Un sherpa aux Biefs

Date
13 mai 2012

Durée
10h

Type de sortie
Classique
Département
Doubs (25)

Massif
Jura

Commune
Deservillers

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Imagine : un petit puits, un méandre spacieux, d’autres petits puits, d’autres méandres moins spacieux et, enfin, une rivière et un siphon (option bonus : séance de reptation dans la boue). Voici le programme de la journée (et de la nuit vu qu’il faut faire le trajet retour aussi).

Abimes, comme à son habitude, ne se lève pas tôt, même si ce n’est pas encore tard. Bref, c’est encore le matin. Je te passe la classique description de l’arrivée tardive au gîte et de la traditionnelle séance d’hydratation qui s’en suit, pour décrire tout de suite, car cela est bien le nerf de la guerre, le menu souterrain du midi : pâtes, tomate séchée, cubes de rôti, crème fraîche... (les trois petits points étant pour les ingrédients secrets de Sam), ce n’est pas encore cette fois que l’on mourra de faim sous terre.

Il fait encore gris à tendance humide (l’amélioration est prévue pour l’après-midi) quand nous embarquons dans la première voiture, celle de l’équipe d’équipement de la cavité. L’autre équipe nous rejoindra plus tard avec la nourriture, qui n’a pas encore sauté toute seule dans les ziplock.

Un joli troupeau de vaches montbéliardes, mondialement connues pour tous les bons fromages qui se font avec leur lait (je n’en ferai pas l’inventaire à la Prévert, de peur d’en oublier quelques uns), nous accueille par travers la brume.

Je me lance en premier dans le canyon d’entrée pour équiper jusqu’à la charnière, relayé par Aurélien pour la suite. L’équipement est facile, pas à trop se creuser la tête : les broches sont bien visibles. Même si quelques fois on peut se demander quelle a été la philosophie d’installation et la technique justifiant l’angle de plantage de la broche. N’étant pas un spécialiste de ce genre de travaux, je donne la langue au chat.

Nous sommes rejoints par la deuxième équipe un peu avant la salle de la décantation, qui sera aussi le lieu de notre repas du midi. On pourrait rebaptiser cette salle la salle de la germination, vu que toute une petite forêt est en train de pousser à son entrée. Débauche d’énergie vouée à l’échec pour toutes ces graines. Elles ont été entrainées par le torrent qui se jette dans le gouffre lorsqu’il fonctionne en perte, et se retrouvent piégées ici-bas, sans l’espoir de ne jamais voir la lumière, exceptée celle de quelques spéléo, ce qui sera de toute manière insuffisant pour envisager la moindre espérance de survie. La feuille nouvellement germée, déjà jaune de l’absence de lumière, va bientôt flétrir, une fois que le cotylédon aura dépensé ses dernières réserves d’énergie.

Nous avons, nous, encore nos réserves d’énergie, du moins assez pour nous élancer dans le premier méandre, les premiers passages bas et étroits, les premières bagarres avec nos kits... et notre sherpa pour l’un de nous. Car, il faut bien l’admettre, c’est le seul a avoir joué le jeu pour l’occasion, l’objectif de la sortie étant de se tester dans la cavité jusqu’au siphon des Patafouins en vue de la traversée du Verneau (à une date ultérieure à programmer en fonction des aléas quotidiens et des us et coutumes de chacun, donc prochainement), donc de charger la mule pour le passage du méandre.

Et oui, seul Yannick s’est chargé de son sherpa, y a roulé en boule son bas et son haut de néoprène, et rajouté quelques bougies et bouteilles d’eau. Nous autres promenons tranquillement, qui un peu de corde, qui un ou deux bidons étanches, qui une bite de carbure, dans des kits bien moins volumineux. Certes, certains diront que le kit contenant les 100 mètres de corde, pris au cas où les derniers puits n’aient pas été équipés en fixe, à trimballé dans le méandre n’est pas non plus une partie de plaisir, mais qu’il(s) se réjouisse(nt), la corde n’était pas mouillée.

Car c’est en bas des puits finaux que commence la partie aquatique. Quel "plaisir" que de s’enfoncer dans ces petites voûtes mouillantes créées par des gours, qui, d’un premier abord font penser qu’il faudra désagréablement ramper dans l’eau froide, mais où l’on s’aperçoit en fait qu’il faudra désagréablement s’enfoncer dans l’eau (toujours froide) jusqu’au cou... L’eau est indubitablement plus fraîche qu’en Thaïlande et nous n’avons pas de néoprène (sauf Yannick, mais toujours roulée en boule dans son sherpa), mais c’est là le seul passage pour atteindre le collecteur, et donc la rivière du Verneau souterrain.

La rivière est enfin atteinte, facile de progression, un véritable boulevard par rapport au méandre précédent qui nous a fait chauffer. Les voutes mouillantes nous ayant bien refroidis, c’est d’un pas décidé que nous avalons le plus que kilomètre qui nous sépare du siphon.

Siphon qui arbore son profil le plus connu : une vasque d’eau surmontée d’une "somptueuse" mousse de crue, variant du presque blanc au marron olivâtre... ne donnant l’envie à personne de tenter sa traversée en apnée, même si une corde guide plonge dans le liquide mousseux, menant peut-être jusqu’à l’autre côté.

Tournant le dos au siphon, nous montons vers la cheminée des Dentelles, où une corde est censée être installée pour pouvoir shunter le bain moussant. Le chemin pour y arriver est digne d’un combat de boue, car il faut monter le talus plus qu’argileux au-dessus de la rivière et glisser plusieurs dizaines de mètres dans la gadoue jusqu’à deux puits adjacents qui sont la partie finale de l’affluent de la Vieille Folle, et où se trouve la cheminée des Dentelles.

La corde est bien là, notre timing indicatif respecté : 5 heures pour atteindre la cheminée, en équipant et à sept personnes. Il est temps pour nous de retourner vers la surface.

Deux équipes s’affrontent à la remontée : ceux qui sont propres et ceux qui sont allés voir la cheminée des Dentelles. Les seconds sont plus prompts à utiliser les passages où il faut se mouiller allègrement, barbotages qui ont pour effet d’épurer un peu la combinaison de la fange qui s’y est collée.

La remontée dans les voutes mouillantes est acrobatique : soit on remonte la coulée stalagmitique la tête en avant, au risque de filer la tête la première dans le gour qui est juste au dessus de cette zone étroite à franchir, soit on se lance les pieds en premier, la tête en bas, sûr de ne pas atterrir la tête dans l’eau, mais sûr également de l’avoir toute rouge de sang accumulé le temps de faire ce petit exercice de reptation à l’encontre de la gravité.

La sortie n’est alors "pas loin" et Christian peut récupérer en haut des puits le kitounet de corde non utilisée pour repasser le méandre, lui qui l’avait gentiment confié à Fabien à l’aller, trouvant certainement que ce dernier progressait trop facilement. Yannick quant à lui se charge toujours de son sherpa, qui contient maintenant un ensemble néoprène savamment imbibé d’eau, et qui a une tendance à épouser toutes les aspérités du méandre, surtout quand c’est étroit et que ça bloque si on tire sur la longe.

Quelques petits noms d’oiseau et autres gastéropodes hermaphrodites sont "murmurés" à l’oreille des kits récalcitrants, sans beaucoup de réussite, tout du long de la remontée, et même au-delà des méandres kitophiles.

Tout le monde ressort content de lui, et Yannick sait maintenant qu’il n’utilisera pas ce sherpa pour la traversée du Verneau !

Retour au gîte pour rejoindre nos compagnons qui sont allés se promener dans les salles et galeries de la Baume des Crêtes pour le traditionnel festin du samedi soir. Occasion de constater qu’une perfidie s’est glissée parmi nous durant les courses du week-end, des yaourts aux fruits 0% étant découverts dans les victuailles. Probablement un coup du sort qui aura fait tomber le carton dans le caddie alors que nos approvisionneurs regardaient les fromages de l’autre côté du rayon...

C’est l’esprit serein, et le ventre plein, que nous allons nous coucher et le gite retentit bientôt des doux ronflements de spéléologues heureux... mais aussi de rires et de conversations de marchandage de quatre irréductibles s’adonnant à l’Abimopoly, jeux qui, gageons-en, a de beaux jours devant lui si tant est qu’un distributeur veuille bien le produire et le distribuer au grand public, à grands frais et à ses risques et périls. Car comme le disait si bien Fabien, entrouvrant la porte et nous voyant en pleine partie : « Vous jouez encore ?? Heuu, il fait jour là !!! ».

Sylvain

Participants

Yannick A. , Fabien C. , Sylvain C. , Christian D. , Samuel L. , Aurélien S.

Commentaires

Commentaire posté par Picsou le 23/05/2012
T'es chez moi, lĂ  !!!! Donne les thunes !! 7000 euros pour la nuit !