Rencontres photographiques à la Combe aux Prêtres (ou : un titre pompeux pour des flashs qui déconnent)

Date
09 juillet 2011

Durée
2j

Type de sortie
Photographie
Département
Côte d'or (21)

Massif


Commune
Val-Suzon

Photos







En voir +
Descriptif / Compte-rendu

Avec l'avènement du numérique, l'apparition d'éclairages puissants, et nos récents clichés en cavité, nous sommes bien déterminés à progresser en photo souterraine!
L'idée était donc de faire se rencontrer les gens de divers clubs du CDS92 afin d'échanger sur les techniques photos, l'éclairage, les boîtiers, logiciels de traitement, etc. etc.
D'Abimes : Delphine, Philippe, Gaëtan, Sylvain, Fabien, Yannick, Emilie, et moi-même. Des autres clubs : Luc (SGHS), Christophe (ASTC).
Question matériel, c'est la variété : Pentax, Olympus, Canon, Panasonic... Christophe s'est spécialisé pour sa part dans la photo 3D, avec un montage personnalisé de deux boîtiers compacts sur un rail.
Le lieu est choisi : la Combe aux Prêtres. Cavité variée, photogénique, sans difficulté spéléo et pas si loin de Paris, c'est un excellent compromis pour s'entraîner à la photo spéléo. Elle est connue de presque tous, et nous avons déjà une idée des clichés que nous allons réaliser. Pour la logistique : hébergement dans le gîte des parents de Fabien, salle des fêtes de Val-Suzon pour manger et projeter nos photos sur écran... Le plan est simple et sans failles. Il ne reste plus qu'à prendre la route, avec pour certains seulement un compact dans la poche, et pour d'autres une banquette arrière de voiture couverte de valises blindées... Pour ma part, le 5Dmk2 attend dans sa Pelicase orange bien étanche et à l'épreuve des balles, et va pouvoir servir enfin à autre chose que faire du poids dans un kit, n'en déplaise à certains esprits moqueurs.

Après un trajet sur une autoroute encombrée de vacanciers traînant des voitures chargées en mode kosovar, nous arrivons dans le fief de Fabien vers minuit. Nous dégustons nos bières-somnifères en jouant avec nos appareils photo. Ce débalage de matériel a un je-ne-sais-quoi de concours de bite, mais nous avons passé l'âge de ces gamineries, bien entendu... Cette confrontation primale terminée, et la recherche du mâle alpha n'ayant pas abouti, il est temps de laisser nos jouets éteints, et de nous coucher.

Lever en douceur et sans réveil. Petit déjeuner à la salle des fêtes. Chacun prépare son matériel photo : pour certains, le boîtier passe dans un bidon de 3 ou 6 litres, pour d'autres c'est la valise blindée, Fabien a pour sa part vu large avec un bidon de compétition qui ne tient que dans un sherpa : ça promet du sport dans les étroitures...
Nous finissons de nous réveiller en enkitant de la corde rêche qui abime les mains : les gars, la prochaine fois que vous irez vous entraîner au viaduc, pensez à laver les cordes avec un assouplissant pour peaux sensibles! Nous nous scindons en deux équipes : avec Sylvain et Luc, nous emprunterons l'entrée historique, Emilie équipera avec Yannick l'entrée Rochotte. Les autres nous rejoindront un peu plus tard, plus conformément au rythme biologique de Gaëtan.

La Combe est la seconde cavité que j'ai visitée, il y a un peu plus de huit mois... et pourtant j'ai l'impression que c'était il y a dix ans. Aujourd'hui je me retrouve à l'équiper. J'ai bien oublié les détails de l'entrée et de la progression, et surtout j'en garde un souvenir dantesque. Du monde est déjà sur place, il faut équiper en double. Je n'aurais pas du prendre un second bol café, mes mains tremblent comme un alcoolo en manque, et des choses hideuses classées Seveso sont en train de se préparer dans mes tripes... ajoutons à cela les gants spéléo épais et la dextérité n'est pas au rendez-vous : on ne m'y reprendra pas. Retourner à la Combe aux Prêtres après moins d'un an de spéléo, c'est vraiment comme revenir sur des lieux de son enfance une fois adulte. J'avais souvenir de quelque chose de plus grand, plus difficile, plus... En fait : puits, méandre, puits, ramping dans la rivière, ressaut, glaise, vire, ressaut, et on est déjà au pont de singe! Le niveau d'eau a bien baissé, peut être de 50 cm par rapport au mois de novembre... question eau, ça ne sera pas très photogénique. Les équipes finissent par se rejoindre, et nous mangeons dans la galerie des Gours.

En contrebas, c'est haut, bien concrétionné et plein de volume. Nous posons nos trépieds et installons notre matériel. Dans le même temps, plus haut, Yannick essaie de mettre le feu à la cavité : la dudule d'Emilie éclairant mal, il a pensé doper la production de gaz en humectant d'eau la chaussette à carbure. La réaction est immédiate : régurgitation de gaz par le tube d'aération de l'Ariane, qui s'enflammera à la première occasion. Le passage à l'électrique fait bien vite oublier les caprices de nos rustiques dudules...
Nous envoyons ceux qui n'ont pas été sages porter les flashs. Delphine fera le modèle, parce qu'il est entendu qu'une photo spéléo sans personnages, c'est plat et sans échelle... Ici commence l'enfer pour ceux qui n'ont pas d'appareil photo. Nous procédons à des expositions en pause longue plus flashs. Chacun déclenchera son appareil en même temps (ou presque), puis on déclenchera les flashs... simple dans la théorie, pénible comme un plan de reprise d'activité de production bancaire dans la réalité (les connaisseurs apprécieront... pour les autres c'est - comment dire - imaginez votre plus douloureux souvenir d'enfance. C'est pire).
Les cellules de déclenchement des flashs déconnent, les flashs déconnent. Les gens ne déclenchent pas au bon moment. La mise au point n'est pas bonne. Les frontales ne sont pas toutes éteintes. Avec mon grand angle je vois le trépied des voisins. Les batteries de Philippe sont épuisées. Christophe a besoin d'un éclairage puissant pour faire la mise au point sur ses deux appareils compacts... après une bonne heure d'essais divers, on arrive enfin à des clichés décents. En revanche, l'humeur du modèle s'est dégradée de photo en photo, et ça pourrait donner une animation image par image assez amusante. Emilie, dépourvue d'appareil photo et sans rôlé dédié à la prise de vue, somnole, maintenue en vie uniquement par la chaleur d'une dudule.

Changement de lieu, plus bas effectivement on trouve des gours assez photogéniques, surplombés de belles concrétions comme partout dans la Combe. C'est à nouveau la guerre pour poser les quatre trépieds : même en se serrant bien, chacun aura un point de vue différent. Pour ma part, les flashs directement dans le champ rendront les photos inexploitables... Alors que nous sommes en train de nous déployer survient l'incident stupide : Philippe trébuche dans un gours, n'arrive pas à se ratrapper, handicapé par son appareil photo en bandoullière, et finit par se cogner sérieusement le genou. Avec Delphine, il quitte la cavité tant que la blessure est encore chaude (bilan : privé de Marguareis). Le malheur des uns... fait que Gaëtan récupère un trépied, ayant oublié le sien (mais pas les 5 valises blindées). De là à imaginer un complot, il n'y a qu'un pas. Nous positionnons nos flashs, et testons différentes méthodes d'éclairage. Emilie fidèle à son habitude roupille à nouveau, sauvée de l'hypothermie par une Ariane.

Nous décidons d'exploiter un dernier spot photo, au-dessus de la vire. Le lieu est photogénique car il y a du volume, on peut positionner du monde sur la vire pour donner de la profondeur, enfin, du plafond pend une forêt de fistuleuses.
Yannick, Emilie et Luc vont faire les modèles et déclencher les flashs à la main. Encore la même lutte territoriale pour poser les trépieds. Avec le grand angle je vois les camarades sur les côtés et les pieds des trépieds... On va donc allonger un peu la focale. Les cellules de déclenchement des flashs atteignent des sommets de non-coopération. Nos modèles vont donc déclencher à la main la plupart des flashs. Une bonne heure plus tard, nous avons quelques clichés viables, et des modèles plutôt fatigués. Ils devraient pourtant être ravis d'avoir servi la Science en passant 3/4 d'heure sur une vire, ou en restant caché dans un trou à rats pour déclencher un flash.

Il est temps de plier les gaules, nos ingrats assitants logistiques ont dépassé leurs limites de patience, et nous frisons la jacquerie. A la sortie, Luc déséquipe l'accès historique, Emilie la Rochotte.

Retour au gîte pour quelques ablutions, puis direction la salle des fêtes pour l'apéro et la suite... Philippe nous revient canne à la main et jambe raide. Ça ne lui coupera heureusement pas l'apétit pour autant, ni le goût pour la bière artisanale : un tel stoïcisme ne peut que forcer l'admiration. Des passages cultes de Full Metal Jacket et des Tontons Flingueurs égaient l'apéro mais ne sont pas forcément du goût de tous... Nous faisons au vidéoprojecteur un premier visionnage des photos prises dans la journée. Bière, barbecue, dessert et au lit pour les masses.
Après avoir joué au lightpainting laser, les plus valeureux finiront la soirée au bizarre dans la cuisine, dans une configuration qui n'est pas sans rappeler un certain film avec Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche et Jean Lefebvre... Les bouteilles sans étiquette se succèdent et déssèchent les gencives quand elles ne font pas couler les yeux. Le combat reste toutefois inégal : l'Homme aura raison de la Matière. Comme il ne reste plus que des cadavres et que la nuit est bien avancée, il est temps de se coucher avec pour compagnie une bouteille d'eau contre la gueule de bois et un bon bouquin. J'ai d'ailleurs déjà repéré dans la bibliothèque une très belle édition de la Divine Comédie... mais mon regard tombe aussi sur l'intégrale de La survivante, de Gillon. A cette heure tardive, un ouvrage léger sera plus propice au sommeil que la littérature toscane du XIVème siècle.

Dimanche, l'apéro suivra le petit déjeuner sans transition. Démonstration de logiciels de traitement de photo : l'utilisation de format RAW est une nécessité pour qui veut développer ses photos numériques. Impossible de visualiser les photos 3D de Christophe, faute de matériel idoine. Je commence mon trombinoscope des Abimés en mode "gros pif" avec le 16 mm (barres de rire assurées). Après le barbecue, journée familiale : visite de l'ancien haut fourneau de Val Suzon (en cours de restauration), et d'une exsurgence repérée par Fabien. Cette dernière attise notre instinct de spéléo, d'autant plus qu'il y a de l'air (amis fumeurs, vos sucettes à cancer sont enfin utiles)... peut-être une désob à venir? La roche est bien pourrie par la gélifraction et l'endroit a l'air d'être un vrai gruyère.
Nous abandonnons le projet de nettoyage du matériel dans le Suzon : celui-ci est à l'étiage, à l'image de la Combe aux prêtres. Le matériel partira tel quel au Marguareis... Il est temps de rejoindre la capitale.


Samuel

Participants

Yannick A. , Fabien C. , Sylvain C. , Philippe K. , Samuel L. , Emilie M. , Delphine M.

Commentaires

Commentaire posté par Samuel le 21/10/2011
up, Christian!
si on cherche "speleo concours de bite" aujourd'hui sur google, on est *premiers*!
yeaaah!

Commentaire posté par christian le 21/09/2011
2 jours et donc 3 photos spéléo ! Encore un week-end bière raclette .... Dommage je serais bien venu.

Commentaire posté par Christian le 21/09/2011
Merci Samuel. Nous somme 4eme dans google si nous cherchons :
speleo concours de bite !

;-)

Commentaire posté par Alain le 19/08/2011
En lisant le recit je comprend enfin pourquoi, il a fallu nettoyer en rentrant des cordes non utilisee au Marguareis :)

Commentaire posté par Hugo le 12/08/2011
bah elles sont sympa tes photos! en effet ca me rappelle novembre dernier! Ce point de vue est tout de meme très photogénique!
Le mec du club local ma donné son numéro, je l'appelle ce week end!
Tes photos de Scarasson étaient cool aussi, dommage qu'il n'y en ai pas eu plus!

Commentaire posté par Hugo le 11/08/2011
Voilà une sortie dont j'aurais sacrément aimé faire partie!
Mais faire une sortie photo, rédiger un compte rendu aussi hilare et ne mettre que une seule photo, c'est se foutre de la gueule du monde! Vivement les prochaines!!
Histoire de donner des nouvelles du fin fond de la Russie, j'ai repéré le club spéléo local et m'apprête à les contacter, je vous tiens au jus!

Commentaire posté par Samuel le 11/08/2011
cool d'avoir de tes nouvelles mon p'tit Hugo!
Comme je suis pas un chien, j'ai posté deux vraies photos spéléo. Elles vont te rappeler celles que tu avais prises en novembre dernier. On a encore du boulot... on se sert de nos flashs comme des branques et on a tendance à éclairer façon baraque foraine. Prochaine étape donc, apprendre composer notre éclairage, faire des beaux contre-jours pour mettre en valeur la texture des parois etc.
J'espère que tu vas pouvoir faire de la spéléo dans ton coin perdu! Tu vas nous ramener de nouvelles techniques spéléo si ça se trouve. Tiens nous au courant et jette un oeil à mes photos du Scarasson à l'occasion...