Descriptif / Compte-rendu
Participants : Arthur, Sylvain et Gwenaëlle (Abimes, 92), Manon (Sophitaupes)
Objectifs : Balade, repérage du réseau se rapprochant le plus du fond du Calernaüm
En théorie, le
Neva de Nrehlac devrait rejoindre le réseau de l'
Aven du Calernaüm, il suffit de lire le nom du gouffre à l'envers pour se rendre compte que la jonction se fait attendre depuis longtemps, c'est d'ailleurs dans l'espoir de réaliser cette jonction que
les explos ont repris sur ce réseau
Cette sortie n'avait pas donc pour but de rejoindre l'
Aven des Moustiques mais de trouver le
Puits des 20 % qui doit emmener dans une zone se situant à proximité du
CalernaĂĽm selon les reports topo.
«
Trouver le Puits des 20 % ? Vous n’y arriverez jamais… C’est paumatoire, la topo est trop petite pour comprendre, vous allez vous perdre et sortir à 1 h du matin... » s’exclama Lucas à Manon. Le défi était lancé et l'échec impossible : un resto est en jeu ! Manon fait donc un appel aux abimées pour l'aider dans sa quête. C'est ainsi qu'Arthur, en vacances dans le sud, accompagné de deux compères sudistes, Gwénaëlle et Sylvain C rassemblent leur matériel et se retrouve la veille de la sortie au sud du plateau de Calern dans les Alpes Maritimes. Tout de même assez bon joueur, Lucas avait dessiné à Manon des schémas complétés d’explications pour accompagner la joyeuse équipe sous terre lors de cette aventure. Nous avions donc des indications de la base des puits jusqu’à ce qui devait nous mener à peu près à la salle précédant la salle des
Dents de la Terre.
Manon s’affaire à dénicher des informations sur le
RĂ©seau Est des Moustiques, a.k.a. le
Réseau du Cacanaüm. Mais cela est compliqué, les livres dont elle dispose divulguent peu d’informations sur cette partie de la cavité. Néanmoins, vendredi soir, elle reçoit l’élément qu’il nous manquait pour pouvoir mener confortablement le projet. Blondinet, spéléo qui a fait beaucoup de première dans la région et, en particulier dans ce réseau, lui envoie la coupe du
RĂ©seau Est des Moustiques !
Le rendez-vous sur le plateau de Calern, au niveau du parking de l'observatoire est fixé à 9 h 30 avec Manon. Nous enkitons le matériel, nous préparons, bavardons avec un autre groupe qui part pour le
Calernaüm, marchons vers le gouffre. Nous croisons de jolis fossiles (ammonites principalement) dans la roche sur le plateau, des crottes de loups, remarquables par leurs poils (Merci au guide Sylvain pour les précisions !) et passons devant l'entrée de l'
Aven des Baoudillouns. Nous entrons sous terre vers 11 h avec un fort courant d’air aspirant. L'aven est tout équipé mais nous avons prévu de poser quelques cordes, notamment pour le puits de 61m et prévu du matériel pour un éventuel rééquipement si nécessaire. La descente des puits s’enchaîne bien, ils sont beaux, bien équipés et les passages confortables, merci au travail acharné de tou.tes celles et ceux qui ont rendu possible cette entrée au réseau ! Nous remarquons que certains maillons et plaquettes ont l’air neufs, il y a sûrement eu du rééquipement depuis l’an dernier. Arthur équipe le P61 en double pour s’entraîner.
Les puits sont larges et la roche est belle, sèche et propre. On y voit quelques chauves-souris, des fossiles de rostres de Bélemnites, quelques concrétions dont des drapées et des genres de colonnes. Il y a plusieurs déviations dans les puits mais l'ensemble est facile à descendre
Nous arrivons en bas des puits où nous découvrons un musée d'outils de désobstruction vers 14 h et mangeons, puis nous nous dirigeons vers l’Est. Lucas avait dit que nous devions trouver une corde descendante très rapidement. Nous la trouvons au bout de quelques dizaines de mètres. Nous parcourons gaiement des galeries aux larges proportions maculées de boue sèche très esthétiques, alternant chaos de gros blocs, soutirages, collines de boue, concrétions d’argile. Nous sommes régulièrement enthousiastes des petits détails rencontrés : un bloc aux jolies stries de calcite, des sapins d’argile, des roches rongées par l’eau. On glisse facilement et certains passages sont en hauteurs. Il faut rester concentré sur ses pas. Peut-être aurions-nous dû prendre un des outils du musée pour mieux creuser les marches que l'on devine. Parfois, nous utilisons un caillou pour les accentuer. Nous passons par une trémie et un peu plus loin nous traversons le pont de singe en câbles barrant un très grand puits au niveau de l’arrivée de l’
Aven des Moustiques. Nous arrivons ensuite à une galerie divisée en deux branches parallèles : la branche gauche qui surplombe la deuxième, à laquelle on accède par un toboggan boueux, et la branche droite, basse, qui démarre par un ressaut. Suite à la recommandation de Lucas, nous montons le toboggan et restons bien à gauche en suivant les traces de pas pour ne pas glisser vers le niveau inférieur. En avançant, nous sommes surpris par le détail au sol car les sapins et les roches un peu fragiles sont impeccables. Le doute s’immisce, il n'y a pas de traces de passage par ici et le cheminement devient compliqué... On a à peine eu le temps de se poser la question pour s'apercevoir que nous étions à peu près au-dessus du pont de singe, on a donc tourné en rond pendant 10 minutes... Mais le décor était particulièrement joli donc nous ne sommes pas déçus du détour !
À la réunification des deux branches de galeries, nous arrivons vers une nouvelle section avec un ressaut sur la gauche, où Lucas avait conseillé de bien regarder en contrebas pour ne pas rater une corde, unique passage pour accéder à la suite du réseau. Nous la repérons immédiatement. La nouvelle galerie change de décor, plus encaissée, elle est entrecoupée de petites vasques d’eau. Après un dernier petit ressaut à remonter à l’aide d’une corde en fixe, nous sommes désormais à la recherche d’une corde remontante. Nous trouvons la corde en question, mais Lucas nous avait conseillé de ne pas l’utiliser et de plutôt emprunter un passage montant entre blocs sur la gauche de cette corde. Le passage en question est assez exposé et une chute ferait très mal. Arthur grimpe en premier le passage, puis après hésitation, Manon se lance également, suivie par Sylvain. Gwénaëlle préfère rester en bas à faire de la poterie avec la boue et se préserver pour le retour car il est déjà 16h. Nous trouvons difficilement la corde d’arrivée dans la salle, qui nous semble en fait fiable et nous redescendrons par là .
Gwénaëlle, en maîtresse du temps indique qu'il ne faut pas tarder à faire demi-tour, mais l'équipe est si proche du but qu'il serait décevant d’abandonner à ce stade-là . Arthur et Manon partent seuls en quête du
Puits des 20 % en précisant qu'ils ne seront pas longs. Grâce à la coupe de Blondinet, ils savent à peu près vers où aller. Les deux éclaireurs avancent dans la plus grande section de la galerie, traversent un soutirage en recreusant des marches stables dans l'argile avec un caillou (on pourra d'ailleurs conseiller aux prochains visiteurs allant en direction du
Puits des 20 % de se munir de la binette se trouvant à la base des puits pour creuser correctement de nouvelles marches), puis un passage bas, puis une colline glissante équipée d’une corde en fixe à remonter puis à descendre, et les voici enfin aux
Dents de la Terre.
Rapidement, ils arrivent à la fin du réseau. Ils savent que le puits est à deux pas, caché quelque part... Arthur repère un passage étroit en hauteur, et d’après la topo ce passage mène à une salle supérieure. Juste sous leurs pieds, une pente semble dissimuler un départ. C'est certain, il s’agit du départ étroit conduisant au
Puits des 20 %. Manon descend et s’engage dans le conduit, et au bout de 2 m… Corde ! Elle constate que le conduit continue à descendre avec la corde. Arthur la rejoint et ils constatent tous deux que les amarrages de tête de puits sont vieux mais que ça passe. Manon installe son descendeur pour voir de plus près la suite.
Après un coude, fractio monopoint et changement de corde. Le maillon est en trop piteux état et les deux cordes ne sont pas reliées entre elles. Manon s'arrête donc avant mais elle voit que la galerie s’élargit et distingue au loin une tête de puits plein vide. C’est bien lui, le
Puits des 20 % a été trouvé ! But atteint !
Hélas par manque de temps, il n'a pas pu être descendu, il aurait fallu tout rééquiper, voire planter 1 ou 2 spits, mais la mission principale est accomplie. À noter l’absence de courant d’air à cet endroit-là . Les deux aventuriers font demi-tour, absolument ravis d’avoir atteint notre objectif. L'équipe à nouveau réunie prend le chemin inverse vers la sortie, qui comprends 195 mètres de cordes à remonter. Le retour se déroule assez rapidement et nous arrivons à la base des puits à 17h40 pour un petit goûter avant les remontées de puits qui s'enchainent de façon interminable. Gwénaëlle remonte la première, suivie par Sylvain, Arthur et Manon qui s’engageront à la remontée après un mini détour par la
Salle du Troisième type.
Nous sommes tous sortis à 20 h 30. Pas une seule étoile pour nous accueillir, ni un chat, ni un loup ! Nous sommes moins sales que ce que l'on pensait. Certes, c'est la sécheresse mais la boue n'est pas aussi compliquée que ce que l'on pourrait croire à entendre les surnoms type "
CacanaĂĽm" du gouffre voisin.
La marche retour jusqu'à la voiture nous fait faire un petit détour car nous préférons le feeling au GPS mais il n'est pas toujours fiable !
Conclusion : Manon a quand même parcouru la première longueur du
Puits des 20 %, alors Lucas lui doit-il un resto ou pas ? ;)
TPST : ~ 9 h 30
Gwénaëlle et Manon Perrot