a plu, je vais me permettre de passer parmi vous 'sieurs dames. J'ai besoin d'argent pour changer mes longes. Un peu de monnaie, un ticket restaurant, ou pour ceux qui n'peuvent pas juste un sourire pour un pauv' spéléo. Encore merci, et bonne journée.

Samuel

Participants

Jean-Paul C. , Sébastien G. , Samuel L. , Hugo S.

Commentaires

Commentaire posté par Samuel le 23/05/2011
Les vidéos montrées lors du stage (crue et pathologie du harnais) sont téléchargeables sur le nouveau site de l'EFS.
C'est ici.

Culture générale : la musique qui accompagne la crue est "Gibraltar" de Weather Report.
Pour que je n'aie pas sué à retrouver ce titre pour rien, vous direz 15 "Birdland" et 10 "Black market" à la mémoire de Joe Zawinul. Amen.

Commentaire posté par Samuel le 07/04/2011
popopop la correction!
on dit bien "ce flim n'est pas un flim sur le cyclimse"

le topo sur la chortie sauves-souris arrive.


Commentaire posté par Delphine le 07/04/2011
Tu parles d'un stage chauve-souris.
De quoi s'agit-il ? C'était où ? C'était quand ?

;-)