Retour à Baudin

Date
18 février 2012

Durée
2j

Type de sortie
Classique
Département
Doubs (25)

Massif
Jura

Commune
Nans sous Sainte-Anne

Photos







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Descriptif / Compte-rendu

De retour à Baudin, et pourtant, ça a été une longue histoire... nos dernières sorties avaient été limitées par la pluie (les Biefs Boussets annulés et remplacés par des cavités plus sèches, une sortie en rivière annulée et transposée aux Cavottes...). Jusqu'à la dernière minute, nous avons hésité à nous engager dans une sortie spéléo avec une météo aussi incertaine. Certains par prudence s'étaient déjà désistés pour des plans plus sûrs, comme faire du BTP à la combe aux prêtres. En effet, pour ceux qui connaissaient déjà Baudin, la perspective de ne pas aller plus loin que la galerie des Momies n'était pas vraiment motivante. Encore moins motivant : rester bloqué par la montée des eaux de l'autre côté des Momies, passage réputé se désamorcer d'autant plus lentement qu'il siphonne rapidement... Cette sortie programmée longtemps à l'avance, en pleine période de crue, n'était donc pas gagnée d'avance!
Pourtant, par chance, la semaine qui précéda notre sortie aura été relativement sèche. Les propriétaires du gîte de Nans sous Sainte-Anne nous assurent que les Momies sont à l'étiage. Baudin est à nous. L'équipe sera constituée de Marie-Anne, Cindy, Vladimir, Vincent, Jean, Sylvain, Alain et moi-même.

Il a fait froid et une mince couche de neige couvre le Jura... mais pas assez pour noyer notre grotte à la fonte! Nous arrivons dans la nuit au gîte et trouvons dans la salle commune tout un chaos de matériel spéléo : casques gras d'argile, bidon, et diverses bouteilles entamées. Nous ne serons pas seuls, des confrères belges sont déjà là. Nous vidons le pack de bière prévu pour l'arrivée au gîte et au lit dans nos dortoirs. Le ronfleur se retrouve isolé avec le possesseur de boules quiès. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Au petit déjeuner, nous croisons nos camarades belges qui ont pour certains visité Baudin la veille : ils nous confirment que ça passe.
L'avantage du gîte du Lison, c'est que l'on s'équipe et déséquipe sur place pour aller à Baudin, et que le sentier pour la marche d'approche commence derrière le gîte.
Nous prévoyons d'emblée de nous scinder en deux groupes : pour Cindy, Marie-Anne, Sylvain, Alain et Vincent, objectif minimum “le Tripode”, et objectif “jusqu'où ça passe sans néop” pour Jean, Vladimir et moi-même. Nous laissons au premier groupe une petite avance avant de nous engager. La première partie de la cavité avec son ramping reste conforme à mes souvenirs. Un peu de crapahut et nous arrivons au shunt de l'actif, via un toujours étroit boyau qui débouche au dessus de la cascade. Dans mes souvenirs la tête de puits était plus péteuse (Emilie en fit d'ailleurs les frais au retour) : en fait, sans aller jusqu'à dire que c'est confort, ça passe plutôt bien. Le pendule qui m'avait un peu impressionné l'an passé se passe les doigts dans le nez... mais on ne peut pas en dire de même de la vire sur laquelle je sèche comme de la Morteau dans un fumoir. Mes longes sont beaucoup trop longues et je tire sur mes bras comme un âne pour un exercice qui devrait relever de la routine. Nous rejoignons nos camarades au pied de la vire et Vince m'accueille donc avec un bienveillant “alors t'as séché sur la vire mon gros”... On repart dans l'actif en mode Disneyland : nous jouons en opposition pour ne pas tomber dans les marmites. Les groupes s'inversent et nous ouvrons la marche avec Jean et Vladimir, Cindy n'étant pas encore tout à fait à l'aise dans ces acrobaties. N'ayant visité qu'une seule fois cette grotte, j'ai pourtant l'impression de retrouver un lieu familier, que mes pas se posent exactement là où ils s'étaient posés l'an passé. On retrouve ce petit passage d'escalade un peu tendue en amont d'une cascade, où nous avions posé une corde lors de notre précédente visite. Vladimir avec son expérience de grimpeur nous escalade l'obstacle comme s'il avait fait ça toute sa vie, pour notre part de purs spéléos, c'est beaucoup moins fluide, mais ça passe, avec tout de même une question en suspend : au retour, on fait comment?
L'Oreille me semble plus petite que dans mes souvenirs. Je suppose que cette sensation n'est pas propre à la spéléo : lorsque nous visitons un lieu pour la seconde fois, il nous semble toujours moins grand, moins impressionnant que dans nos souvenirs. Probablement parce que l'imagination nous a permis d'une certaine manière de nous approprier les lieux.
Nous faisons halte à la Plage, où nos camarades finissent par nous rejoindre. Cindy a pris un bain forcé là où nous avions peiné à escalader : la corde n'aurait pas été un luxe.
Ayant déjà mangé, nous laissons sur place nos camarades qui se donnent pour objectif maximum le Tripode, d'autant plus que notre portugaise préférée, roulée dans sa couverture de survie, risquerait de se refroidir sur une sortie plus longue...
Vladimir ouvre la marche et court comme un gosse dans un magasin de jouets, nous n'échangeons pas un mot avec Jean, mais on peine à le suivre. Nous payons clairement notre amour pour toutes ces choses qui sont mauvaises pour la santé (à commencer par le fromage, le vin, la charcuterie...).
Bien qu'ayant peaufiné son pipeau géologique depuis l'an passé, Jean ne trouve toujours pas d'explication à la desquamation de la galerie des plaquettes.
Nous croisons une équipe de nos camarades belges, qui sont sur le retour, dans la salle Belauce précédant le Tripode. D'ailleurs, tant qu'on parle de vous, les mecs, j'ai lu votre sympathique compte-rendu :

  • on s'était justement séparé en deux groupes pour pouvoir tracer
  • c'est sympa de reprendre des morceaux complets de mon compte-rendu de l'an passé : content que mon style vous plaise, c'est la rançon du succès (allez, bisous et sans rancune!)
Le Tripode est toujours là, fidèle au poste. On peut se demander comment une botte maladroite n'a toujours pas cassé cette fragile concrétion, preuve que même les spéléos les plus mal dégrossis sont encore capables de délicatesse et de prudence. Nous prenons la traditionnelle photo souvenir et reprenons notre chemin. On alterne galeries et éboulis dans des salles portant des noms qui fleurent bon le colonialisme pour finalement arriver au dessus de ce que la topo nomme “le bassin merdique”... Vladimir part en exploration. Jean allume sa “clope de fin de grotte” car nous avons compris que c'est à partir d'ici que la néoprène s'impose. Vladimir nous revient après s'être mouillé jusqu'au raisonnable. Nous découvrirons la suite dans l'autre sens, lorsque nous ferons la traversée du Verneau.

Le retour se passe presque sans histoire. Presque.
De retour sur l'éboulis qui mène au Tripode, nous peinons à retrouver notre chemin. Nous nous déployons pour trouver la suite, avant de capituler : plus ça va, moins les passages nous évoquent de souvenirs. Jean sort donc sa topo... et laisse tomber les planches qui nous intéressent dans l'éboulis! Sous nos encouragements, car il vaut mieux en rire qu'en pleurer, il se démènera pour tenter de récupérer la topo. J'immortalise la situation en photo. Après quelques contorsions et avoir commencé de la désobstruction, ce dernier finit par récupérer la totalité du plan. Ne jamais sous estimer les trous dans les éboulis... c'est d'ailleurs par un de ces trous que nous attend le chemin du retour.
Nous faisons la désescalade du passage péteux au-dessus de l'actif sans corde, probablement parce que Vladimir avec ses réflexes de grimpeur nous a ouvert la voie. L'autre groupe aura assuré la même descente par corde pour éviter un bain aussi près de la sortie. Pour ma part, je raterai un pas un peu plus loin et prendrai un bain intégral dans une marmite, une manière comme une autre d'assurer ma thermorégulation. Nous rejoignons la première équipe avant la vire, vire qui se passe bien mieux qu'à l'aller, avec une longe longue bien réglée.
On perdra ensuite Vladimir une fois sur le chemin, qui s'étant aventuré trop loin s'est trompé de bifurcation et s'est fourvoyé dans un boyau borgne et glaiseux au lieu de s'engager dans la salle Hope (sic).
Enfin, dans la dernière partie, nous faisons une boucle digne de Blair Witch project. En choisissant le mauvais embranchement, nous arrivons au pied de l'échelle spéléo dont nous ne devrions voir que l'amarrage! Je repère cette échelle, et la fatigue aidant, me dis que c'est le bon chemin : à aucun moment je ne calcule que l'on ne voit pas la bonne extrémité de cette échelle. Nous nous aventurons donc dans des boyaux inconnus, bas et assez gras. Jean nous revient à un moment couvert de boue avec une évidence : ce n'est pas par là! Demi tour, et arrivée à l'échelle, l'évidence nous saute aux yeux : nous sommes un niveau trop bas, et Jean s'était engagé dans la bien nommée “galerie de la boue”. Nous réfléchissons un instant sur la possibilité de faire demi-tour, afin de retrouver l'embranchement où nous nous sommes perdus... mais ça ouvre la possibilité de se perdre encore plus. Finalement, nous empruntons le chemin ouvert par l'échelle. Celle-ci est équipée avec une corde d'assurage statique de 10 mm, que nous utiliserons plutôt que de perdre de l'énergie sur ce foutoir instable qui fut pendant si longtemps le seul outil de progression verticale de nos prédécesseurs. Nous avons probablement perdu une heure à tourner en rond... Une fois au bon niveau, le retour se fait d'une traite, en suivant le courant d'air de plus en plus fort. Nous ressortons de la grotte à l'issue de près de 12h sous terre.
Cette fois-ci nous ne nous perdons pas sur le sentier du retour vers le gîte : l'an passé nous avions atterri à l'autre bout du village.

Nos camarades nous attendaient de pied ferme, apéro à l'appui, et commençaient à devenir un peu inquiets de notre retard. Encore une histoire qui se termine sur une raclette avec du fromage acheté à la fromagerie du Lison et de la Trobonix. Les insomniaques finiront la soirée au coin du feu, à boire les trucs bizarres qu'il nous reste...

Il a neigé en altitude dans la nuit, et les sommets saupoudrés de blanc nous offrent pour le petit déjeuner un paysage enchanteur. On ne peut qu'avoir une pensée pour les petits camarades restés à Paris... Personne n'arrive vraiment à se motiver pour aller sur la via ferrata ou bien remettre son matériel gluant pour visiter une nouvelle cavité. C'est donc après le farniente, la remise en état du gîte, et l'achat de produits locaux à la fromagerie, que nous levons l'ancre direction Lutèce.


Samuel

Participants

Jean C. , Cindy C. , Sylvain C. , Vladimir D. , Alain G. , Vincent K. , Samuel L. , Marie-Anne N.

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