Les malheurs de la crue : sortie photo aux Cavottes

Date
21 janvier 2012

Durée
8h

Type de sortie
Photographie
Département
Doubs (25)

Massif
Jura

Commune
Montrond-le-Château

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Décidemment, la météo n'est pas avec nous en ce moment.
Le plan initial, c'était l'encadrement de deux grands débutants aux Cavottes, et deux équipes aux Biefs : une équipe d'encadrement pour débutants et une équipe de masochistes partis pour s'engager jusqu'au siphon (parmi laquelle votre humble serviteur). Or voilà : la région est en crue. Le sol est une éponge, le Doubs sort de son lit. Les grandes eaux bibliques.
Nos débutants pour les Cavottes nous laissent tomber. Jean, déçu de ne pas mettre ses bottes dans le Verneau, préfère passer son tour. Finalement, l'organisation s'oriente vers une sortie d'initiation en groupe unique à la Légarde.
Démotivés, nous sommes pour certains à la limite du désistement. Gaëtan qui voulait, pour sa première sortie spéléo depuis l'été, encadrer pépère aux Cavottes, n'a pas envie d'aller à la Légarde. Alain s'est blessé le dos le matin et n'est plus certain de pouvoir partir... Enfin, pour ma part, j'ai bien envie de marcher dans les pas de Jean et de passer un week-end à buller sur Paname. À l'heure du rendez-vous dans le local matos, nous sommes donc trois à chercher une bonne excuse pour ne pas bouger.
Or voilà l'élément qui va changer la donne : compte tenu des conditions météo, le matin même, Yannick avait suggéré d'emmener un kit photo pour monter une équipe photo.
C'est ainsi que l'idée d'une sortie photo aux Cavottes voit le jour et que tout le monde finit par partir. S'il n'y a pas de Dieu pour les spéléologues, il y en a au moins un pour les photographes.
Motivé par ma première visite dans ce cloaque cette belle grotte aux dimensions remarquables, je m'étais justement promis d'y retourner exclusivement pour prendre des photos (voir l'épique premier épisode ici). Cavité décriée, mais photogénique, du moment que l'on aime le fossile. Qu'on se le tienne pour dit, je ne compte pas remettre les pieds aux Cavottes avant un paquet de temps : ça reste encore sympa de faire de la (vraie) spéléo.
Pendant que nos camarades se font rincer à la Légarde, nous voici donc avec Alain et Gaëtan dans une grotte sèche comme un cœur de banquier.
Première constatation : quand on retourne dans une grotte, elle est beaucoup plus petite que la première fois. De fait, j'abandonne certaines idées de clichés. A moins d'utiliser des Action Man pour donner l'échelle, les photos seraient ridicules.
La journée va s'écouler en mode nerd. Je peux parler TTL, nombre guide, focale, ouverture, photo macro, objectif 16-35 mk1 f/2.8 série L, mais on n'est pas sur un forum de photo. En fait, pas grand'chose de palpitant à raconter : rester une demi-heure au même endroit pour sortir un seul cliché montrable ne se raconte pas. Ce qui ne se raconte pas non plus, c'est la progression spéléo aux Cavottes, et pour cause : il n'y en a pas (deux trois bouts de nouille par-ci par-là... rien qui mérite une ligne). Le parpaing que constitue le kit de photo n'est même pas pénible à promener. On pourrait presque venir avec des flight cases remplies de flashes de studio, un groupe électrogène et un mini-frigo pour garder nos bières au frais : ça se passe un peu comme si nous étions dans un immense studio de photo souterrain. Certes, nous manquons cruellement de modèles féminins. La prochaine fois, nous proposerons une thématique latex/bondage et on aura peut-être des candidates. Une fois piégées, elles devront se résoudre à prendre la pause avec des combinaisons boueuses de spéléo.
Nous passons trois heures dans un bout de galerie à photographier de très belles fleurs de gypse et des cristaux de calcite. Alain, n'ayant rien d'autre à faire que regarder deux gros geeks tripoter du flash et causer profondeur de champ et lumière incidente, se démotive assez rapidement et part se balader un peu. Avec Gaëtan, nous multiplions les prises de vue. Et si je peux m'estimer patient en photographies, Gaëtan est d'une autre dimension. C'est tout bonnement un acharné du déclencheur. Là où je range le matériel en disant que le mieux est l'ennemi du bien, il lui reste encore dix photos à prendre. Une espèce d'alchimie malsaine fait que nous restons comme des autistes à photographier encore et encore jusqu'à l'obtention du meilleur résultat, et c'est finalement la faim et la vessie au bord de l'explosion qui nous feront quitter cet endroit magnétique.
Changement de dimensions, on repasse au grand angle pour mettre en valeur les volumes et les galeries de la grotte. Nous nous retrouvons dans des conditions de prises de vues spéléo un peu plus standards. Les contre-jours dans des galeries, les paysages souterrains... Malheureusement, nous sommes plutôt équipés légèrement en flashes : pas de déclencheur radio et pas de possibilité de synchroniser facilement les flashes. Nous optons pour l'open flash en pause longue. On reste sur une moyenne d'une demi-heure par cliché réussi... la photo souterraine est une école de patience et d'humilité. Avec seulement trois flashes, les choses sont aussi moins faciles, on aimerait tant avoir plus de lumière! En tous cas, Alain se reprend au jeu d'autant plus que nous ne sommes plus dans un mode de photo statique...
L'heure tourne, et nous nous résolvons à plier les gaules après pas loin de huit heures passées sous terre.
De retour au gîte, il se trouve que nous sommes les derniers à rentrer : et pourtant, zéro progression spéléo, c'est là toute l'ironie!

Samuel

Participants

Alain G. , Samuel L. , Gaëtan P.

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