Ça veut, ou ça veut pas ?

Date
20 mai 2013

Durée
10h

Type de sortie
Classique
Département
Aveyron (12)

Massif
Causse du Larzac

Commune
Hospitalet du Larzac

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Descriptif / Compte-rendu
Quand ça veut pas, ça veut pas... tel pourrait être le dicton de la sortie d’aujourd’hui.

Ça ne veut pas n°1 :
Un autre dicton dit : « le joli mois de mai ». Celui-là est plutôt faux cette année ! Bien que l’on ait eu deux journées pouvant être qualifiées de belles cette semaine, le temps a changé, et le ciel gris et pluvieux est revenu. Pas de problème tant qu’on reste au sec dans la voiture de Christian, mais on tire quand même bien la gueule quand il se remet à pleuvoir en pleine séance d’habillage, d’autant que les sous-combi sont encore humides de la veille... Tant bien que mal, nous enfilons notre tenue de lumière spéléo et partons pour la marche d’approche... sous une belle averse de grêle ! Le décor est posé.

Ça ne veut pas n°2 :
Aujourd’hui, nous effectuons la traversée Bise 1-Bise 2 sur le causse du Larzac. Qui dit traversée, dit que l’on ne ressort pas par l'endroit par lequel on est rentré... Souvent, tout se fait en descendant, en tirant des rappels. Pas aujourd’hui. Pour la traversée de la Bise, on entre sur le causse et on ressort sur le causse. 130 mètres de puits des deux côtés. Un coup à descendre dans des puits plutôt étroits (aven de la Bise 1, cavité découverte en premier), et un coup à remonter dans un grand puits majestueux (aven de la Bise 2, cavité découverte en second, et explorée depuis le bas dudit puits). Et, entre les deux, plus d’un kilomètre de rivière. Bref, on va manger un peu de corde.
C’est pour ça que je décide, dans un geste de pure mauvaise volonté, de jeter à l’insu de mon plein gré ma poignée dans le fond d’un des puits de descente. Bien fait pour ma gueule, moi qui radote le plus souvent possible qu’il faut faire attention au maniement du mousqueton de grande longe, car, n’est-ce pas, si tu perds ta poignée, t’es pas dans la merde ! Me voilà en plein dedans car, forcément, le fond du puits n’est pas accessible pour éventuellement tenter de retrouver ce sésame de la remontée sur corde. Je suis bon pour remonter 130 mètres de puits en mode réchap !
Je sais maintenant d’où vient le nom de la cavité : Bise, vent créé par la chute d’une poignée dans un puits !

Ça ne veut pas n°3 :
Une fois délesté de ma poignée, je me sens bien plus léger. La progression sur corde n’en est pas moins parfois déplaisante. Outre qu’on ne puisse taxer les puits et méandres de Bise 1 de larges, l’équipe qui a équipé en fixe la descente a laissé quelques pièges ici ou là : main courante pas tendue, boucle de frac pas assez longue, corde trop courte dans un puits qui nécessite d’être désescaladé sur près de 3 mètres pour en toucher le fond, et, cerise sur le gâteau : passage de nœud juste au-dessus de la rivière, et juste en-dessous d’un écoulement d’eau.
Une bonne occasion de tester sa rapidité de passage de nœud pour celui qui n’aime pas être mouillé (et une bonne occasion pour tester cette technique en mode réchap pour moi, mon pantin faisant office de poignée).
Opération réussie : tout le monde passe le nœud, et finit mouillé.

Ça ne veut pas n°4 :
Nous sommes en plein congrès pour les 50 ans de la fédé, il y a donc une multitude de spéléos dans tous les trous du coin. Jusqu’à présent, nous avions été plutôt bien épargnés, ne rencontrant quasiment personne sous terre, en tout cas sans avoir à trop attendre.
Aujourd’hui rattrapera tous les autres jours. Une fois la belle partie de rivière passée dans un calcaire corrodé dans tous les sens, arrive un joli morceau de révision des techniques de progression en trémie (heureusement balisée) et d’escalade / oppo tout le long de la faille au fond de laquelle coule la rivière. Au bout de tout ça, on atteint le bas du puits remontant.
La place est déjà prise par cinq spéléos. Bon, va falloir attendre un peu qu’ils remontent, qu’on se dit, mais ça va être rapide, qu’on se dit à nouveau.
Sauf que ça fait deux bonnes heures qu’ils sont là à attendre que les groupes précédents finissent de remonter. Un embouteillage digne d’un chassé croisé du mois d’août avec zone de travaux sous la pluie ! Car tout le monde se retrouve sous la pluie, le bas du puits arrose, certes juste un peu, mais bien suffisamment pour se faire mouiller.

Ça ne veut pas n°5 :
On se prépare donc à une pas trop longue attente (on espère). Les couvertures de survie sont sorties, ainsi que les bougies chauffantes. Les deux de nous étant munis de dudule font les fiers (pour l’instant) et prêtent leur flamme pour allumer les bougies, car les briquets ont pris l’humidité et un seul fonctionne sur les six glissés dans les poches des combis, même bien enroulés dans des sacs étanches.
Une des grandes discussions du moment chez Abimes est de savoir comment se chauffer quand on est passé au tout électrique. Cette petite attente est donc utilisée par chacun pour tester/valider sa fabrication de bougie maison ou son achat de bougie chez tel ou tel revendeur. Bilan : tout ça marche plutôt bien, et même plutôt trop bien car un des modèles va jusqu’à entraîner la mise en ébullition de la cire utilisée ! Pour faire bon équilibre, un des modèles marche moins bien car la mèche finit par se noyer dans la cire par manque de tirage. Opération bougie transformée, même s’il faut encore faire de petites adaptations.
Heureusement, le groupe précédent a profité de notre étude presque scientifique pour entamer la remontée des puits, à notre tour de monter. Ça fait deux heures qu’on est en bas des puits, enfin un peu d’action !
Finalement, ça veut peut-être ?

Ça ne veut pas n°6 :
Et bien non, en fait, ça ne veut décidément pas !
À peine entamée l’ascension de la première longueur, nous apprenons qu’il ne sert à rien de monter, une personne d’un des groupes précédents serait coincée au-dessus, et le groupe devant nous entame l’élaboration d’un point chaud à flan de puits en attendant que ça se décoince...
Nous nous concertons sur la démarche à entreprendre : soit continuer à attendre ici que la corde se libère, soit retourner sur nos pas et remonter par les puits peu pratiques et étroits de l’entrée. La première solution est votée et nous entamons une deuxième phase d’attente sous nos points chauds plus ou moins bien réalisés. Une partie d’entre nous continue de s’abriter sous une couverture de survie à la base du puits (le mauvais point chaud), l’autre rebrousse chemin pour trouver une zone plus propice (le bon point chaud).
Pour avoir un peu d’info, je monte au contact de l’autre groupe. Il faut dire qu’un groupe de quatre autres spéléo vient d’arriver et que ça commence à être surpeuplé en bas. Finalement, le mode réchap fonctionne plutôt bien, même si l’absence de mon pantin se fait cruellement sentir : plus l’habitude de remonter plusieurs dizaines de mètres avec ma seule pédale en guise de propulsion !
« Après la pluie, le beau temps ! » (nouveau dicton). Quand j’arrive au contact, la situation s’est décantée et il s’avère que plus personne n’est coincé là haut (on ne saura jamais ce qu’il s’est vraiment passé, si même quelqu’un était coincé, va communiquer clairement dans un puits de 130 mètres !).
Enfin, ça veut !

Ça ne veut pas n°7 :
En fait, non, ça ne veut toujours pas, car huit personnes sortent du point chaud intermédiaire pour s’engager sur la corde (enfin, pas toutes en même temps). Il va encore falloir patienter que tout ce petit monde monte. D’autant que certaines de ces personnes ne sont pas très expérimentées et commencent à accuser la fatigue et le stress : cela fait plus de 6 heures qu’elles sont là au froid et à l’humidité (pour une traversée qui ne devrait durer que 3-4 heures maximum) et certains sont déjà en mode « et si j’attendais les secours ? ». Le message passe vers l’aval que ça se débloque, mais qu’il ne faut pas encore monter car il y a du monde à passer avant.
Enfin, ça veut !!

Ça ne veut pas n°8 :
Comment dire... ben non, ça ne veut toujours pas!
Une des personnes de ce groupe est super fatiguée et peine sur corde. Après quelque temps à le voir progresser difficilement, nous décidons qu’il est temps d’intervenir : on va le tracter jusqu’en haut du puits pour l’aider à sortir et permettre une sortie rapide de tout le reste du monde. On a justement pris une corde « d’intervention » et deux d’entre nous ont un poulie-bloqu' ou équivalent, nickel.
Il devient « pressant » de progresser, un nouveau groupe de six personnes vient d’arriver en bas du puits et ça commence à ressembler à un hall de gare aux heures de pointe. C’est Alain qui s’y colle et qui part pour faire le balancier.
C’est parti pour l’opération balancier sur quatre fracs, parfois en mono-point, avec forcément des dév' au milieu, ce serait trop simple sinon !
Cette fois, c’est bon, ça va le faire !

Ça ne veut pas n°9 :
Et bien non… toujours pas.
Un petit emmêlage de corde d’intervention/croll/longe/etc m’oblige à monter pour défaire tout ça avant qu’il ne se crée un mauvais nœud et coinçage. En guise de défaisage de nœud, je le coupe tout simplement, faisant perdre par la même un mètre de longueur à la corde abimes... (mais le gentil responsable matos ne m’engueulera pas).
Enfin, l’opération balancier peut commencer et fonctionnera sans problème jusqu’en haut des puits. Alain arrive à bien gérer notre spéléo fatigué, qui, accompagné et rassuré, reprend un peu de poil de la bête.

Ça ne veut pas n°10 ?
Il n’y a pas de ça ne veut pas n°10, car à partir de là, tout va bien s’enchaîner. Et tout le monde suit derrière sur une partie du puits équipé en double avec la seconde corde abimes amenée sous terre aujourd’hui (comme quoi ça sert d’apporter un morceau de nouille, même quand c’est équipé en fixe).
Nous croiserons tout de même quelques personnes de l’organisation du congrès dans le méandre de sortie, venues pour part équiper le puits en double, pour part donner le coup de main à la personne fatiguée, prévenus par les collègues déjà ressortis.
Le puits était magnifique, mais personne ne l’a vraiment apprécié, tout occupé aux manœuvres de cordes nécessaires ou trop impatient d’enfin ressortir de là (finalement, il y a un petit « ça ne veut pas n°10 »).

Nous sommes dehors, il est 22h, cela fait 10 heures que nous sommes entrés sous terre. Une belle galère, mais pleine d’enseignements pour chacun de nous :
- Il n’y a pas de « petite » sortie
- Si t’emmènes quelqu’un sous terre, il faut connaître son niveau et ses capacités
- Ne pas hésiter à faire un point chaud, même pour quelques minutes d’attente
- Chacun une couverture de survie, ça facilite la réalisation d’un point chaud
- Tant qu’à faire un point chaud, autant bien le faire
- Les bougies, ça marche bien, mais il faut quelque chose pour les allumer
- Les acéto, ça marche super bien, mais il faut avoir du carbure jusqu’au bout
- Ce que l’on apprend aux stages PAS, un jour c’est mis en application
- Avoir une corde d’intervention, ça sert, même dans des cavités équipées
- C’est pas bien de jeter sa poignée dans un puits

Sylvain

Participants

Sylvain C. , Christian D. , Alain G. , Samuel L. , Aurélien S. , Philippe T.

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