92 Dents ?

Date
01 novembre 2013

Durée
Un certain temps x2

Type de sortie
Classique
Département
Isère (38)

Massif
Chartreuse

Commune
Saint Hilaire

Descriptif / Compte-rendu
Mais quel est donc ce titre ? Habile lecteur, et savant connaisseur de l'anatomie humaine et dentesque, tu vas répondre qu'il n'y en a que 32 s'il s'agit des dents de la Bouche, et 13 (plus ou moins, selon la fraîcheur de l'info de découverte des nouvelles entrées) s'il s'agit des bouches de la Dent.

Pourquoi 92 alors ? Parce que. Pourquoi faudrait-il une raison à tout ? (bon, 92, c'est parce que ce séjour à la Dent s'est réalisé par le biais d'un interclub du 92, comme quoi il peut il y avoir une raison quand même).

Lorsque Jean a proposé un interclub à la Dent de Crolles, j'étais loin de m'imaginer qu'il y aurait autant de gens. Plus de 25 spéléos du 92 se sont retrouvés candidats, puis participants. Originaires d'Abimes, Terre et Eau et SGHS, tous avaient en tête les innombrables traversées possibles dans ce gruyère spéléologique. Une Dent, certes, mais bien cariée. Ce petit bout de montagne culminant à un peu plus de 2000 mètres d'altitude et de quelques kilomètres carrés comptabilise pas moins de 60 kilomètres de galeries souterraines, et plus d'une dizaine d'entrées.

Les premières réactions de ceux qui ne connaissent pas encore la topo en la voyant pour la première fois est de qualifier de plat de spaghettis cet imbroglio de galeries. Un véritable labyrinthe, un plat de spaghettis, la vision d'un tas de brindilles d'un jeu de mikado, autant d'analogismes plus ou moins pertinents pour décrire la topo de ce réseau mythique de la spéléologie française. À tel point que le livre consacré à la description du réseau propose très sérieusement une séance de coloriage de topo pour s'y retrouver entre toutes ces galeries, situées à plusieurs niveaux différents. Une touche de vert ici, une de rose là, et … le quidam ne s'y retrouve toujours pas !

Arrivée en ordre dispersé dans le gite situé au col de la Porte. Une petite bière pour fêter l'arrivée, sur fond de musique techno issue d'un bâtiment en face, où de joyeux lurons fêtent plus ou moins dignement Halloween. Il fait chaud pour la saison et l'altitude, mais nos sept heures de voiture, l'heure quelque peu tardive de la nuit et la volonté de faire de la spéléo le lendemain nous conduisent plutôt vers les lits que vers l'autre côté de la rue.

Le lever se fait « aux aurores » mode Abimes (pour les Abimés), avec découverte de la salle de bal qui nous servira de réfectoire, située à 100 mètres du gite (point positif, les dormeurs ne seront pas dérangés en raison des heures de retour de grotte certainement décalées, de même que les heures de couchage ou de lever), de l'autre côté de la route (point négatif, quand il faudra faire le parcours sous la pluie).

Les équipes se font rapidement dans certains cas, et moins rapidement pour d'autres. C'est la reprise d'activité pour moi, et je n'ai pas à déployer des trésors de persuasion pour convaincre quelques acolytes pour faire journée à tendance « light ».

Reconnaissance du chemin pour aller à la grotte Chevalier et la grotte Annette au programme. C'est du « light » car il faudra quand même se taper le fameux Pré Qui Tue sur la marche d'approche, mais le séjour sous terre sera réduit et ne nécessitera même pas de tenue spéléo. Aller sous terre en « civil », une première pour moi !

Une cuvée 100% Abimes (Cindy, Ana, Marie-Anne, Louis, Sébastien, Laurent, Sylvain) se répartit dans deux voitures, nous nous garons sur le parking du col du Coq, passons rapidement sur nos épaules, qui son sac à dos, qui son kit jaune (irréductibles spéléos qui font de la rando un kit sur le dos), remplis avec eau, bidons étanches pleins de nourriture, casque et harnais (plus une corde et quelques amarrages au cas où).

Que vient donc faire un casque et un harnais pour de la rando ? Ces équipements sont amplement nécessaires pour le passage du Pas des Terreaux, acrobatique mais heureusement doté d'une vire équipée en fixe (et si ce n'est pas le cas, on aura la corde pour) et surplombé par une falaise susceptible de parpiner (et on a aussi prévu de passer quelques minutes sous terre aussi).

Certains (et plus particulièrement certaines) ne connaissent pas encore le Pré Qui Tue, mais ne tardent pas à faire sa connaissance (un peu trop d'après les râles émis ici ou là). Heureusement, il ne fait pas trop chaud et le vent apporte un agréable rafraichissement des organismes en surchauffe, enfin quand il ne souffle pas trop fort (c'est à dire rarement). Le Pré qui Tue est ascendu ? ascensionné ? gravi quoi, quand nous arrivons au pied du Pas de l'Oeille. Verdict : nous sommes trop haut, il faut redescendre (à la joie de toutes et tous...) pour trouver le sentier qui mène au Pas des Terreaux. Nous nous équipons rapidement tant que la pente le permet sans acrobaties et nous dirigeons vers le fameux Pas.

Il se trouve au pied de la falaise de la Dent, qui nous surplombe sur plusieurs centaines de mètres. Le paysage est splendide, la Dent au dessus, la vallée du Grésivaudan en contre-bas (loin en bas), le massif de Belledonne enneigé par endroits en face, le tout sur fond de Mont Blanc qui se montre au loin. La vire est équipée en fixe et c'est grandement apprécié par chacun, le passage étant impressionnant. Il s'agit d'une couche calcairo-marneuse qui constitue un changement de pente dans le profil de la Dent, jouant le rôle de la gencive. La pente n'en est pas moins rude, même si elle n'est pas verticale.

Le chemin continue pour nous amener en contre-bas de l'ouverture de la grotte Chevalier. Il faut gravir en travers la pente pour arriver à l'entrée, qui s'ouvre au pied de la falaise, à la rupture de pente. Une pente sévère mène sous terre, constituée entièrement de menus blocs de calcaires issus de la gélifraction. Il faut faire attention à ne pas faire descendre toute cette trémie sur la tête des copains en dessous, notamment au niveau du petit ressaut qui fait la transition entre le « dehors » et le « dedans » de la grotte. Ce sera le seul passage « étroit », la galerie souterraine étant on ne peut plus confortable et grande après ça.

La grotte Chevalier est en effet un immense couloir, résultat de l'action d'une véritable rivière souterraine qui a entamé la couche marno-calcaire lors d'une des dernières glaciations. Le torrent issu du glacier qui remplissait la vallée du Grésivaudan dévalait ici la pente pour ressortir plus loin au Guiers Mort. Il n'y a plus de voie directe maintenant, le fond de la galerie s'étant bouché avec de l'argile, effet secondaire du tarissement de la rivière et condamnant une possible traversée, si tant est qu'elle eut été possible sans plonger.

Nous n'allons pas plus loin que la salle des Pas Perdus, notre but étant de reconnaître l'accès à la cavité dans l'objectif de futures traversées, pas de faire une visite en règle de la grotte. Au retour, nous irons reconnaître l'entrée de la grotte Annette, située un peu plus loin au bout d'un sentier encore bien aérien. Le retour se fait sans encombre, alors que le soleil se couche. Nous découvrons un PC du Spéléo Secours sur le parking. Deux personnes se sont perdues dans la traversée P40-Glaz, et sont en train d'être ressorties par le haut par les équipes de secours. Voilà l'explication des rotations d'hélico que nous avons vues lors de la marche aller.

Après avoir presque embourbé la voiture de Jean, nous rentrons au gîte pour la préparation du dîner : au menu, lasagnes aux épinards (dire qu'on avait cru à une blague quand la liste de course indiquait d'acheter 3 kg d'épinard !!!). Les filles font merveille aux fourneaux pendant que les garçons boivent l'apéro... Heureusement la gente masculine sauve les apparences en découpant fort habilement les oignons...

Le lendemain, démotivation générale ! Il faut dire qu'il pleut des cordes et personne ne se voit faire les marches d'approche sous ce déluge (plus de 15 mm seront tombés en quelques heures). L'ensemble des plans et des objectifs sont revus pour prendre en compte les conditions météo et le décalage horaire qu'induit la pluie. Heureusement, elle cesse sur les coups de 11 heures.

Une fois les parcours visés recoloriés sur les topos, les pleins d'essence réalisés et les dernières batteries d'appareil photo rechargées (sans oublier le traditionnel appel du répondeur de Météo France), les voitures se remplissent, direction le parking de Perquelin, avec comme objectif le Guiers Mort.

Deux objectifs en fait : une boucle dans Guiers Mort par l'escalier de service pour deux groupes, une boucle dans Guiers Mort par la galerie des Tritons pour un groupe.

Dans chacun des cas, il faut, en préambule, se taper les 400 mètres de dénivelé qui séparent le parking de l'entrée de la grotte. Heureusement, il ne pleut pas, même si une petite bruine serait la bienvenue pour rafraichir les marcheurs.

Une fois en haut, notre groupe (Cindy, Marie-Anne, Claire, Ana, Philippe et Sylvain) se change rapidement. Il y a déjà un groupe à l'intérieur qui fait le tour par l'escalier de service (avec Émilie parmi eux), et un groupe dont une partie arrivera à notre départ pour faire également le tour par l'escalier de service (Jean, Laurent, Loan, Louis et Sébastien) et voiture balai par la même occasion.

Nous nous lançons dans le Réseau Sanguin. Premier constat : personne n'a encore fait montre de mansuétude envers nous, pauvres spéléo, en enlevant tous les cailloux du réseau, sur lesquels il faut ramper, voire même nager. Nous arrivons cependant rapidement en bas du puits Pierre. Le temps que les six en finissent l'ascension, il est l'heure du repas de midi dépassée. La pause casse-croûte se fait sur le pouce, histoire de ne pas rester trop longtemps inactif dans le courant d'air omniprésent.

La montée à quatre pattes dans le réseau Paul nous fait débouler dans la galerie Perquelin où nous pouvons enfin nous remettre debout. Un joli muret barre la galerie, évitant aux personnes qui font la traversée de se tromper et de louper le passage bas à leur gauche (bien qu'il fasse bien 15-20 cm de haut, certaines personnes de notre groupe au retour auraient eu tendance à passer tout droit, comme quoi il faudrait peut-être murer complètement la galerie pour éviter les égarements). La position debout plait à tout le monde, nous ne la quitterons plus, jusqu'au retour qui passe par ce même endroit.

Après le passage rapide en main courante au dessus de l'impressionnant puits Isablelle, nous bifurquons à gauche dans la galerie du Solitaire. C'est une belle galerie, tubulaire, tout d'abord montante, avant de redescendre à mi-parcours. Des concrétions ici ou là agrémentent le parcours, dont certaines modifiées par le courant d'air : du plus bel effet. Nous atteignons la galerie des Tritons à un carrefour « parfait » : 4 galeries se rejoignent perpendiculairement. À droite, le retour vers la sortie, en face, la direction du puits Noir, à gauche, la direction vers les amonts et l'arrivée de la traversée Glaz-Guiers Mort par le P36.

Nous sommes bons côté timing et forme, nous décidons de remonter vers les amonts. Un P30 perce la galerie un peu plus loin. Il est peu probable de tomber dedans, mais le surcreusement qui le précède est situé en plein milieu de la galerie, induisant un profil en forme de Y, ce qui oblige à quelques acrobaties pour continuer : une jambe d'un côté, une de l'autre, et c'est parti ! Nous nous arrêtons au pied du puits Banane et faisons demi-tour. Le retour vers l'extérieur par la galerie des Tritons est rapide et après avoir tiré notre rappel dans le puits Pierre, nous retrouvons le ramping dans le réseau Sanguin, puis l'extérieur.

La nuit est tombée. Le chemin pour regagner le parking est plus agréable à descendre qu'à monter et un comité d'accueil nous attend au parking : c'est Yves, le chauffeur d'un des groupes qui fait l'autre boucle et qui attend l'arrivée de ses passagers. Sans les attendre (ils arriveront bien, bien plus tard), nous repartons vers le gîte qui se fera juste quand il se remet à pleuvoir, un timing parfait !

Le timing des autres groupes sera, lui, un peu moins parfait, des erreurs d'itinéraires et la fatigue qu'il en ressort fera arriver les participants jusque tard dans la nuit, provoquant ici ou là de petites inquiétudes : les préposés aux cuisines ne sont pas encore rentrés, mais qui va faire à manger ??

À part un imprévu imprévisible du côté de la météo, ça aura été un agréable weekend. Les traversées seront pour la prochaine fois.

Circuits faits durant l'interclub :
Glaz-Chevalier
Guiers Mort-Guiers Mort par l'escalier de Service
Guiers Mort-Guiers Mort par la galerie des Tritons
Glaz-Guiers Mort par le P36

Sylvain

Participants

Claire B. , Jean C. , Cindy C. , Sylvain C. , Thi Bich Loan D. , SĂ©bastien G. , Emilie G. , Laurent J. , Ana L. , Louis N. , Marie-Anne N. , Delphine P. , Philippe T.

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