Cuves de Sassenage - Opération +197

Date
28 septembre 2013

Durée
11h30

Type de sortie
Classique
Département
Isère (38)

Massif
Vercors

Commune
Sassenage

Descriptif / Compte-rendu
"Quel plaisir de partir à l'aventure, d'oublier l'heure, le jour, la nuit, de se retrouver soi-même avec ses muscles, son cœur, son cerveau devant une nature belle et hostile tout ensemble, cachant ses pièges et ses merveilles à chaque pas ! Quel plaisir de pouvoir communier dans un contact intime avec cette amie ! La Grotte n'est pas un lieu mort, c'est un être vivant auquel nous devons nous livrer ; un être à la fois doux et brutal que ses sautes d'humeur rendent dangereux."

La lecture d'"Opération -1000" m'a laissée avec une formidable envie de parcourir les cuves de Sassenage et le gouffre Berger. Poser les yeux là où d'illustres explorateurs ont posé leurs pieds, poser les pieds là où des aventuriers fous ont bravé le froid, l'humidité et dépassé leurs propres limites ; vivre de l'intérieur L'aventure telle que contée dans ce livre, avec tout l'émerveillement possible, tel est mon nouveau défi.
Le Berger est bien sûr un objectif totalement hors de ma portée (même un "demi-Berger" jusqu'à la salle des Treize) mais chatouiller les entrailles de Mélusine dans les cuves de Sassenage me paraît un bon préambule. Ça me permettra également de me mesurer à de la "vraie" spéléo, i.e. une sortie un minimum engagée, techniquement pas difficile, mais un peu longue (pour la pauvre apprentie-spéléo que je suis, n'ayant pas, avant cette sortie, passé plus de 7/8 heures sous terre).

Rendez-vous pris, nous voilà après quelques courtes heures de sommeil (la faute au travail, départ tardif de Paris, la faute à Grenoble, c'est loin de Paris), à 10h30 sur le parking de l'office de tourisme de Sassenage pour récupérer les clés. Faire une cavité sous clé est déjà tout un programme pour moi, l'excitation de l'objectif se mêlant au plaisir de rejeter les pauvres promeneurs au rang de vulgaires touristes. Nous arrivons au parking des Cuves et retrouvons Thomas, ex-Abîmes, qui est là pour une initiation. Préparation, habillement, blagues, 20 minutes de montée et c'est déjà l'entrée ! Le réseau touristique m'impressionne déjà, quelques marches, un éclairage digne d'un film de SF ; nous passons par la salle de l'Éboulis, puis arrivons à la salle Saint-Bruno, fin de la partie touristique.
C'est le moment (pensons-nous), de nous séparer du groupe de "débutants" (de la part d'une "débutante plus", le commentaire vaut peu... je l'avoue) : nous sommes motivés pour avancer, et aller jusqu'à notre objectif dans le temps imparti (la salle Carrel ou 12 heures de TPST max).

Le départ a été un peu laborieux, nous nous sommes égarés plusieurs fois, pour nous retrouver à faire l'intégralité du parcours d'accro-grotte (assez sympa cela dit, je recommande pour vos petits neveux, cousins et autres aventuriers du dimanche), en passant des Couffinades à l'Épingle à cheveux, sans jamais prendre le Shunt... Je remercie par la même occasion Thomas, qui a du bien rire à force de nous faire tourner en bourrique...
Bref, nous voilà, après quelques péripéties, et un peu de temps passé, bientôt dans la Salle à manger. Les choses sérieuses peuvent commencer, et Patrice jure qu'on ne se perdra plus.
Nous avançons donc en rythme de croisière, en passant successivement des puits remontants, des ressauts, des escalades, des mains courantes, le tout est plutôt bien équipé, en tout cas au début ; nous croiserons plus loin quelques cordes abîmées avec des beaux nœuds au milieu (ouuuhhh le passage de nœud...). Nous passons la salle des Cascades, puis rapidement le Plan d'eau du câble, un plan d'eau que nous traversons sur un câble (!) avant d'arriver au puits Lavigne. Une fois en bas (corde un peu courte mais bon, avec des grands comme nous, pas de soucis), nous devons affronter notre première étroiture. Il nous a manqué un appareil photo, Aurélien essaye, se coince, ressort, peste... Patrice prend la suite, essaye, se coince, ressort, peste... je commence à m'inquiéter, ("non mais les gars, je passerai jamais avec mes hanches", et LA réponse rassurante "non mais au pire tu la tires".... euh, je suis plutôt salade que sandwich personnellement...) avant que (oui, nous avons réfléchi, parce qu'une étroiture si méchante, ça serait quand même mentionné explicitement, non ?), nous découvrions que le passage se situait un peu au-dessus et était, certes, étroit, mais tout à fait praticable (sans les mains !). Nous avons perdu un peu d'énergie, mais nous pouvons continuer par la rivière des Benjamins.
Le spectacle est de plus en plus magique, entre la rivière, les diaclases, les gours, les marmites, les cascades... je suis émerveillée à chaque pas, nous passons successivement des blocs, du sable, de la boue, de l'eau, des puits, des ressauts... c'est très varié et chaque pas de plus dans cette cavité est un enchantement. C'est époustouflant, je suis très émue par un si beau spectacle, même si mes camarades de jeu n'entendent que "fait chier", "corde coincée", "là aussi, c'est descendeur en zéro ?", "ta gueule" (oui bah fallait pas chanter), "merdeeuuuu, une main courante aérienne", j'essaie de graver toutes ces images dans ma tête, parce que c'est simplement beau. Quelque part, je suis heureuse d'être une "grotteuse", les gens ne se rendent pas compte de ce qu'ils ratent (tant mieux ?).
La salle Lafforge nous offre une pause casse-croûte bien méritée (ça doit faire 5 heures que nous sommes sous terre), avec en prime un café bien chaud, offert par Patrice et son réchaud. Après une bonne demi-heure de pause, nous voilà repartis de diaclases en marmites, de vires en gours et après le puits des Trois cloques, nous hâtons le pas vers la chatière Maho. Mr Lismonde mentionnait un terrible passage dans le sable... et bien, c'était plutôt aisé, quelques spéléos avisés ayant dû creuser avant nous. La rivière nous offre des paysages superbes (je suis à court de qualificatifs), avec des bassins, des marmites, jusqu'à la cascade Jacqueline. C'est grandiose. Le pas Carrel au dessus de cette cascade incroyable est un moment de pur bonheur (bon, même si ça s'est pas trop vu quand il a fallu faire le fameux grrraaannnnddd pas), et nous poursuivons notre progression.
Un dernier puits à la salle des Trois m'indique bien que je suis fatiguée (la jambe gauche étant en train de râler...), et nous nous arrêtons un peu plus loin dans la Galerie fossile des Trois. Nous étions de toute façon presque à court de temps (ça faisait un peu plus de 7 heures de TPST), mais la déception est grande de ne pas aller jusqu'à l'objectif, pour moi, et pour mes compagnons d'infortune, qui ont encore de l'énergie à revendre. Cela veut aussi dire que nous avons été plutôt lents (et ça c'est grâce à moi :'( ouinnnn) et c'est tellement dommage de ne pas aller voir plus, c'est tellement beau, c'est tellement excitant... j'ai envie de pleurer.
Philosophe, Aurélien se joint à moi en disant "vous savez ce qu'il y a de plus beau dans cette cavité ?"... suspens et réponse de Patrice : "oui c'est moi !"... bon, bah, on va y aller hein...

Le retour se passe sans encombre, j'ai au départ envie de m'empaler dans chaque bout de silex qui dépasse mais j'essaie de profiter du paysage, car qui dit retour, dit "au revoir la grotte", et je ne suis pas bien sûre de quand je vais revenir. À partir de la Salle à manger, je commence vraiment à fatiguer, et je suis contente de retrouver la salle Saint-Bruno. Je profite de mes derniers instants dans cette grotte, nous avons les lumières et le silence pour nous, comme dernier cadeau des Cuves. Nous sortons après 11h30 de TPST, j'ai des étoiles dans la tête, et qu'une seule envie, y retourner, et cette fois, jusqu'au bout !

"D'un geste las, je viens de jeter mon sac Ă  terre. Quels efforts il faut fournir, quel dur chemin il faut gravir pour nous livrer Ă  notre sport favori !"


Delphine


Participants

Patrice H. , Delphine P. , Aurélien S.

Commentaires

Pas de commentaires