Aven de Noël

Date
17 mai 2012

Durée
6h

Type de sortie
Photographie
Département
Ardèche (07)

Massif


Commune
Bidon

Photos







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Descriptif / Compte-rendu

L'aven de Noël s'ouvre sous une plaque busée au milieu de la pampa, dont nous retrouvons rapidement l'emplacement grâce aux souvenirs de Yannick. Au delà de ladite pampa, en se mettant sur la pointe des pieds, on aperçoit les gorges de l'Ardèche : on a déjà connu des environnements moins accueillants.
Le camarade susnommé, remonté comme le lapin Duracell est prêt en cinq minutes et commence l'équipement. Arrivés dans la nuit, nous accusons le décalage horaire habituel et le soleil est déjà haut dans le ciel. Nous suons déjà rien qu'à nous équiper en pleine chaleur de midi, complètement désorientés par la météo locale (cinq jours plus tôt, nous nous équipions sous un crachin franc-comtois...). Le temps de finir qui sa salade de pâtes, qui sa clope, qui son pipi d'avant la spéléo, nous nous mettons en marche avec l'inertie d'un groupe de vingt personnes... à ceci près que nous ne sommes que quatre.

En termes d'équipement photo, pour paraphraser Audiard, nous avons des flingues de concours et sommes chargés à la magnum, en voici la liste à la Prévert : un Canon 7D avec un 50 mm F/1.4, un Canon 5D2 avec un 24-70 F/2.8, 9 déclencheurs de flash radio Cactus v5, 6 flashes réglables et 2 flashes d'appoint, une paire de talkies-walkies pour communiquer plus facilement (en effet, quiconque a déjà fait l'expérience de la spéléologie sait que l'on a beaucoup de peine à comprendre et se faire comprendre avec la réverbération du son dans les grottes). Pour autant, le suréquipement ne fait pas la bonne photo, mais au moins on se donne pour une fois les moyens d'essayer.

La cavité débute par une courte section équipée d'une échelle métallique fixe, suivie d'un petit ressaut qui ouvre un puits de 30 mètres. Au pied de ce puits, une plate-forme, succédée par un petit ressaut, une vire, et enfin le grand puits de 100 mètres. Nous rejoignons Yannick au niveau de la plate-forme et attendons dans le noir la fin de l'équipement : l'acéto étant interdite à l'aven de Noël, nous devons économiser nos batteries. On se dit aussi qu'il serait de bon ton de refermer la trappe de l'entrée... Jean qui vient d'arriver, dernier de l'équipe, devra remonter, poser une corde et refermer la plaque. Le temps pour lui de faire l'aller retour, l'équipement du P90 n'est toujours pas terminé, et rendus indolents par la chaleur ardéchoise, nous somnolons sur nos longes... Enfin, ça se débloque, le “liiiibre” tant attendu retentit : Seb descend, suivi d'Olivier. Le puits est étroit dans son premier tiers, et l'on voit bien bas les camarades au fractionnement inférieur : ce sont des tirées d'au moins 30 mètres. On progresse contre paroi, puis d'un seul coup le puits s'élargit d'une trentaine de mètres et révèle un bien joli paysage plein de volume. On passe quelques niveaux concrétionnés, et la dernière tirée se fait plein vide pour déboucher sur une salle de belles proportions où les petits camarades apparaissent gros comme des fourmis.
Dès le bas du puits, une première constatation : la cavité est très chaude, pour nous qui sommes plutôt habitués aux grottes du Jura et du Vercors. Le balisage qui ne nous quittera pas de toute notre visite, est déjà présent : ami spéléo, si tu as le droit de visiter, il faut toucher avec les yeux. Le passage répété dans le cheminement ainsi délimité a d'ailleurs créé de véritables sentiers au sol... Yannick, qui connaît déjà les lieux, nous fait visiter la cavité. Ce sont des grandes galeries argileuses qui commencent à se couvrir de gypse. Les plafonds sont tourmentés et pleins de relief. Nous arrivons à une énorme colonne stalagmitique qu'il faut contourner.
À ce carrefour, nous commençons par visiter une galerie typique de ce genre de cavité, la galerie blanche, particulièrement couverte de gypse, et qui se termine sur un éboulis fortement calcité. Demi-tour, et direction les gours.
Après une courte galerie, une petite montée sur corde nous permet de contourner un orgue de draperies, et d'arriver dans la galerie des gours... Ceux-ci sont immenses, et ça a l'air d'être la norme dans cette cavité : nous devons les escalader pour les franchir... on pourrait facilement imaginer que ce sont des bacs de brassage abandonnés sous la Moria par les nains (car il est bien connu que les nains de la montagne boivent exclusivement de la bière).
Une vire bien glissante succède aux gours, et nous mène à la suite. Après une belle galerie de hautes proportions, nous arrivons sur le genre même de paysage qui me faisait rêver lorsque j'étais gosse et que je feuilletais des livres sur le monde souterrain : un splendide pont d'arc jeté au dessus de la galerie. Nous passons sous cette arche et grimpons sur une corde équipée en fixe. Dernier à monter, j'ai la chance de voir le spectacle à la Goonies de mes camarades qui passent sur le pont d'arc. Je me dis parfois que je fais de la spéléo parce que j'ai grandi en regardant Indiana Jones et en lisant Blake et Mortimer...
Nous parvenons ainsi à une galerie supérieure de belles proportions, décorée ça et là de concrétions protégées par l'omniprésent balisage. Celle-ci se termine sur une succession de gours de plus en plus hauts, que l'on franchit - pour les derniers - presque en escalade. Au-dessus, c'est un colmatage calcifié qui fait barrage. Nous nous scindons ici en deux équipes : Yannick et Sébastien partiront faire de la photo de détail, tandis qu'avec Olivier et Jean nous irons photographier des grands volumes.

On se met donc en place pour photographier lesdits gours. Côté matériel, ça peine à se mettre en place : batteries de Cactus épuisées, flashes mal réglés... Sur un coup de tête assez irrationnel, nous avons laissé le dernier kit avec les talkies au pied de la grande coulé : Jean qui est à 20 mètres de moi, dur d'oreille depuis un légendaire concert de Black Sabbath, ne comprend pas ce que je lui dis... c'est Olivier qui, pourtant placé 10 mètres plus loin, lui répètera mes instructions. Nous sommes soumis à une autre contrainte : ne pas quitter le balisage, qui impose de ne positionner les flashes que d'un seul côté de la galerie. Nous finissons par capituler pour cette prise de vue et décidons de prendre la galerie des gours en photo dans l'autre sens... Rude exercice que la photo au flash dans une cavité aux parois sombres : tout est couvert d'argile et absorbe la lumière. Au bout d'une bonne demi-heure de combat, nous sortons enfin un cliché valable.
La prochaine photo, beaucoup plus simple, se fera en cinq minutes dans la galerie principale.
Nous rejoignons nos autres camarades, qui reviennent de photographier la chauve-souris calcitée. Pendant qu'ils poursuivent leur périple, nous partons donc visiter le méandre des chauves-souris. C'est un boyau étroit dans lequel nous finissons par buter sur une tête de puits sans avoir rien vu. Nous en venons à douter que c'est ici que se trouve la célèbre chauve-souris calcitée. Faisant demi-tour, nous cherchons de façon plus attentive... Peine perdue, nous ne trouvons rien! À un endroit délimité par un balisage sur la droite, se trouvent un grand nombre d'ossements de chauve-souris légèrement calcités. Mais de chauve-souris complète, point. Nous ressortons donc un peu déçus de ce méandre... un comble de visiter cette cavité et de rater une telle curiosité!
Nous nous installons pour prendre en photo le pont d'arc. Etant donné le potentiel photographique d'un tel endroit, nous nous acharnons près d'une heure avec toujours les mêmes contraintes de l'éclairage au flash : éclairer assez mais pas trop, ne pas écraser les volumes, ne pas avoir les flashes dans le champ...
Nous retrouvons Seb et Yannick au dessus des gours. Ceux-ci ont eu leur dose pour la journée et décident de remonter. On se donne pour objectif un dernier cliché, vu depuis le haut, des draperies du niveau inférieur. Olivier, trop importuné par le gaz (du CO2 bien entendu! Qu'étiez-vous allé imaginer?) décide de rejoindre nos deux collègues démissionnaires. Nous nous organisons donc à deux pour la dernière photo, qui est pliée en une vingtaine de minutes. L'endroit est effectivement gazé car nous avons un léger début de mal de crâne.
À l'arrivée au pied du puits, Seb a déjà quasiment franchi la première tirée, avec un volumineux kit photo pour seule compagnie. Ayant moi-même un parpaing de photo, Jean devra fermer la marche et déséquiper : en effet, le photographe porte et remonte lui-même son coûteux matériel. L'hypothèse du gaz se confirme : tous autant que nous sommes, nous soufflons comme des baleines et suons à grosses gouttes au début de la remontée... il faudra attendre d'avoir remonté 80 mètres avant de pouvoir respirer normalement. Le kit photo pèse son poids d'âne mort dans le puits et je bois un litre d'eau à la remontée...

Des scorpions (Euscorpius flavicaudis pour être précis) ont élu domicile dans les fentes du busage de la plaque de la cavité : je déteste cordialement ces bestioles et je ne les aurais probablement pas vues si mes camarades ne me les avaient pas fait remarquer... Renseignements pris, Euscorpius flavicaudis, si sa piqûre n'est pas forcément très douloureuse, est plutôt mal câblé et très combattif : il préférera pincer et piquer plutôt que s'enfuir face au génie de la Création, et accessoirement plus grand prédateur, l'Homme.
Jean manquant plusieurs fois de s'asseoir sur lesdits arachnidés referme enfin la trappe, et nous voici au complet. Nous sortons une fois de plus sous un beau ciel étoilé. La soirée se terminera au gîte après un apéro prolongé comme de coutume, devant des orechiette aux brocolis, relevés à l'ail et aux câpres...


Samuel


Participants

Yannick A. , Jean C. , SĂ©bastien G. , Samuel L. , Olivier P.

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