Un canyon, ça se remonte ?

Date
18 avril 2013

Durée
4h

Type de sortie
Canyon - Stage
Département
Etranger (E)

Massif


Commune

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Jusqu'à présent, j'avais toujours entendu (et observé, et pratiqué) le canyon qui se descend. La seule partie qui remontait était, dans certains cas, la marche de retour (ou la marche d'approche quand la marche de retour descendait, et vice et versa).

Et bien, le canyon d'aujourd'hui se descend ET se remonte. C'est donc un peu comme de la spéléo, mais en plein air, au soleil, et en combinaison néoprène...

Bon, en général, on remonte en spéléo parce qu'à un moment, la grotte s'arrête et que vu qu'il faut ressortir et que la sortie est aussi l'entrée, il faut faire le chemin inverse de l'aller pour sortir.

La différence du canyon, c’est qu’il ne se finit pas sur une étroiture impénétrable ou un siphon, mais en se jetant dans un autre cours d’eau, et qu’à partir de là, une fois la zone encaissée et/ou verticale terminée, commence le chemin plus ou moins de type GR qui permet de rejoindre le parking où est garée la voiture avec les affaires sèches dedans (plus ou moins accessibles suivant les histoires de navette, mais ça c’est une autre histoire). Et en plus, en canyon, on tire des rappels, ce qui veut dire qu’il n’y a plus de corde en place pour remonter (normal, car on ne remonte pas, cqfd).

Alors pourquoi faut-il donc remonter ce canyon ?

Et bien la particularité du canyon de Na Mora (puisque c'est comme ça qu'il s'appelle), c'est qu'il arrive dans la mer. Jusque là rien de rédhibitoire me direz vous, il suffit de longer la plage (veinards !) et prendre le chemin de sortie. Sauf qu'il n'y a pas de plage à la fin, qu'il faudrait nager plusieurs centaines de mètres avant d'atteindre une grève praticable, ou être un grimpeur plus qu’averti pour partir en terrain d'aventure dans les falaises dans l’espoir d’atteindre un sentier de chèvre qui déambule dans le lapiaz acéré jusqu’à un endroit où, si on ne se perd pas, on peut regagner la voiture. Et que toutes ces possibilités sont plus ou moins interdites. Voilà pourquoi, une fois en bas, il faut remonter. Enfin, on pourrait aussi louer un bateau pour qu’il nous récupère une fois en mer, mais ce n'est pas l’option prise par les organisateurs, les organisateurs sont pervers !

Donc, le canyon de Na Mora est au programme aujourd'hui. Au passage, c'est aussi le premier jour de l'évaluation pédagogique : il faudra être bon pédagogue pour convaincre de purs canyoneurs de remonter sur corde ce qu’ils viennent de descendre ! Sans compter que le baudrier canyon n’est pas exactement prévu pour ce genre d’exercice... les explications devront être claires.

La route serpente sous le soleil avant d'arriver au parking. Au programme, 45 minutes de marche d'approche dans les champs d'olivier, avec au passage, un olivier "millénaire" en forme (au choix) de : limace, chèvre, arbre... ?

On ne se perd presque pas dans la marche d'approche, et c'est déjà l'entrée du canyon où nous rattrapons nos petits camarades qui viennent de finir de s'habiller et qui se lancent dans la première vasque d'eau fraîche. Yato prend la main sur l'organisation de la descente, Cindy en profitera pour repérer la remontée car c'est elle qui gérera cette partie et je prends le rôle d'équipier modèle. France et Mélanie seront notre public support et Marc notre cadre fantôme.

Le canyon est agréable, assez aquatique avec pas mal de nage dans des biefs, et quelques sauts. L’eau se perd ici, ressurgit là et les grenouilles pullulent. On notera au passage un panneau du ministère de l’écologie locale, appelant à zigouiller les serpents. Ces derniers sont activement chassés pour qu’ils ne prélèvent pas trop de ces grenouilles majorquines qui sont endémiques de l’île et plutôt menacées d’extinction (on a vu à Comafreda que ça rigolait pas à ce propos).

Les vasques d’eau sont d’un beau vert turquoise, iridescentes sous les rayons du soleil et une petite partie quasi souterraine (oscuro) annonce la fin et l’arrivée dans la mer. Les premiers qui ont fait ce canyon, le dimanche en session de reconnaissance, n’avaient remarqué qu’ils étaient arrivés dans la mer qu’au goût salé de l’eau dans laquelle ils venaient de sauter. Et en effet, le canyon se poursuivant en zigzag, on ne voit pas l’horizon et on peut penser à une vasque de plus avant de se rendre compte que c’est la fin. Il n’y a que la teinte de l’eau, d’un bleu surnaturel, qui indique le changement d’élément.

Il faut faire une bonne cinquantaine de mètres de nage pour qu’enfin le canyon s’ouvre sur la mer : de toute beauté !

À peine descendu qu’il faut remonter... c’est là le terrible de ce canyon somme toute assez court. Heureusement diront certains, car il faut le remonter, et s’il était long, la remontée serait d’autant plus longue !

Les équipements de remontée sont sortis et installés, et on constate qu’en effet, la remontée sur corde ne fait pas partie de l’habitude en canyon : croll ou assimilé installé sur un maillon rapide, lui-même sur le pontet du baudrier, et qui se retrouve ainsi trop haut pour être efficace / pédale en cordelette dynamique / taille de longe un peu grande / fichue combinaison néoprène qui prélève son quota d’énergie en entravant les mouvements / approche à la nage des cordes qui pendent dans l’eau et où il faut sortir son sac plein d’eau et qui pèse des tonnes quand on commence à monter, tout en aidant la corde à passer dans le croll qui n’est pas assez bas et donc marche pas bien...

Descendre un canyon, c’est très sympa. Remonter un canyon l’est un peu moins, du moins quand il faut s’évertuer à remonter sur la corde. Les quelques insultes au dieu gravité qui sont prononcées ici ou là en sont les indices révélateurs.

Toute chose a une fin, et la remontée du canyon de Na Mora en a une belle : juste à la sortie est installé un producteur d’orange qui dispense son doux nectar aux marcheurs passant dans le coin. À nous le verre de jus d’oranges fraichement pressées : un délice pour les papilles après l'effort.

Malheureusement, le co-gérant est parti quelques minutes plus tôt, il ne pourra pas charger nos affaires de canyon pour nous faciliter la marche de retour. Cela ne découragera pas une partie du groupe qui, en faisant quelques battements de cils au conducteur d’un camion à plateau, sera pris en stop pour le dernier kilomètre de marche.

Sylvain

Participants

Cindy C. , Sylvain C. , SĂ©bastien G.

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