Désob à Chenoise : l'autoroute perdue

Date
16 avril 2011

Durée
2j

Type de sortie
Désobstruction/Première
Département
Seine et Marne (77)

Massif


Commune
Chenoise

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Encore un de ces week-end dont un observateur extérieur pourra dire : mais que ne perdent-ils leur temps à l'ombre d'un trou boueux alors qu'il fait grand soleil dehors et que les filles sont belles dans leurs robes légères?
Nous retournons effectivement creuser dans ce que l'Histoire retiendra comme la plus belle aventure de désobstruction d'Île-de-France. À nous les kilomètres de galeries vierges!

Résumé de l'épisode précédent : en cette seconde journée de désob, nous avions dégagé quelque chose qui ressemble à un sommet de méandre. A l'extrémité de la cavité dégagée, en rampant sous trente centimètres de plafond, nous avions trouvé des indices plutôt prometteurs, témoins d'un colmatage récent, à savoir de la terre meuble, mélée de débris végétaux... Autant d'indicateurs qui pourraient nous faire penser que pas loin, il y a un puits. Pris par le temps, nous étions rentrés à Paname pleins d'optimisme pour la suite.




Départ 13h porte de Vanves direction Chenoise. Nous n'avons pas encore dépassé la porte d'Orléans que la conversation dérive spontanément vers les secrets de la fabrication d'eau de vie artisanale, les drôleries que l'on boit pas loin de Saïgon et dans le reste du monde. Sujet qui nous occupera jusqu'à Chenoise, où l'on retrouve notre chère doline inviolée sous son habile camouflage végétal. Quelques voyages nous serons nécessaires pour décharger la voiture de notre matos personnel, de l'indispensable matériel de désob, et de l'encore plus indispensable matériel destiné à entretenir les fragiles rouages de la mécanique organique que nous sommes, je cite : la bière, le vin, la charcut', les patates et le fromage.

Après une petite bière pour remercier les Dieux de la spéléologie de nous avoir permis d'arriver à bon port, on s'équipe, dégage l'entrée du Trou, et c'est parti pour une journée de taupes. L'organisation est simple à ce point de la désobstruction : faute de place suffisante dans la cavité, une seule personne creuse, pendant que les deux autres font la chaîne pour vider les seaux. Outils : pioche courte, pelle américaine. Comme ça commence à devenir un tantinet profond, on remonte les seaux à la corde. Nous nous relayons toute la journée à creuser en direction du puits suspecté lors de la session précédente.
Signe plutôt encourageant, nous continuons à extraire du remblais : mélange de terre végétale, de silex et de gravier grossier. On est donc bien dans une zone qui a été colmatée par un apport extérieur. La perte n'est donc pas loin. Petit à petit nous dégageons la pierre en place et la cavité prend forme. Pour ce qui est du confort des opérations, on repassera : même si l'évolution est encourageante, cela reste un boyau...
Toutes les bonnes choses ont une fin : il est temps de se mettre à l'apéro, et de ramasser des branches pour faire un feu avant que le soleil ne disparaisse derrière les montagnes.
Bilan de cette demi-journée de désobstruction : environ un mètre cube de bourrage extrait, et un abaissement significatif du plancher qui nous permet de travailler enfin assis.

Nous reprenons des forces auprès d'un bon feu allumé au carbure. Charcuterie et fromage à raclette rescapés de libations récentes feront notre ordinaire, accompagnés des traditionnelles patates-roses-dont-on-mange-la-peau que l'on réchauffe dans du vin blanc de Savoie... Un bon petit vin rouge recommandé par la société française de cardiologie constituera l'antidote de ce méchant fromage trop gras et de cette vilaine chair d'animaux morts : il faut se soigner avec les plantes, il paraît que c'est bon pour la santé.
Alors que la nuit tombe, j'essaie de faire partir Lucienne, mais elle veut rien savoir, pas moyen de la chauffer. Elle a toujours du mal à venir, mais quand ça commence...
Finalement en ouvrant le pointeau à fond, elle finit par capituler et nous dispenser la lumière dont on a tant besoin (au fait, Lucienne, c'est mon acéto. Y en a beaucoup comme celle là, mais ça c'est la mienne...).
Pour égayer la soirée, on se regarde une fois de plus Sanctum (DVD import US) sur écran géant. On ne s'en lasse pas. Chacun met son smartphone en charge pour que l'on puisse communiquer la bonne nouvelle de la première demain à nos petits camarades via Facebook. Pour ma part, je fais un dernier petit tour sur internet afin de voir où en sont mes placements en bourse, et ça tombe bien : TEPCO remonte, j'en profite pour refourguer mes actions à bon prix à des spéculateurs du Bengladesh par le biais de mon trader basé en Chine. Puis c'est l'heure d'aller se coucher, nous sommes rassasiés de raclette, le vin est vide, et on commence à raconter n'importe quoi.

Réveil au son des chants d'oiseaux, et des pas pesants de Ceux-Qui-Vivent-Dans-Les-Bois. Café au grand air pendant que nos combinaisons et affaires boueuses de la veille sèchent au soleil. A 9h30, les travaux de terrassement ont repris, c'est dire notre motivation !
Le manège de seaux reprend comme la veille. Et les bonnes nouvelles arrivent : à force de décaper le sol, Sylvain atteint un plancher calcaire. Et dans ce plancher apparaît un trou, avec un vide comblé par de la terre meuble. Manifestement, nous avons trouvé une des entrées de la perte. De crainte de faire tomber trop de terre dans cet orifice, on le bouche pour l'instant, afin de mieux dégager les alentours. Arrive mon tour, je finis de décaper la zone de la cavité qui nous intéresse, dont le plafond s'abaisse de façon inquiétante. Le plancher est enfin complètement déblayé, on peut désobtruer le trou découvert par Sylvain. C'est bien le somment d'un méandre qui se prolonge vers le fond de notre cavité, mais c'est malheureusement impraticable, à peine si on peut y passer une botte... En dessous, il semble que ce pincement s'élargit.
Emportés par l'action, on n'a pas vu l'heure tourner, il est grand temps de faire une pause... On se donne donc le temps de l'apéro et du repas pour réfléchir à la suite. Même menu que la veille, le vin rouge en moins. Motivés que nous sommes, la pause déjeuner est ramenée à sa durée syndicale. Yannick continue la désob vers le fond de la cavité, où l'on avait repéré de la terre végétale meuble, il semble qu'il y ait un départ vers la droite, mais le travail y est très pénible : il faut se tenir accroupi voire couché, pour gratter la terre à la cuiller à soupe... Comme le reste de la cavité est devenu suffisamment spacieux, Sylvain poursuit la désob dans le sens opposé. On tournera ainsi à nos postes une grande partie de l'après-midi.
Au fond de la cavité, on trouve donc un départ vers la droite, assez difficile d'accès, dans lequel on déblaie un bourrage végétal de surface et le bourrage habituel sur la roche (argile, gravier grossier, silex). Ça a une honnête tête de karst avec des coups de gouge : une petite cloche de dissolution, et ce qui pourrait être une tête de puits... sauf que l'on y passe à peine la tête, et que la désob y est très pénible. Tout droit, ça semble être un cul de sac, mais tout n'est pas encore dégagé. Ce que l'on en retire ressemble malheureusement à de l'argile de dissolution...
On en restera là pour aujourd'hui. Manifestement, si ça se poursuit, ça n'est pas praticable en l'état. Une autre session sera nécessaire pour finir de décaper la cavité et pouvoir imaginer sa continuation. Mais il est grand temps de plier les gaules et rentrer sur Paris avant le traditionnel embouteillage du dimanche soir.




Tout le monde connait ces scènes de film de David Lynch pour lesquelles on cherche une explication... Eh bien ce genre de chose arrive dans la vraie vie aussi*.
Alors que nous sommes dans une zone d'embouteillage sur l'autoroute, nous dépassons une Logan familiale. Papa-maman à l'avant, les deux frères à l'arrière, dont l'un ressemble à un Kiefer Sutherland jeune. Je précise pour ceux qui chercheraient une explication à ce qui va suivre que le passager arrière (c'est à dire moi-même), était en train de partager avec le passager avant (Sylvain) une des bières qui avait survécu au week-end. La Logan nous redépasse. On la redépasse. Elle nous redépasse. Jusque là rien que de bien classique, je suis en train de vous décrire un embouteillage. Sauf que cette fois-ci, Kiefer Sutherland junior plaque à notre attention, sur sa vitre passager, la double page centrale d'une revue de porn 80's avec moultes toisons abondantes (ce dernier indice nous fait supposer que la revue provient de la collection paternelle...)! Le temps de réaliser ce qui était en train de se passer, nous dépassons à nouveau cette voiture... elle nous dépassera à nouveau, avec ses passagers arrière hilares et on ne la reverra plus jamais.
Pourquoi une revue vintage? Quelle est la raison de ce geste?
Je vous laisse méditer là-dessus.




* : d'où le titre du compte-rendu...

Participants

Yannick A. , Sylvain C. , Samuel L.

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