Stage chauves-souris

Date
26 mars 2011

Durée
2j

Type de sortie
Stage Scientifique
Département
Oise (60)

Massif


Commune
Éméville

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Aaah, être une chauve-souris! Quel spéléologue n'a jamais rêvé de se réincarner en chauve-souris? Avoir des super-pouvoirs?
Se glisser dans des étroitures dans lesquelles on ne passe pas le doigt
Voir dans le noir (tiens les propriétaires de Scurion vous avez l'air malin, là ! déjà que vos modèles sont obsolètes...)
Se déplacer dans les réseaux sans utiliser de corde...
Se goinfrer à l'automne et dormir pendant l'hiver...
Un peu le paradis, du moins selon un référentiel spéléo.
Un petit défaut de conception vient toutefois ternir le tableau : les chauve-souris passent beaucoup de temps la tête en bas. Si leur système de retour veineux s'est en effet adapté à cette posture inhabituelle, on ne peut pas en dire de même pour le reste de l'organisme... enfin tout le monde aura vu ces tas de guano au pied des colonies et au plafond. C'est peut-être chouette d'être chauve-souris (notez le jeu de mot pourri digne d'un rédacteur du Parisien), mais il n'y a pas que des avantages.

Ce stage organisé par le COSIF en collaboration avec Carrières et patrimoine, animé par Christian Dodelin nous aura donc familiarisé avec ces sympathiques oiseaux que nous croisons en cavité...

Outre la méthode de détermination des espèces, Christian nous aura dispensé un concentré des connaissances modernes sur les chauves-souris :
  • sociologie (notamment le swarming, regroupement saisonnier de chauve-souris pour augmenter le brassage génétique, en un mot : une partouse géante de chiroptères...),
  • migrations saisonnières,
  • physiologie (saviez-vous que chaque espèce avait une préférence thermique pour son lieu d'hibernation?),
  • les dernières avancées en termes de détermination (utilisation des batbox, qui convertissent les ultra-sons en fréquence audible, et donnent une signature acoustique propre à une espèce ; la détermination d'après les ossements, la longueur de l'avant bras...),
  • les idées reçues (non les spéléologues ne sont pas forcément les méchants, les chauve-souris sont malheureusement bien plus menacées par les pesticides et la dégradation générale de l'environnement)
  • ...

Au fait, un paragraphe plus haut, j'ai écrit "oiseaux", c'était pour voir si tu suivais un peu, ami lecteur. Il est admis depuis le XVIIIème siècle que les chauves souris sont des mammifères. Les femelles ont un petit par an, au printemps, qu'elles allaitent. Elles se regroupent en nurseries pour assurer une bonne température corporelle pour les juvéniles, qui atteignent leur taille adulte en trois mois. Si le rut a lieu à l'automne, la gestation ne démarre qu'au printemps, au retour de la belle saison, et de son cortège d'insectes gras et croustillants...

La visite de cavités artificielles (la carrière Sarazin le samedi, et deux autres carrières de l'Oise le lendemain) nous aura permis de faire un dénombrement de population et mettre en pratique la détermination des espèces.
Compter des chauve-souris, ça paraît simple comme ça... mais ces vicieuses vont se planquer dans des failles dans lesquelles on ne glisserait pas un crayon, et ont une fâcheuse tendance à se pendre au plafond, quatre à cinq mètres plus haut : jumelles et appareils photo numériques sont d'un grand secours. Ajoutons à ces difficultés le fait que pour ma part, le dimanche matin a été un moment d'intense solitude, la conclusion logique des mélanges de la veille étant une légère gueule de bois, aggravée par un réveil par trop matinal pour un jour de passage à l'heure d'été (je ne regrette pas pour autant d'avoir tapé dans le Cognac apporté par Arnaud... seulement les heures qui ont suivi).
Au total, pas loin de 100 chiroptères recensés sur trois sites. Six espèces sont représentées, majoritairement des petits rhinolophes, puis des murins à moustache, murins à oreille échancrée, et plus marginalement des murins de Daubenton, un petit murin et un grand rhinolophe.
La moisson est modeste, mais il faut considérer que la période d'hibernation se termine et qu'un grand nombre d'individus ont commencé à reprendre leur activité préférée : gober des insectes la nuit et dormir la tête en bas le jour.

Christian aura donc réussi sur ce court week-end à nous transmettre sa passion et à lever le voile de notre ignorance... A nous désormais d'être attentifs aux populations rencontrées, et enrichir les bases de recensement de chiroptères : nous contribuerons ainsi à une meilleure connaissance de l'espèce, et à sa préservation.

Pour en apprendre davantage, on pourra se plonger dans un petit bouquin assez passionnant rédigé par les conservateurs du Muséum d'histoire naturelle de Bourges, institution qui fait référence en France dans le domaine :
Les chauves-souris, maîtresses de la nuit, Laurent Arthur, Michèle Lemaire (Ed. Delachaux et Niestlé)
Un peu de pub pour les copains : Carrières et patrimoine.

Samuel

Participants

François C. , Samuel L.

Commentaires

Commentaire posté par Hugo le 12/04/2011
Elle est chouette la photo de la carrière!