Pèlerinage cañon

Date
Du 27 avril 2014 au 02 mai 2014

Durée
7 jours

Type de sortie
Canyon - Classique
Département
Etranger (E)

Massif


Commune
Rodellar

Photos







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Descriptif / Compte-rendu
La Sierra de Guara passe pour être le berceau de l'activité canyon... et pour avoir ses canyons soit à sec, soit avec trop d'eau, rendant une expé un peu aléatoire quant aux canyons qui pourront être réalisés. Les périodes propices sont le printemps et l'automne si on veut avoir de l'eau dans les canyons réputés sec, mais à ce moment, les canyons réputés "humides" ont alors trop de débit !

Notre chance nous porte et nous tombons sur une semaine où le risque météo aura été nul (beau temps et soleil tout le temps) et où les canyons se seront trouvés entre deux eaux, si je puis me permettre, c'est à dire avec encore un peu d'eau qui coule dans les canyons secs, et plus trop d'eau qui coule dans les canyons humides. Voici un petit récap des canyons réalisés durant cette semaine de printemps.

J1
Pour une mise en jambe et avoir le temps de faire quelques courses ensuite, nous choisissons la Cueva de Cabrito. Le canyon est creusé dans le conglomérat, un assemblage de galets figés dans une matrice. Ce conglomérat est issu de l'érosion des Pyrénées lors de leurs genèse, ce qui rend quelque peu réel l'activité de l'érosion d'une montagne quand on voit les centaines de mètres de puissance qu'a cette couche de sédiment. Sans ça les Pyrénées seraient au moins aussi hauts que l'Himalaya et on aurait pas autant de kilomètres à faire pour jouer dans les sommets de plus de 8000 ;)
Bref, le canyon n'est pas loin de notre gîte, et la marche d'approche rapide, pas plus de 10 minutes avant d'être dans le canyon.

Il commence gentiment, tout en rondeurs et en minéralité : plus un seul brin d'herbe ne pousse sur ses abords. On s'équipe rapidement avant le premier ressaut avec l'option bas de combi uniquement car il n'y a qu'un filet d'eau au fond du canyon et on est en plein soleil dans la progression. Hélène en profite pour réviser ses techniques en vu de son stage initiateur sous la surveillance de Vincent. Je fait le public support qui se fait promener et profite pleinement de l'exercice.

C'est une succession de passage tantôt assez ouverts où l'on progresse au fond du canyon, de quelques petites verticales où la corde est nécessaire pour continuer et de passage méandriformes où on ne peut pas progresser avec le sac sur les épaules : c'est pas assez large pour ça. Une petite impression de méandre souterrain mais sous le soleil. Heureusement, le substratum conglomérique n'est pas trop agressif pour notre tenue manches courtes. La fin du canyon passe dans un oscuros du plus bel effet (et qui est à l'origine du nom du canyon, car ça ressemble à une petite grotte "Cueva" et il y a normalement des chèvres dans le coin, les "Cabrito" que nous ne verrons pas). Le retour est une belle marche en ligne de crête pour rejoindre la voiture.

J2
Quoi de plus logique comme enchaînement que de faire un canyon en gros débit après le petit canyon secouille de la veille. Et de coupler ça avec une grosse journée : 3h de marche d'approche, 7 à 8 h de canyon et 30 minutes de marche retour. Le tout sans utiliser la voiture car partant directement du gîte ! C'est donc ce que nous faisons en programmant le canyon de Gorgas Negras, un des must du coin

La marche d'approche est vraiment très belle, avec vue sur les Pyrénées encore enneigés, passage par un dolmen perdu au milieu du plateau, par un village abandonné, passage au milieu des gorges qui entourent le village de Rodellar... mais aussi passage au milieu de buissons agressifs pour nos mollets à découvert.

Le niveau d'eau peut être trompeur quand on arrive dans le canyon, car il n'y a pas encore tous les affluents de compris dedans. Nous faisons la pause repas et l’habillage juste avant que ça ne se resserre et constatons qu'il y a certes du débit, mais qu'il est maîtrisable. Le début du canyon est enchanteur, dans un beau calcaire blanc, au soleil et des vasques d'eau limpide à souhait. Ca se resserre encore et le débit devient sportif. La lecture des mouvements d'eau et la gestion des sacs deviennent importants et nous sommes très concentrés lors des passages, prenant un peu de retard sur l'horaire prévisionnel. Il faut dire que nous verrons tous les mouvements d'eau possibles d'un parcours en eau vive : contre, rappel, drossage, siphon... un véritable plaisir que de faire ce canyon avec ce niveau d'eau qui en change la configuration par rapport aux photos que l'on a pu voir. Il ne faudrait pas qu'il y ait beaucoup plus de débit car alors certains passages deviendraient quelque peu tendus. En temps normal, beaucoup d'endroits sautent, mais nous installons les cordes à chaque fois, ne pouvant lire les hauteurs d'eau et voulant éviter les mouvements d'eau piège.

La section "sportive" terminée, il faut encore trouver son passage dans un long chaos de blocs plus gigantesques les uns que les autres, nager dans des biefs splendides, crapahuter avant que la vallée ne s'ouvre complètement. C'est alors l'heure de décider de finir le canyon par sa partie appelée Barrasil qui dure entre 2 et 3h selon les topos guides ou de sortir et rejoindre le village par un col et presque 2h de marche. Nous nous décidons pour finir le canyon.

Le débit est sans commune mesure avec le débit d'entrée du canyon, il s'agit maintenant plus d'une rivière que d'un torrent. Mais il n'y a plus d'obstacles, Barrasil peut se "résumer" à un enchaînement de marche en rivière et de biefs, dont le plus long et le plus profond marque la fin du canyon. Une fois de retour au gîte, il ne reste plus qu'à manger et déterminer le canyon du lendemain. Tout le monde est d'accord pour en faire un de court et ... sans trop de marche...

J3
Les jambes ne sont finalement pas si lourdes que ça ce matin. On traîne un peu avant de décoller pour le canyon de Formiga. Bien nous en fait car nous arrivons alors que les canyoneurs "matinaux" en finissent avec ce petit canyon, nous l'auront donc pour nous tous seul une fois de plus. Nous mangeons sur le parking et attaquons la marche d'approche heureusement assez ombragée. Petite particularité de ce canyon, il faut tirer un rappel à la fin de la marche d'approche pour descendre dans le canyon.

La descente est très sympathique, assez étroite par endroit et avec un débit correct. Les obstacles s'enchaînent sans difficultés particulières jusqu'à un siphon post cascade que nous évitons via un rappel guidé. S'ensuit un bief que marquent à nouveau deux siphons. Le premier est une souche coincée qui s'escalade facilement, le deuxième un bloc coincé qui se passe soit par au dessus, soit par en dessous. Ce canyon rapide se termine sur une vasque propice aux sauts, chose dont nous profitons 2-3 fois avant de tomber les combinaisons néop.

J4
Nous avons été rejoints par une partie de l'équipe organisatrice du stage initiateur qui se déroulera la semaine suivante. Les cadres partant en reconnaissance pour la journée falaise et la journée techniques, j'en profite pour aller canyonner avec 2 des futurs stagiaires. Canyon court au programme, car demain sera une grosse journée, nous choisissons de descendre les Oscuros de Balces. Faisant fi de la description de la marche d'approche qui passe par un chemin décrit comme cabossé à réaliser en voiture alors que nous n'avons qu'une voiture plutôt basse, nous trouvons notre propre parcours à pied pour rejoindre le point de départ. C'est une belle ballade qui n'en finit pas de monter et donne un beau coup d'œil sur l'amont de la vallée, sur fond de Pyrénées. La descente dans le canyon via de nombreux pierriers est casse pattes, mais le soleil est là, ainsi que la bonne humeur.

Après avoir mangé, nous nous lançons dans ce court canyon : pas plus de 300 m linéaires. Les premiers obstacles arrivent rapidement : il faut chercher son chemin dans un gros chaos de blocs, trouver les points pour faire les rappels et éviter les siphons. C'est déjà très beau, ça le devient encore plus quand nous arrivons dans la partie qui donne son nom à ce canyon : les oscuros ! Un trait de scie découpe littéralement la roche sur plusieurs dizaines de mètres de hauteur, et parfois moins d'un mètre de largeur. Une ambiance magique, avec un débit d'eau agréable, qui nous pousse vers le bas sans nous entraîner de manière incontrôlable.

Malheureusement, cette partie est très (trop) courte et c'est déjà la fin du canyon et le retour à la lumière du jour. Quelques sauts dans des vasques limpides et c'est déjà la fin. Nous sommes "accueillis" par des nudistes qui bronzent tranquillement au bord du torrent, et qui nous ignoreront magistralement tandis que nous nous changeons pour la marche de retour...

J5
Jusqu'à aujourd'hui, nous avions toujours eu les canyons à nous tous seuls. Jusqu'à aujourd'hui seulement. Ce jour aura rattrapé tous les autres. Il faut dire que nous avons programmé le must du coin pour cette journée : le Mascun.

A nouveau, nous partons directement du gîte, sans utiliser la voiture. La marche d'approche est de nouveau splendide, avec vue depuis le haut sur les gorges du Mascun, de nouveaux villages abandonnés, et de nombreux canyonneurs, sac sur le dos et le pas gaillard histoire d'essayer d'arriver avant les autres. Pour ça, il aurait fallu se lever quelques heures plus tôt.... La queue est longue à l'entrée du canyon : plusieurs dizaines de personnes sont déjà là et attendent leur tour !!

Nous somme bon pour un bon 3/4h d'attente avant de nous lancer dans le canyon. Il commence par un beau saut de 8m qui précède un ressaut de 20m. C'est déjà beau ! S'ensuit un canyon assez ouvert, plein de soleil et d'une eau encore et toujours claire et limpide, le tout surmonté de tours de roche toutes plus hautes les unes que les autres. Puis le canyon se resserre pour passer dans une grotte. En effet, il y fait noir et on y voit que goutte. Le passage est court (une trentaine de mètres), mais impressionnant.

Jusque là, nous n'avions pas repris contact avec les canyonneurs qui nous précédaient... Nous les retrouvons "tous" dans l'oscuros qui suit, enchaînement de quelques cascades entrecoupé de biefs où les différentes équipes s'empilent en attendant que ceux de devant tirent leur rappel. L'attente est interminable, d'autant que certains d'entre nous se sont avancés dans l'oscuros pour voir où ça en était devant et se retrouvent bien au frais. Bien que le canyon soit de toute splendeur à cet endroit, c'est un peu gâché par le fait d'attendre à l'ombre, sous le vent d'une cascade, le tout dans une ambiance très fraîche...

Enfin, la situation finie par se débloquer et nous poursuivons ce beau canyon à nouveau sous le soleil. Une fois arrivés sous le village de Rodellar, l'appel de la douche chaude et de l'apéro séduit tout le monde, sauf deux qui continueront le canyon pour le faire dans son intégralité

J6
Toute petite journée aujourd'hui. Plusieurs facteurs à cela : je dois prendre l'avion dans l'après-midi pour rentrer à Paris, les stagiaires arrivent dans l'après-midi et il y a un peu de fatigue suite à la journée de la veille.

Direction le canyon de Palomeras de Fornocal. Canyon riquiqui mais très joli.

Et en effet, il est très court (100 m de développement) à nouveau dans du conglomérat. Nous nous attendons à la même morphologie que le premier canyon de la semaine, et nous nous trompons grandement. Si ce canyon a la même apparence vu du pont qui l'enjambe, ce n'est plus du tout le cas une fois dedans. Nous ne verrons plus le soleil jusqu'à sa fin. C'est un splendide oscuros, couplé à un estrechos dantesque qui s'offre à nous. Travail de l'oppo et du passage de presque étroitures au programme. Le tout avec une luminosité magistrale.

C'est la cerise sur le gâteau de cette semaine. Malheureusement, l'avion m'attend, sinon nous aurions pu refaire encore bien une ou deux fois ce court et très beau canyon.


Au final, quelques chiffres pour illustrer cette très belle semaine de canyon :
- 6 jours, 6 canyons tous plus beaux les uns que les autres, avec entre 1h et 7h par jour passées à "canyonner"
- 1000 m de dénivelé descendus en méthode canyon
- 40 km parcourus en marche d'approche et retour (tous les canyons ont été réalisés sans navette), avec pas loin de 3000 m de dénivelé positif cumulé

Les canyons de la Sierra de Guarra ne sont pas très techniques quant à la manipulation de corde (il y a peu de verticales), mais nécessitent de bien maîtriser les techniques d'oppo pour certains d'entre eux, et surtout de bien connaître ses bases de nage en eaux vives dans les canyons aquatiques. N'y allez pas pour le gaz, mais plutôt pour le ludique, le soleil et les beaux paysages.

Sylvain

Participants

Sylvain C. , Vincent K.

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