Trépidantes aventures aux Cavottes

Date
10 décembre 2011

Durée
7h

Type de sortie
Classique
Département
Doubs (25)

Massif
Jura

Commune
Montrond-le-Château

Photos







En voir +
Descriptif / Compte-rendu

J'avais pourtant dit que je prenais ma retraite pour les comptes-rendus, mais personne ne semble motivé à endosser le noble rôle de Conteur afin de narrer nos palpitantes aventures aux Cavottes, cavité d'initiation ô combien décriée. Je vais donc dépiler le dossier, sans pitié aucune.

Nous voici donc une belle équipe de gagnants à quitter Paris pour un week-end dans le Doubs : Sylvie, Aurélien, Alain, Laurent, Patrice et votre humble serviteur. Deux désistements hispanophones plombent les statistiques en termes de parité homme-femme. Bien que la météo ait été ingrate, nous avons nos néoprènes avec nous dans l'espoir de visiter la grotte de Chauveroche.
Peine perdue, le propriétaire du gîte - sis au joli village de Mouthier-Haute-Pierre - spéléo de son état, nous fera comprendre à mi-mot que c'est plutôt une mauvaise idée d'aller dans cette cavité. Les voûtes mouillantes pourraient siphonner au retour, et personne n'a envie de rencontrer parmi les secours un gars dont les premiers mots seront "je vous l'avais pourtant bien dit!".
Sylvie le-lapin-Duracell n'a pas épuisé ses piles : elle est venue pour se faire mal (sic) et envoyer du lourd avec des trous comme le Scialet Robin (re-sic). Manque de pot, Gamine, nous avons avec nous un débutant et un camarade dont la dernière sortie spéléo remonte à un 29 février, la compétition sera pour un autre jour. Et comme la météo y met du sien, nous devons nous rabattre sur une cavité qui ne craint pas la crue et qui ne fait pas rêver : les Cavottes. C'est un peu à reculons que nous nous résignons à aller dans ce qui nous semble un cloaque sans intérêt (l'humilité, tu l'auras saisi, ami lecteur, n'est pas notre fort)...

Le parking près de la grotte est occupé par des véhicules franciliens... visiblement la pluie a contraint d'autres groupes à aller ici. Il va y avoir la queue comme un premier du mois aux guichets de la RATP, et avec un peu de chance on y rencontrera les mêmes têtes.
L'entrée de la grotte se trouve au fond d'une doline rendue bien grasse par la pluie. Un bout de nouille nous assure et facilitera la sortie.
À ma grande surprise, je révise mon jugement sur la cavité (seuls les cons, paraît-il, ne changent pas d'avis... mais l'inverse n'est pas vrai pour autant, méditez bien là-dessus). En effet, une fois dans la grotte, on a de bien beaux volumes assez étonnants, et la salle du chaos pourrait mériter une pause photo (d'ailleurs celles-ci rendent bien honneur à la cavité). Nous y croisons un premier groupe de spéléos sur le retour avant de nous glisser, tels des morpions géants, dans la diaclase et des failles qui nous mènent de proche en proche au premier passage à équiper d'une vire. Aurélien nous équipe ça confortablement d'un tournemain. Un petit passage un peu étroit sur la droite et nous arrivons dans une belle galerie spacieuse et tellement régulière que l'on se croirait dans la Grande Pyramide. Sur sa droite, un plan incliné suivi d'un ressaut de 7-8 mètres qui se descend tout seul. Le plafond est bien haut, la roche bien blanche, ciselée par l'eau donne un spectacle de canyon souterrain assez agréable. Nous nous engageons dans une succession de galeries fossiles entrecoupées de barres rocheuses et d'arches naturelles. Cette partie de la cavité fait davantage penser aux catacombes de Paris ou à une carrière souterraine qu'à une grotte. Nous arrivons au bout du chemin pour ce niveau du réseau et cassons la croûte en haut du premier P20. Des spéléos sont justement en train de remonter, couverts de boue jusqu'aux sourcils et nous échangeons les habituelles histoires de spéléo ("tu connais untel?", "vous avez fait telle grotte?", "ah, c'était mieux avant", "l'électrique c'est mieux que l'acéto mais ça chauffe moins" etc.).
Au pied du P20 nous attend une longue étroiture, accessible par une boîte aux lettres pour contorsionnistes, ou par un passage désobstrué. Pour Alain qui avait déjà visité cette cavité en encadrement d'initiation, c'était le terminus : au-delà, c'est Terra Incognita. On sous-estime souvent les cavités d'initiation, et l'on s'arrête alors que ça commence à devenir intéressant. Un ramping dans un tuyau de section triangulaire guère plus large que le bonhomme nous mène à un petit ressaut, suivi d'une vire qui conduit au dernier P20.
En bas, ça devient moins accueillant et on comprend mieux l'aspect boueux des collègues croisés plus haut. Les bottes et les chaussures se remplissent vite d'un purin glaiseux extrêmement désagréable au contact. Les galeries de taille humaine rappellent les catacombes, version cloaca maxima. Faute d'avoir la topo sous la main, nous suivons les collecteurs vers l'aval pour finalement rejoindre le collecteur principal, méandriforme. Une sentinelle déposée par un spéléo indélicat monte la garde sous un joli couvert fongique. Le méandre est étroit et bas de plafond, nous progressons en rampouillant et en roulé-boulé entre le haut du méandre et le plafond. Au même moment où Laurent déclare forfait, Aurélien, devant nous, pris d'un malaise subit (le pâté mangé la veille sur l'autoroute?), dépose bien avant l'Épiphanie une galette royale dans ledit méandre. Cet événement cataclysmique marque l'heure du retour. En définitive, le lac terminal se mérite un peu : une fois de plus, ne pas sous-estimer les cavités d'initiation.
Je clos la marche dans le P20 et motive Patrice sur la base de tirades de Full Metal Jacket ("sors de mon obstacle sacré nom de Dieu! tu montes comme les vieux baisent!") : chez Abimes, on aime le comique de répétition. Laurent n'est pas en reste et joue le spéléo de Bayonne à sécher une bonne éternité et demie sur la vire. Tenir la corde à mes deux camarades Helix speleoformis sous un puits légèrement arrosé m'a suffi à être glacé jusqu'aux os. Le P20 remonté en mode sprint et le déséquipement me réchauffent un peu, re-passage étroit, plus simple qu'à l'aller (suggestion, en cette période de récession et de plans de rigueur : pour faire des économies, proposer des cercueils de section triangulaire, ça consomme moins de bois), et je passe la main à Alain pour le déséquipement du second P20. Nous courons derrière une Gamine qui cavale comme un jeune chiot, jusqu'au ressaut où la sortie demande un peu de doigté. Patrice, sur mes indications, aura une sortie plus élégante que moi tandis que Laurent resté pendu trop bas sur ses longes mal réglées va rester sécher quelque temps... Aurélien et Sylvie ferment la marche, cette dernière souhaitant apprendre à déséquiper. Le retour est rapide, ponctué de petits passages techniques dans faille et diaclase.
J'en vois certains sourire à l'association des mots "technique" et "Cavottes". Certes. Relativisons. Disons que la remontée des passages étroits devait être une partie de rigolade au moment de la découverte de la cavité, et pour cause, il y avait plein de prises. Maintenant, la roche polie comme la chouette de Dijon est glissante comme du marbre. Ajoutons à cela pour certains un surplus pondéral dû à l'inactivité et à la bonne chère, et ça devient un peu plus compliqué.

Nous nous déséquipons sous la pluie avec, une fois n'est pas coutume, une petite bière pour remonter le moral.
De retour au gîte où nous attendent les lasagnes préparées le matin par Patrice, la motivation de visiter une seconde cavité le lendemain s'estompe en même temps que le vin d'Alsace - vendanges tardives - s'évapore. La leçon sur la perte de poids n'est pas retenue : plat de lasagne et vin fondent comme neige au printemps (pour venir plus tard s'installer par un curieux transfert de matière sous forme de gras-qui-tient-chaud).

(deux courageux, Sylvie et Alain, iront quand même mouiller leur néoprène le lendemain dans la grotte de Noailles pendant que le reste de l'équipe se laissera glisser dans un doux farniente et l'ingrat nettoyage de matériel)

Samuel

Participants

Sylvie-Aline D. , Alain G. , Patrice H. , Samuel L. , Laurent R. , Aurélien S.

Commentaires

Pas de commentaires