Grotte Moilda

Date
18 janvier 2014

Durée
2j

Type de sortie
Classique
Département
Ain (01)

Massif
Bugey

Commune
Innimond

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
Vendredi
Départ à 19h30 du local d’Abimes. Nous sommes cinq dans la voiture, à savoir Delphine, Philippe, Morgane, Patrice et moi (Benoit), pas trop serrés.
C’est à plus de 1h du matin que nous débarquons à Innimond dans l’Ain.
Le gite, pas cher, comporte tout ce qu’il faut pour accueillir six spéléologues motivés, avec six couchages, et un lieu pour ranger le matériel (en réalité, c’est une petite chapelle, mais si l’on ne fait pas trop de bruit, les esprits du lieu nous laisseront sûrement tranquilles).

Samedi
Patrice nous réveille à 9h sur un “Levez-vous Morgane et Benoit, tout le monde est déjà debout et vous attend !”, alors qu’en réalité, il était presque le seul levé. On devrait le savoir maintenant, “faut pas l’écouter, faut pas l’écouter”, mais le matin, difficile d’avoir les yeux en face des trous. Quelques litres de café plus tard, les repères visuels seront de nouveau stabilisés, et nos esprits plus clairs. La prochaine fois, c’est sûr, on ne l’écoute pas. (C’est l’occasion tout de même de découvrir le piston de Philippe et Delphine, une façon de faire le café qui fait passer le Kopi Luwak pour ce qu’il est vraiment : des excréments d’oiseaux.)
Départ de Manu et Patrice dans la Manu-mobile : ils vont équiper la Moilda en avance, et de toute façon, ils ne comptent pas réellement nous attendre une fois dedans : Morgane et moi, encore débutants, sommes trop lents pour eux !
C’est l’occasion pour nous de visiter un peu plus ce fameux Innimond, joli petit village au final, ou maisons, fermes et chevaux sont mélangés en bonne intelligence. L’église, placée en haut d’une colline, cache un cimetière placé en face d’une magnifique vue sur les chaînes de montagne au loin. Il existe des lieux bien plus plus horribles pour passer son après vie. Les tombes sont divisées en tout au plus six familles, ce qui renforce l’impression d’un lieu un peu reculé et coupé du monde, une communauté dont les habitants sont tous plus ou moins reliés les uns aux autres par l’histoire et le sang.
Lorsque nous arrivons près de l’entrée de la Moilda, nulle trace de la Manu-mobile. Pourtant l’entrée du trou est équipée. Sans aucune nouvelle de nos deux pionniers, nous entamons donc la descente des 180 mètres de dénivelé de la Moilda, notre objectif du jour. En réalité, Patrice et Manu n’ont pas disparu, mais les chemins de terre et les cailloux ont eu raison de la voiture, en perçant une pièce quelconque, entraînant une fuite d’huile assez sévère. Bref, Manu est reparti, dans l’espoir de trouver un garagiste ouvert dans le coin. Il s’est finalement rabattu sur un échange standard avec la voiture de sa mère (“Salut maman, ça te dérange si je te laisse ma voiture qui ne marche pas, contre la tienne qui fonctionne ? Non ? Super, merci, bisous !”) pour nous rejoindre tout de même dans le trou plus tard. Et Patrice a équipé tout seul.
La Moilda, ce n’est pas spécialement joli, et c’est fatiguant physiquement. Le bilan de cette descente est le suivant :
• Pour Morgane, une lampe à acétylène, c’est surtout bien quand c’est éteint et rangé dans le gite, parce que sur la tête c’est pénible. Et puis on a inventé les LED, c’est pas pour rien.
• Être grand, ce n’est pas toujours un avantage quand il faut se plier en quatre dans des couloirs étroits.
• Un puits de 30 mètres, c’est plus fun à descendre qu’à monter.
• Les kits, même légers, c’est plus sympa quand c’est porté par les autres. (Je ne comprends pas cet amour de Patrice pour le port de 50 kits à la fois. Non, franchement, ça m’échappe)
• Patrice, sous terre, se prend en effet pour Gollum quand on le laisse dans le noir tout seul et trop longtemps, et se met à chanter dans des langues incohérentes (Un suivi psychologique est peut-être à envisager)
• Les pantins c’est la vie.

Le soir au gîte, c’est repas malgache, préparé par Manu (qui nous a finalement rejoint dans le trou, après ses problèmes de voiture). Pour du “roamazava”, il faut du boeuf, du riz, des épices, du gingembre, et une feuille bizarre qui anesthésie la bouche, ce qui semble être l’effet recherché par le plat.
Extinction des feux relativement tôt. Mais honnêtement, la Moilda, c’est épuisant.

Dimanche
Une journée bien moins fatigante aujourd’hui, car nous n’allons que dans le gouffre de la Morgne, une grotte recommandée par Manu avant qu’il ne reparte vers d’autres horizons, pour “travailler” à ce qu’il dit. (Je le soupçonne d’avoir voulu rentrer pour regarder Breaking Bad).
Elle est réputée très belle, comprend des os de chevaux (pour la petite histoire, les autrichiens qui occupaient la région y ont précipité leur montures en 1813, les pensant malades. Les chevaux, ça ne vole pas très bien, et la chute dans un puits ne leur a pas apporté beaucoup de bonheur), des griffures d’ours et des salamandres, qui squattent le trou sans rien faire du tout de leur journée, en bons amphibiens qu’elles sont. Mais elle est plus facile d’accès : moins de puits, pas d’étroitures. C’est le genre de grotte que je mettrais sur une brochure de publicité pour la spéléologie.
Nous ne sommes pas déçus du voyage : stalagmites, stalactites, et plein d’autres choses que je ne saurais décrire car je ne possède pas encore le vocabulaire nécessaire.
Les salamandres nous attendent comme prévu, trois spécimens en bas du premier puits.
Nous trouvons quelques mâchoires de chevaux, mais c’est tout. Le reste des ossements, pudiquement, s’est caché.
Nous ne trouvons pas de réelles traces d’ours, mais un certains nombre de fausses traces d’ours faites de main humaine : sans doute des spéléologues qui, tristes de n’avoir pu trouver de griffures, ont décidé d’éviter une telle frustration pour les futurs explorateurs.
Notre objectif est une salle de 20 mètres sur 30 environ, toute concrétionnée. Ne pas photographier les lieux est criminel, mais vu le volume, il faudrait vraisemblablement quelques tonnes de matériel pour avoir un rendu correct. Sans regret donc.
Un équipement permanent permet d’accéder à la galerie supérieure, et Patrice y part tout seul. Personnellement, ayant atteint l’objectif annoncé et ne m'étant pas encore remis de la journée de la veille, je n’ai aucune envie de poursuivre plus loin. Delphine et Philippe ne font pas mine de monter non plus, heureusement. Quant à Morgane, elle s’est arrêtée au puits précédent, trop de fatigue a eu raison d’elle.
Quand nous remontons, les salamandres n’ont pas bougé. “Bonjour, humains. Partez de chez nous maintenant s’il vous plaît”. J’aimerais pouvoir être aussi cool que ces bestiaux, vraiment.
Sortie du puits, retour au gîte, rangement, dernière bière. Avant de repartir, nous achetons un peu de pain dans la ferme du village, ce qui est une expérience en soi : Nous pénétrons dans une cuisine au sol en béton nu et sale, plongée dans le noir, où une fermière est en train de touiller sur une cuisinière au bois de grandes marmites remplies de pieds et têtes de porc, pour faire du pâté. Nous entamons une légère conversation en attendant que le mari aille nous chercher des oeufs, et la dame s’avère être très sympathique.
Retour sur Paris sans heurt, l’occasion de redécouvrir quelques groupes de musique. Merci à Delphine qui a assuré toute la conduite à l’aller et au retour !

Benoit

Participants

Emmanuel C. , Patrice H. , Philippe K. , Delphine M. , Morgane R. , Benoit V.

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